Chapitre 2

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- Milord...

La pièce était petite et intime. Rien de la grande et imposante salle à manger à laquelle Jimin s'était attendu. Lord Hadleigh, assis près de la cheminée, se leva et reposa le livre qu'il tenait à la main.

-Bonsoir, monsieur Park.

Ce sourire, encore. Il semblait, décidément, qu'il souriait volontiers, et son ton enjoué détendait considérablement l'atmosphère. Jimin sentit que, dans d'autres circonstances, il eût volontiers flirté avec lui. Pourtant, malgré l'inconfort de sa situation, il ne se sentait pas du tout menacée par lui.

- J'espère que vous avez pu vous reposer un peu et que vous vous sentez mieux, lui dit-il en s'approchant de la table rectangulaire.

Nouvelle surprise, leurs deux couverts n'avaient pas été placés en vis-à-vis. Si le vicomte devait occuper, ce qui était probable, le fauteuil situé en bout de table, le second et unique autre couvert avait été disposé à sa droite. Il tira lui-même le fauteuil pour qu'il puisse s'asseoir.

Jimin avait été dorloté par une fort aimable gouvernante, qui lui avait fait retirer ses vêtements trempés, lui avait trouvé un très joli peignoir, et l'avait mis au lit avec une tasse de thé et une assiette remplie de délicieux biscuits.

Contre toute attente, le jeune homme s'était endormi d'un sommeil sans rêve, durant près de deux heures. Ni la gouvernante, ni la femme de chambre qui l'avait réveillé et aidé à s'habiller ne lui avaient posé la moindre question. Jimin restait abasourdi par tant de luxe, de confort et de discrétion. Ce dernier serait probablement vite mis à mal, mais Jimin avait l'impression de reprendre des forces, et il en avait bien besoin. Il lui faudrait tout autant combattre son propre sentiment de culpabilité qu'affronter la désapprobation des autres...

En se relevant de sa sieste réparatrice, il avait trouvé ce qu'il devait faire pour le bien de son enfant à naître. Jeongguk était mort, bien sûr, mais le plan qu'il avait conçu, lorsqu'il avait anticipé son refus presque certain de l'épouser, devait être tenté malgré tout. Il était honteux d'en être réduit à agir ainsi, mais parfaitement déterminé : il n'avait pas le choix. L'essentiel était de protéger son bébé, même aux dépens d'un homme qui n'était en rien responsable de la situation.

-Je me sens bien mieux, merci, milord.

La nuit tombait, après cette grise et humide journée de mai, son suborneur était mort, et il se retrouvait sans un centime au milieu d'étrangers. Jimin lutta une fois de plus contre la panique qui l'envahissait. Il ne pouvait parler en présence du valet, qui se tenait debout derrière sa chaise.

-Servez le potage, Choi, et laissez-nous. Je sonnerai, dit le vicomte.

Le riche fumet qui s'exhalait de la soupière manqua lui faire défaillir. Jimin dut lutter contre lui-même pour avaler son potage par petites cuillerées et ne pas montrer qu'il mourait de faim. Il y avait bien quarante-huit heures qu'il n'avait pas fait de repas décent, mais sa fierté exigeait de lui qu'il se conduise comme un bon oméga. C'était tout ce qui lui restait de sa dignité perdue.

-Puis-je vous demander quel est votre prénom, monsieur Park ?

-Jimin, milord.

-Et... pour quand attendez-vous votre bébé ?

-Début décembre.

C'était facile à calculer. Après tout, il n'avait fait l'amour qu'une seule fois dans son existence.

-Vous pensiez que mon frère vous épouserait ? Prenez un de ces petits pains, ils sont excellents...

-Je... Oui, il me l'avait promis. Doutez-vous de ma parole ?

CompromisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant