Fairytales

Cinderella : Meeting

Fairytales – Cinderella – Bonus 8 : Meeting

- Arrête de chialer !

- Arrête de m'engueuler, je suis triste.

- Tu t'es mis dans cette situation tout seul, viens pas te plaindre.

- C'est pas toi que je suis venu voir, c'est Félix, lui au moins il me comprend.

Félix pouffe doucement devant la moue boudeuse du grand brun qui se chamaille avec Chang Bin. Cela fait deux jours que Hyun Jin est venu se réfugier chez son meilleur ami et depuis, il broie du noir sur le canapé du salon, au grand désespoir du rappeur qui cache son sentiment d'impuissance derrière son air grognon. En réalité, Chang Bin n'est pas insensible au chagrin du danseur, mais c'est sa façon de le soutenir, en le secouant un peu.

- Commence par répondre à ses messages au lieu de l'ignorer comme un gosse, soupire le plus petit en posant une tasse de café fumante devant lui.

- Je peux pas, je suis trop en colère.

- Tu es surtout vexé et ça se comprend mais il faut aussi que tu te mettes à sa place.

- Je fais que ça ! ça va faire six mois qu'on est ensemble, je lui ai laissé du temps mais il n'arrive toujours pas à gérer le fait d'être avec un homme. Je comprends que ça puisse être difficile, on est tous passés par là, mais moi aussi j'ai besoin d'être rassuré. Hors de question que je passe ma vie à être présenté comme un simple colocataire.

- Les parents de Chan sont des gens foncièrement gentils, intervient Félix en caressant le poil soyeux de Kkami, allongé sur ses genoux, mais ils sont très croyants et surtout très protecteurs. Ils ont eu énormément de mal à avoir Chan, sa mère enchaînait les fausses couches, et ils ont beaucoup prié pour que la grossesse se passe bien. C'est leur unique fils, ils donneraient tout pour être sûrs de son bonheur.

- Parce que tu crois qu'une fille qu'il ne connaît même pas le rendrait plus heureux que moi ?

- Bien sûr que non. Ce que je veux dire c'est qu'ils ne pensent pas à mal en faisant ça, ils ont simplement peur que Chan finisse ses jours tout seul.

- C'est bien pour ça que ça irait plus vite s'il leur avouait qu'il était en couple.

- Tu as raison, mais même moi je suis conscient qu'ils vont beaucoup en souffrir. Ils ne sont pas homophobes mais ce n'est pas dans leurs croyances d'aimer quelqu'un du même sexe alors apprendre que leur fils est devenu homosexuel, ça va vraiment leur faire un choc. C'est certainement pour ça que Chan n'arrive pas à leur parler.

- D'accord, pour ses parents, je peux comprendre, mais le reste ? Même quand on va au resto, il se la joue discret parce qu'il a peur de croiser ses élèves ou ses collègues.

- Tu sais, nous aussi avec Binnie on évite les effusions en public...

- Y'a éviter les effusions et se cacher.

- L'enjeu est pas le même, rappelle Chang Bin, c'est clair que dans la société dans laquelle on vit, ça peut lui porter préjudice. Il bosse avec des adolescents. Déjà que ça doit pas être facile tous les jours parce qu'il est jeune et assez attirant pour émoustiller les lycéennes, il doit faire attention à ce qu'il dit et ce qu'il fait pour éviter que ça soit mal interprété et qu'on lui colle une plainte pour harcèlement sexuel ou détournement de mineur. Ça doit beaucoup l'angoisser de se dire que s'il est vu avec un autre homme, des parents homophobes peuvent s'en prendre à sa carrière.

Hyun Jin pousse un soupir tremblant en laissant sa tête reposer sur le dossier du canapé et une nouvelle larme glisse le long de sa joue.

- Je m'en veux, souffle-t-il en amenant son bras contre son visage, je veux pas que notre couple lui pourrisse la vie, mais c'est tellement frustrant. J'ai l'impression de pas faire totalement partie de sa vie...