Hanté

À chaque amitiée ses débuts

Jim a 10 ans quand il rencontre Thomas.
Il comprend vite, malgré son jeune âge, qu'ils ne sont pas similaires. Le père de Jim est un modeste éleveur tandis que le père de Thomas, le Dr.Laurent, est un riche médecin. Néanmoins, cela n'empêche pas les deux préadolescents de se consacrer ensemble à leur passion commune, l'aviation. En effet les deux enfants ont tout le temps la tête dans les nuages à s'imaginer y être réellement, ce qui plaît à Mr.Gray, le père de Jim, mais pas du tout à Mr.Laurent. Pour le premier cette passion est l'occasion de sortir son fils de la réalité difficile dans laquelle il vit, pour le second, c'est un passe temps qui empêche son enfant de se consacrer aux études et d'en faire un grand docteur.

Mais malgré les efforts de l'intellectuel l'amitié entre les deux garçons ne se brise pas, jamais. Et c'est cette amitié qui sauve Jim du désespoir. En 1963, alors qu'il n'a que 16 ans, son père est retrouvé pendu dans un bois proche de sa ferme, avec une pancarte autour du cou où il est indiqué qu'il aurait du respecter ses maître. À 17 ans, sa mère ne fait que boire et sa sœur, âgée de 11 ans, tente de se suicider après qu'on ai essayé de l'agresser. Toute cette misère à cause d'un meurtre raciste. Mais Thomas veille.
Grâce à lui la vie continue. Du moins, avant qu'un certain président des États-Unis d'Amérique décide qu'un pays qu'aucun de ses concitoyens connaisse sera le meilleur endroit pour y faire un combat contre le communisme.

C'est comme ça que Jim et Thomas finissent, à leurs 18 ans, au Vietnam.

Jim regarde l'inscription sur l'arbre, puis il repense à cette nuit.

La pluie, encore, toujours la même qui gèle les os, s'accompagne d'un son et lumière hollywoodien au beau milieu de la jungle. Jim est dans son trou, à moitié innondé.

«- Eh, dis Thomas, si ça continue tu vas te noyer.
- Eh, lui répond Jim, si ça continues tu vas finir célibataire à 60 ans.
- Te mêle pas de ça.
- Elle me manque.
- Moi aussi.
- De quoi tu me parles, ricane Jim.
- Bah à ton avis, de ta sœur.
- Tu mérite une balle rien que pour ça.
- Un jour quelqu'un me la mettra là rien que pour toi, ajoute Thomas en pointant son front.
- C'est beau, on se croirait à la fête nationale.
- Oui, sauf que y a pas d'alcool, pas de musique et pas de Shérif Jackson pour nous dire de pas prendre le volant.
- À vrai dire... dis Jim avec une voix calme.
- Qu'est ce que tu vas me sortir imbécile.
- Je préfère avoir à discuter avec ce vieux raciste que d'être ici.
- Le Vietnam rend donc bien fou.
- Oui, sauf que tu ne t'en rends pas compte puisque tu l'es déjà depuis nos 10 ans.
- Tu te rappelle, crie Thomas, la fois où on a retapé un viel avion de la guerre pour tenter de fuir mon père ?!
- Oui, oui je m'en rappelle, conclu Jim avec un rire nostalgique. »

Et le Soleil commençait à remplacer la nuit noire petit à petit...