Je nage dans du sang pour évacuer le fleuve de mes peines. Mes jambes sont lourdes, la nuit résonne dans ma tête et je tombe en arrière en espérant me réveiller d'un mauvais rêve. Mais ne disons pas qu'espérer n'est que prolonger la souffrance ? Parce qu'en retombant en arrière je n'ai aperçu qu'un plafond blanc, une candeur grotesque...une naïveté à écœurer les hommes. Tout ce qui bâtit mon existence n'est qu'un tour de manège tombant en panne. À peine un pied posé de l'autre côté du rivage et le bateau se noie. Je suis condamnée à rester enfermé avec les catins de ma déchéance. Pourquoi est-ce si dur de sortir d'une chambre ? De parler à un pantin de rue ? Pourquoi le monde s'affaisse sur mes épaules et m'oblige à mourir de l'intérieur ? Chaque fois que j'ouvre la bouche pour m'alléger, les autres m'enfonce, m'égorge. Mon cœur n'a pas le temps d'écrire ce qu'il a à confesser et je le sens piétiné par l'incompréhension. J'ai un ouragan coincé dans la porcelaine, une tempête de mots qui jaillit sans remords. Les méandres de la pensée cousent des serpents et ils rongent l'organe qui me sert de raison. Je ne vois plus. Le flou me ravage, des vagues, un tourbillon d'encre noire. J'ai des lames plantées dans le dos, des couteaux posés à mes pieds et des aiguilles évanouies dans les veines. Je suis perforé comme une poupée de chiffon. On m'arrache, me tenaille la chair à coup de cisaille et ça fait mal. Pardonnez moi si je ne sais pas valser la vie avec vos ambitions et vos désirs. Si je ne correspond pas à vos attentes et oses vous faire du tord. Pardonnez mon arrogance, mon outrance et mes histoires à dormir debout. L'horloge tourne. Tic Tac. Tic Tac. Peut-être devrais-je m'ôter la vie ? Éteindre la lumière et m'épanouir dans un sommeil éternel ?
À une brisure de verre...