Mon Boss, sa famille et ma surprise pour Noël

Chapitre 3

Raven

— Je veux tout savoir, chaque détail, chaque minute, tout, tout, tout, absolument tout.

Il est presque dix-neuf heures lorsque je franchis enfin le seuil de ma maison. Avant même que j'aie eu le temps de poser mon sac, ma sœur, telle une tornade, me saute dessus avec une énergie débordante. Lynn et moi partageons une ressemblance frappante : nous sommes toutes deux pleines de vie, exubérantes et quelque peu délirantes. Cependant, nos chemins ont divergé pendant nos années universitaires. Tandis qu'elle passait ses journées à sortir, rencontrer de nouvelles personnes et faire la fête, moi j'étais absorbée par mes études, à l'écart des expériences de jeunesse que l'on considère comme essentielles.

J'ai décidé de me lâcher lors de cette ultime nuit universitaire, et la petite boule de nerfs qui se précipite sur moi en criant, les bras grands ouverts et les lèvres chargées de chocolat, est le résultat de cette décision.

— Maman, maman, alors il t'a donné le travail ?

Je prends ma petite tornade dans mes bras, l'embrassant tout en esquivant ses lèvres pleines de chocolat.

— Oui, mon chéri, maman commence son nouveau travail demain, dis-je avec fierté.

— Tata Lynn a dit que tu t'es occupée d'une petite fille aujourd'hui. Je pourrai aussi venir jouer avec toi, moi ?

Je lance un regard à ma sœur qui grimace et je me doute que ce qu'elle a raconté à Matty ne correspond pas exactement à la vérité. Malheureusement, ma réponse ne fera pas plaisir à mon bébé.

— Non mon cœur. Je pourrai peut-être t'emmener un jour si mon boss accepte (même pas en rêve), mais tu ne pourras pas venir jouer. La petite fille est la nièce de mon patron et sa venue était exceptionnelle.

— Ah ! D'accord, soupire-t-il, déçu.

— De toute façon, tu commences ta nouvelle école demain, n'est-ce pas ? Tu n'auras pas le temps de venir t'ennuyer avec moi au travail. Tu auras plein de copains avec qui jouer, et tata Lynn sera ravie de les inviter après l'école.

Je sens le regard perçant de ma sœur se poser sur moi, bien que je préfère ne pas la regarder. Je m'amuse intérieurement à imaginer la foule de gamins bruyants qui l'entoureront et lui crieront dans les oreilles.

— Va te débarbouiller Matty, il faut que je parle à ta maman.

Je repose mon fils sur le sol, qui, sans discuter, se précipite vers la salle de bain.

— Tu es une vraie sorcière, m'insulte ma chère sœur.

Je ris de bon cœur et la serre dans mes bras.

— Tu dois t'entraîner, un jour ce sera ton tour d'avoir des gosses. Tu devras supporter leurs cris stridents et les voir courir dans tous les sens.

— Je ne suis pas sûre d'avoir envie de vivre toutes ces horreurs. Je vais déjà commencer par me contenter des couches sales et des biberons à des heures impossibles. Keir ne m'a pas encore lancée sur le sujet « bébé » alors pour l'instant je profite.

— On n'est jamais trop préparé, rétorqué-je en posant mes affaires sur le guéridon de l'entrée. Le temps passe tellement vite. Ton mari craquera peut-être rapidement, la nargué-je en jouant des sourcils.

— N'essaie pas de l'influencer, sorcière !

Nous nous dirigeons vers le salon. Ma sœur prend deux verres et nous sert deux vins blancs bien mérités.

— Un petit verre nous fera un bien fou.

— Je suis tout à fait d'accord, soupiré-je en savourant une gorgée rafraîchissante.