L'orage éclate à quelques kilomètres de là, la foudre frappe violemment un arbre sur la colline ; le tonnerre ne me parvient que quelques secondes plus tard. Il pleut à grosses gouttes, les gouttes d'eau ruissellent sur mon front, elles perlent sur mes tempes et viennent s'écraser quelques centimètres plus bas sur mes épaules. Au loin, sur le chemin qui mène à la ville, les camions, marchands intrépides, s'éloignent ; ils rejoignent Panto, la ville côtière la plus proche, celle où je suis sensé être dans moins de trois heures pour mon entretien avec le Roi. Je rassemble en moi le meilleur et le pire que l'on pourrait attendre d'un humain, je suis méthodique, protocolaire mais je déroge à tout les règles sauf les miennes. Je suis gentille et droite mais maladroite et dénuée de retenue. Je suis une humaine. Je n'ai pas peur de la mort, ma plus fidèle conseillère. Je suis celle qu'il faut au roi, c'est moi qu'il a demandé. Pourquoi ? Je ne sais guère mais finirais bien par le savoir. Il n'est roi que pour la forme, le monde entier sait qu'il ne gouverne rien à part le cœur de ceux qui ne savent pas. Les autres sont surnommés les affranchis et exilés loin. Je suis la première affranchie à revenir, qui plus est sur demande du roi. Dans la lettre qu'il m'était adressée, le Roi précisait bien que je serais accueillie au palais comme les personnes de la Cour sont accueillies. J'ai beau penser que ce roi n'a rien d'une menace, je serais bien naïve de me présenter au palais non-armée. A ma hanche pend une épée, forgée par mes soins, dissimulée sous la robe affreusement encombrante que je porte. Voila déjà quelque chose qui m'embête : les robes de la Cour. Pour voir le roi, pas le choix je dois en porter une. Et comme aucun sac n'est assez grand pour la transporter, je suis obligée de faire le trajet avec. Imaginez la scène.. Moi, Axia, cavalière sur un cheval que seul la renommée précède. Connu pour être le plus noir, nous nous fondons dans la nuit. Connu pour être le plus rapide, personne ne peut nous rattraper. Je n'aime pas l'idée de l'amener au château mais l'idée de devoir m'enfuir sur un poney me plaît encore moins. Enfin, moi et mon destrier arrivons devant la porte du château. Comme prévu, le roi attends 43 minutes pour ouvrir son pont levis, il dit que c'est pour installer son autorité. Donc pour installer la mienne, il ouvre sur moi assises en tailleur au sommet du garrot de mon cheval en pleine dégustation de mes ongles. Après un rictus de dégoût il m'invite à entrer. Décidant avec insolence de rester sur le dos de mon cheval, il se retrouve précédé par mon cheval et moi rentrant dans son château, chose qu'il ne manqua pas de faire remarquer ma présence. Autour de moi, quelques domestiques trainent dans la cour du château, me lançant des regards en biais. Des gardes postés à chaque porte me fixent, la main fermement serrée sur leur lance. Je vois dans leurs yeux qu'ils n'attendent que l'ordre du roi pour me sauter dessus. Apres tout, moi, exilée ose manquer de respect au Roi. Je suppose aussi que mes cheveux très vaguement coiffés, mes chaussures crasseuses et ma manière de monter à califourchon sur mon cheval chiffone la bienséance des personnes de la Cour. Mais comme ils me l'avaient dit juste avant mon exil : "Tu n'as pas ta place dans ce royaume, encore moins auprès de la Cour. Tu es sale, insolente, et mal élevée. Ce royaume n'est plus le tiens." Ce royaume n'est plus le mien ? D'accord, alors ses règles ne s'appliquent plus à moi. Le roi m'invite à entrer dans la grande pièce remplie de tapisseries, la majorité d'entre elles furent pillées par ses vysires, dont je fus parti, et qui menèrent des campagnes d'extermination de masses dans le but d'enrichir un royaume naissant. Là est la réussite d'un royaume né d'un suzerain faible et incapable mais personne ne doit le savoir, c'est pourquoi au couronnement de ce roi, nous fument exilés. Hélas, personne dans le royaume n'est prêt au retour des meilleurs, bon dans tout les domaines mais excellents dans l'art de tuer. Nous sommes 17, pour en citer quelques uns, apri manie l'arc et tout les projectiles avec plus d'adresse que n'importe quel humain, byor possède des capacités de démolition sans pareille offerte par ses deux mètres dix huit et moi même, meilleure cavalière des royaumes combattants. A 17 nous firent tomber des armées entières, impossible sans compter sur notre très cher klyr, stratège de génie, mort en héros inconnu. Tout ces noms sont célèbres par ici, surtout le mien, surtout dans ce château. Evidemment, le Roi était parfaitement au courant de nos agissements, il devait penser que tout irait bien, puisque nous étions soumis à son contrôle. Mais quelle erreur il a fait. Jamais nous ne nous sommes réellement rangés de son côté. Il nous offrait un vie comfortable, sous les radars, il nous suffisait de piller et tuer : parfait. Nous agissions par pur intérêt envers ce souverain qui ne fût jamais le nôtre.
