✪1923-2023✪ Marvel

✪ Chapitre 18 ✪

Leanna Jones

Que le ciel s'écroule, ce n'est plus son problème désormais. Dieu seul sait, elle a tout essayé, elle ne peut pas réparer les costumes, ou reproduire les particules Pym, alors elle n'a qu'à laisser le temps passer, la crise de 29 la rattraper, la seconde guerre mondiale anéantir la planète. Elle a essayé de revenir en 2013 pendant 10 ans, elle n'a pas dormi pendant des mois pour aider sa sœur, elle a atteint sa limite, elle dépose les armes.

Elle ne sait pas si elle tremble de froid, de fatigue ou d'épuisement. A-t-elle surestimé ses capacités ? Que va-t-elle dire aux autres maintenant ? La gorge serrée, elle frotte son visage pour se donner du courage mais ses yeux enflés lui font mal et ses mains sont rouges. Elle ne sait pas à qui en vouloir, à elle-même, à Ilia, au sort de leur vie ? Ses larmes séchées sur ses joues, elle sent encore leur goût salé sur sa langue pour la première fois depuis des années. Le temps semble s'être arrêté pour laisser place aux larmes, aux remords, à la colère qui bouillonnait en elle depuis des années.

Pour la première de sa vie, si on ne compte pas les après-midis de quatrième détruits par Ilia, Leanna en veut vraiment à sa sœur. Pour avoir prononcé des mots profondément injustes, pour lui avoir reproché de ne pas en faire assez, Ilia ne voit pas donc pas qu'elle se tue à la tâche ? Démunie, elle n'a même plus envie de lui prouver le contraire, peut-être que sa soeur a raison et qu'elle ne travaillera jamais assez pour subvenir à ses besoins, mais peut-être qu'Ilia est inconsciente de tout ce que Leanna a sacrifié pour elle. Si c'est le cas, elle ne doit pas s'en rendre compte, Leanna se dit qu'elle n'a pas dû lui dire assez souvent lorsqu'elle était un bout du rouleau et maintenant qu'elle y pense, elle ne lui a jamais dit lorsqu'elle perdait pied. Alors la faute est probablement quelque part au milieu, entre manque de communication de Leanna et de la facile insouciance d'Ilia.

Si Steve demande souvent à Leanna comment elle va vraiment, c'est parce qu'il est trop perspicace, mais trop poli pour insister, si elle lit une pointe d'affection dans le regard de Barnes, c'est parce qu'il a sûrement dû vivre quelque chose de plus tragique encore, mais pauvre innocente Ilia en a été protégée toute sa vie, c'est bien pour cela que les trois autres se sont promis de tout faire pour qu'elle ne perde en rien son innocence. Par conséquent, cette promesse va être mise de côté le temps que Leanna explique à sa sœur qu'elle n'a pas le droit de prononcer de telles paroles lorsqu'elle ne sait pas les efforts que les autres font. L'innocence c'est bien jusqu'au moment où il faut grandir avec ce qui nous entoure et Leanna est convaincue que sa sœur le comprendra parfaitement.

Elle respire lentement, l'air froid de New York semble lui purifier l'esprit. Le soleil semble être en train de se coucher et ses pensées se calment un peu. Tout ira mieux avec le temps, personne n'est en danger de mort, et même si sa sœur a encore un bout de chemin à faire, elle ne l'abandonnera jamais. C'est avec le cœur lourd, qu'elle laisse le vent emporter ses responsabilités, plus légère, elle se relève du sol gelé du toit de l'immeuble qui l'a accueillie depuis quelques heures.

Voyant que la nuit était tombée, elle rentre à son appartement. Elle voit Barnes fixant la rue depuis la fenêtre du salon, il se retourne brusquement et laisse entrevoir sur son visage une mine fatiguée, mais surtout du soulagement. Leanna ne dit rien, elle se contente de lui sourire. Elle rejoint sa chambre dans le silence de la nuit qui lui indique que sa sœur et Steve doivent dormir, elle ouvre donc la porte délicatement. Ilia est endormie, appuyée sur un Steve tout aussi endormi, tous les deux assis le dos contre le cadre du lit, avec la grosse couverture par-dessus, ce qui fait sourire Leanna, ces deux étaient terriblement inconscients, cela en devenait drôle.

Elle voulait quitter la chambre pour les laisser tranquilles, et manger quelque chose dans la cuisine lorsqu'elle vit sur sa table de chevet une petite pile de journaux, ses vieux cahiers de procédures expérimentales. Sur le dessus, un petit mot de sa sœur l'attend.