Chapitre 1.

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Vendredi 7 juillet 2023.

C'est quoi cette maison de malade !?

« 19 rue des Champaignes, repas de famille, viens à 18h. Luke. »

Le premier et seul message que mon cher géniteur m'a envoyé en huit ans.

J'ai longuement hésité à me présenter à ce fameux repas "de famille" ou plutôt de ramener une fille random dans la rue pour voir s'il allait au moins remarquer que ce n'était pas sa fille. Mais la réponse était tellement évidente que s'en ai devenu moins amusant.

Alors à contrecœur, je me suis rendue à l'évidence que ma curiosité allait très vite prendre le dessus.

Oui, j'étais curieuse de savoir, savoir si ça valait le coup qu'il abandonne sa petite fille de dix ans, seule avec sa mère dans des conditions de vie précaires pour profiter de la richesse d'une autre femme.

Apparemment oui.

Assise dans la voiture aux côtés de ma mère, je reste subjugué par le château qui se dresse devant moi et qui fais office de maison a mon géniteur.

J'ai l'impression d'être dans un quartier d'américains pétés de thunes qui n'ont aucune idée de comment la vie peut être compliquée sans argent.

Nous sommes accueillis par une longue allée en dalle grise qui se finit à la grande porte d'entrée en bois ancien entourant une petite fontaine d'eau dont je soupçonne l'utilité. La façade beige remplie de larges fenêtre est assortie au toit pentu marron qui est, lui aussi, couverts de fenêtres.

Luke en avait apparemment assez de vivre dans un petit appartement en plein centre ville.

D'ailleurs, je ne sais absolument rien à propos de lui et de sa nouvelle famille, mais je suis persuadée que la beauté de cette maison et contraire à celle de son âme.

Il ne mérite rien de ce que je vois avec ses yeux qu'il a fait pleurer tant de fois. Non pas parce qu'il était violent ou même méchant, il était juste... absent.

En réalité je n'ai jamais eu de père, je ne l'ai jamais considéré comme tel.

Il est ma première raison de détester les hommes.

- Ça va ma fille chérie ?

Non, maman.

Mais aucun mots ne sort de ma bouche, je ne veux pas l'inquiéter plus qu'elle ne l'ai déjà et il m'est impossible de lui mentir. Je me contente simplement de garder le regard rivé sur ce château, l'esprit vide, songeant à quelle serait ma réaction lorsque je ferais sa rencontre.

Huit années sans le voir.

Vais-je pleurer ? M'énerver ? Crier ? M'enfuir ? Ou bien tout cela en même temps ?

Je n'en sais rien.

-J'ai peur maman. 

J'arrive enfin à aligner quelques mots.

-Il ne va rien t'arriver ma fille, je suis là.

Elle tend son bras pour finir par caresser ma joue et l'essuyer remplie de larmes dont je n'avais pas conscience de leur existence.

Putain je pleure déjà.

Je suis faible.

Je me réfugie dans les bras de la seule qui ne m'a jamais abandonnée.

On est pas tellement habituée à nous montrer notre amour de cette manière, on est plutôt du genre réservées lorsqu'il s'agit de montrer nos sentiments. Elle comme moi.

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