Gemstone : Prémices

Vingt-trois

⬆️Liza⬆️

On tambourine violemment à ma porte, ce qui fait presque vibrer la pièce tout entière.

— Kira, m'appelle une voix féminine. Ouvre s'il te plaît.

Je m'empresse de sortir de mon lit avant de courir vers l'entrée. Il n'est que huit heures du matin, et cette urgence de la voix de la personne qui m'a appelée m'effraie réellement. Je tourne la clé dans la serrure, ouvre la porte et me pétrifie sur place en voyant la gravité sur le visage de Liza Klona, le Lapis-lazuli et Loren Analia, la sœur de Victoire. Leurs expressions sont vides, mais leurs yeux, eux, témoignent d'une profonde angoisse.

— Que se passe-t-il ? murmuré-je, stupéfaite.

— Votre majesté, me salue Liza. Nous avons un gros problème. Et nous avons besoin de vos ordres.

Inquiète, je sens les battements de mon cœur s'accélérer.

— Un problème ? Quel genre de problème ?

— On ne peut rien te dire ici, dit Loren. Il faut que tu nous suives.

Effrayée, je hoche la tête et les observe. C'est la première fois qu'elles viennent me voir pour me demander de l'aide. Ce que je ne comprends pas, c'est que, depuis la mort de Keira Falgarin, ce sont les Gardiens qui s'occupent et résolvent les affaires des Ombres de la Nuit. Je ne suis pas encore reine, alors pourquoi me demander de donner des ordres ?

Sans prévenir, Liza nous touche le front à Loren et moi. Lorsque je l'entends prononcer son étrange incantation, je prends immédiatement une grande inspiration et ferme les yeux avant que mon esprit soit broyé dans les couloirs de la téléportation.

Quelques secondes plus tard, je rouvre les yeux. Choquée, je constate que je suis débout. C'est la première fois, lors d'une téléportation du Lapis-lazuli, que j'arrive à destination sans m'effondrer sur le sol. Un sourire instinctif s'affiche sur mon visage. Loren me sourit en retour avec gentillesse, mais je perçois dans son regard une certaine anxiété, ce qui ne me rassure guère. Liza, quant à  elle, a une attitude solennelle, comme si elle se trouvait à un enterrement ou faisait face à un évènement d'une extrême gravité. Un frisson me parcourt le corps en imaginant qu'effectivement, quelqu'un est mort.

— Suivez-moi, nous stipule Liza.

Sans poser de question, je décide de lui obéir. Cherchant à comprendre où je suis, je regarde tout ce qu'il y a autour de moi. Tout est très grand : le mobilier, les murs, le plafond. Les meubles, ainsi que tout ce qui constitue cet endroit, est somptueux et luxueux. Il y a des chandeliers en or, des lustres en argent, des tapisseries dorées. Si je me fie à mon instinct, je dirais que je me trouve dans un château.

Liza nous conduit dans une pièce où trois personnes sont présentes dont Maître Sardaran et Clodius Agapè, le père d'Angela. Avec eux, il y a également une jeune fille brune aux yeux bleus que je n'ai jamais vue. Lorsque nous entrons dans la pièce, ils se retournent vers nous et m'observent avec un regard embarrassé, comme si me révéler ce qu'ils savent les coûtaient.

— Je peux savoir où nous sommes ?

— Tu es en Angleterre, me répond Clodius. Dans le château d'Alnwick, la station Oméga dont je suis le Gardien.

Un rire s'échappe de ma gorge. Un château. En Angleterre. Décidément, les Ombres de la Nuit ne cesseront jamais de me surprendre.

— C'est une sorte d'école où les jeunes novices apprennent à maîtriser leur facultés, continue Maître Sardaran. Mais les Chasseurs de Sibyllines diplômés continuent leur formation et leurs entraînements dans ma station, Notre-Dame.