"Notre" roi, dépourvu de valeurs, révéla le jour de notre exil nos noms et les crimes que nous avions commis. Il omis évidemment la partie où il était complice de tout nos crimes les plus affreux. Peut être pensait qu'en envoyant chacun dans une prison différente nous ne finirions jamais par nous retrouver mais ce qu'il ne sait pas c'est que pendant qu'il déblatère à table en se goinfrant devant moi, apri se place, avec le soleil couchant dans le dos pour ne pas être vue, à sa distance préférée : 350 mètres. Dans le but de décocher une flèche avec son arc personnel, don de son père, armurier du roi et créateur des arcs les plus puissants du royaume. Le serveur, qui n'est autre qu'un des 17 me donne le signal et pendant que je me lève et que les gardes sortent leurs lames de leur fourreau, le roi se fait évacuer. J'ai à peine le temps de prendre le couteau devant moi que 7 flèches viennent perforer les gardes à l'œil gauche, signe universel de traîtrise. Me voilà sidérée, apri n'a donc rien perdu de sa renommée. Avant de mettre en œuvre la suite de notre plan, je dégaine ma chère épée qui attendait dans son fourreau et fait de mon affreuse longue robe une jupe, bien plus pratique pour combattre.
Je connais ce château comme ma poche, j'ai moi-même conçu les passages secrets et je suis presque sûre que ce fainéant de roi ne les a pas fait reboucher. Dans le coins de la pièce, sous une tapisserie se cache une porte d'1m20 de hauteur. Je dois me pencher pour emprunter le passe qui la relie jusqu'à la salle des armes. Cette sorte d'amurerie était jadis notre quartier général. Lorsque je pénètre dans la pièce, Apri est affalé sur une chaise, elle est déjà descendue de son perchoir attendant sa prochaine intervention dans notre plan.
-Toi et ton éternelle épée crasseuse ! Elle rigole lorsqu'elle m'aperçoit.
-Aussi crasseuse que ton arc Apri. Je lui répond en ajoutant un clin d'oeil.
Un rictus se forme sur sa bouche alors qu'elle se redresse et me demande bien plus sérieusement.
-Byor n'a pas voulu me dévoiler le plan en entier. Alors c'est quoi la suite ?
-Tu verras, c'est maintenant.
Au même moment une premier secousse se fit sentir, une deuxième puis vint la troisième. On entend depuis notre pièce cachée dans les murs, les pas précipités des gardes qui, pendant qu'une armée attaquait le château accouraient vers les remparts alors que c'est simplement byor qui jouait avec un tronc d'arbre contre le pont levis du château. Pendant ce temps, les jumeaux rentre par un autre passage secret et tandis que tout les membres se retrouvent au fur et à mesure dans l'antichambre, la pièce retrouve son allure de quartier général, on appris que byor venait d'être attrapé et tué d'un coup de couteau en traitre d'un manant, la rage fesant perdre pied au deux jumeaux : « je te l'avais dit Axia si l'on avait massacré tout les habitants de cette foutue ville, le roi aurait bien pu rester dans son château il serait mort de faim. » et c'est à cet instant que je me décide donc à expliquer mon plan. Les jumeaux par ci, Apri par la et les autres çà et là, tous possèdent leurs tôles sauf byor. « Tu avais prévu ça ? » me dit Apri. « Oui et il savait qu'il devrait faire diversion jusqu'à sa mort » lui réponds-je. Elle se pince les lèvres, je peux sentir une pointe de deception dans son regard. J'attrape habilement mon épée.
_Il reste deux bombes qui n'ont pas explosées, attendez qu'elles explosent pour sortir.
Sur ces mots, je tourne le dos à mes coéquipiers et m'enfonce à nouveau dans le passage secret. Une voix résonne.
_Et tu vas où toi ?
_M'occuper personnellement du Roi. Je répond en haussant légèrement le ton pour qu'on m'entende.
_Casse pas ton épée crasseuse pour lui, il vaut pas le coup. Me lance Apri juste avant que je ne m'enfonce dans les dédales du château.
Au lieu d'arriver de nouveau dans la salle du banquet, je bifurque pour emprunter un passage qui mène directement au couloir des appartements du roi. C'est le passage le plus proche de la chambre du roi que nous ayons pu creuser, question de sécurité selon lui. Je pense surtout que je n'ai mis que quelques fois les pieds dans cette pièce et que le Roi doit sûrement cacher quelque chose. Apres tout il cachait déjà une bande d'assassins sanguinaires, pourquoi pas cacher quelque chose d'encore plus gros maintenant ? A part sa mère le cachalot, je ne vois pas trop ce qu'il pourrait cacher de plus gros mais qui sait ce dont il est capable ou devrais-je dire, ce dont son conseiller, Nasco : le vrai roi de ce royaume, est capable.. c'est lui que je cais chercher dans les appartements royaux, lui qui n'est jamais très loin de son petit naïf préféré. Nasco cours d'un bout à l'autre de la coursive et des pas sont irréguliers, comme apeurés ou bien craintif. Le bois de hêtre craque sous chacun de ses pieds, il n'est pas discret. « Au prochain passage je sors ma lame et je l'egorge » et tandis que je m'apprête à lancer mon bras. J'entends une voix bien trop familière résonner de l'autre côté du mur. Une voix faiblarde, cette personne s'égosille à être entendue mais rien n'y fait. Malgré mes doutes je ne bouge pas et réfléchis à qui peut appartenir cette voix si commune mais que mon cœur reconnaîtrait entre toutes et tandis que j'entrouvre la porte du passage secret du mur, un craquement se fait entendre. « Merde, Nasco l'a probablement entendu » baisse toi me crie quelqu'un derrière moi. A peine ai-je le temps de baisser la tête qu'une flèche siffle au dessus de ma tête. Je sens des éclaboussures dans mon dos, me retourne et vois Apri le ventre transpercé d'une lame et le garde à un mètre et demi de moi, poignard en main. « Ils savaient » souffle Apri dans un dernier soupir. C'est alors qu'une pensée envahie mon esprit et me terrifie. La personne qui parlait tout à l'heure n'est autre que klyr...