Rêve et Rencontre

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2 septembre 1891

Le lendemain, Judith se réveilla très tôt. Le soleil ne s'était pas encore levé. Aucun bruit ne filtrait par le bas de la porte.

Ne pouvant se préparer, au risque de déranger ses camarades de chambre qui dormaient, elle resta donc là, allongée, à contempler le plafond.

Judith pensa à Anne.

15 juillet 1889

C'était une belle et douce soirée d'été. La lune était pleine et éclairait les champs de blé, surlignant par la même occasion les sommets environnants. Tout semblait paisible. Les grillons chantaient, les chauves-souris virevoltaient et la légère brise faisait bruisser mélodieusement les herbes hautes et sèches.

Le village de Feldcroft dormait. Les lumières, les unes après les autres s'éteignaient, disparaissant des fenêtres. Seule la maison des Pallow restait encore éclairée.

Sébastian était dans sa chambre. Il lisait un livre de sortilèges et d'enchantements, allongé sur son lit.

Anne se trouvait dans le salon en compagnie de Judith, qui était venue passer quelques jours chez les jumeaux.

La sœur de Sébastian était accoudée à la fenêtre et contemplait les étoiles vacillantes et rayonnantes, attendant que la jeune Twiddle, avec laquelle elle faisait une partie d'échec version sorcier, ne joue.

Judith était assise à table, l'échiquier devant elle. Elle entortillait une mèche de ses cheveux autour de son index alors qu'elle réfléchissait au prochain coup qu'elle allait faire. La partie semblait mal engagée pour cette dernière. Elle avait perdu plus de la moitié de ses pièces.

Après de longues minutes de réflexion, Judith s'exclama : "Cavalier en B6 !" La pièce bougea de trois cases à la verticale puis de deux à l'horizontale et vint se positionner à l'emplacement annoncé. "A toi."

Judith n'avait pas remarqué que le fou de son adversaire, placé en diagonale, mettait en péril son cavalier. Cela n'échappa cependant pas à Anne qui, sans même regarder le jeu, visualisant simplement la partie dans sa tête, ordonna à sa pièce de prendre celle de Judith. Le fou se rapprocha et lança violemment l'une des quilles avec lesquelles il jonglait sur la tête sur cavalier qui explosa sous l'effet du choc.

"Je n'aime pas ce jeu."  Annonça Judith en regardant, dépitée, ce qu'il restait de son cavalier.

"C'est parce que tu perds. C'est à toi de jouer."

Judith soupira. Il ne lui restait plus que son roi, une tour et quatre misérables pions. Elle n'avait aucune chance de gagner, pas avec une stratégie comme la sienne. Elle pencha la tête en arrière, contre le dossier de la chaise, et ferma les yeux, songeant à sa prochaine action.

"Judith..." L'interpella Anne " Viens voir."

Judith se tourna vers son amie. La sœur de Sébastian avait les sourcils froncés et semblait fixer quelque chose au loin. Elle se leva et vint se placer aux côtés d'Anne, à la fenêtre.

"Sur la colline." Anne tapa contre la vitre avant de lui demander: "Tu vois cette lumière orange ?"

Judith plissa les yeux : "Oui mais ...on dirait qu'il y a un feu !"

Elles se regardèrent inquiètent.

"Il faut faire quelque chose."  Déclara Anne. Elle courut vers la porte d'entrée.

Black ButterflyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant