« -Toc toc !
-Qui est là ?
-C'est moi, tu ne me reconnais pas ? »
A sa voix elle sut. Il allait franchir la porte noire et imposante sans peine.
Sans protection, elle sut qu'il pénétrerait son espace sacré. Elle ne pouvait lui résister. Il entra le sourire au coin. Lui arracha la culotte rose en coton frémissant sous sa jupe grise plissée de honte. La pénétra avec amour. Ce geste interdit lui faisait mal. Son énorme sexe noir se tordait en elle comme pour posséder chaque recoin de son intériorité. Elle disparut ce jour-là.
Elle apercevait son visage familier qui se tordait d'un rictus de plaisir défendu. Il la désirait comme une femme. La douleur se fit sourde puis le pire arriva. Le plaisir impossible lui parcouru le sexe encore imberbe, les cuisses frêles et remontant comme une caresse invisible le long de son corps d'adolescente comme une sève puissante et destructrice.
Son créateur venait de lui violer son innocence, ses désirs, sa force de vie.
Impuissante, elle se laissait faire volontairement. Puis elle se réveilla.
Annabelle Maleville allait célébrer ses 42 ans.
Ce cauchemar la réveillait de temps en temps. Comme sorti d'un film d'horreur que la morale condamnait. Elle en avait parlé avec un psy un jour. Il lui avait tenté de sonder son inconscient sans succès.
Elle voulait comprendre le sens de ce rêve qui la hantait depuis l'âge de 28 ans. Elle venait tout juste de rompre avec son premier amour. L'évènement déclencheur.
Annabelle n'avait jamais vécu de viol et sa relation avec les hommes était tout ce qu'il y a de normal. Comme beaucoup de jeune femme de sa génération elle n'était pas mariée et sautait de relation en relation à la recherche de l'idéal. Rien d'anormal en 2023. On ne se marie plus par peur de divorcer. Le célibat actif est devenu aussi banal que le mariage l'avait été fut un temps.
Une jeune femme bien dans son temps.
Alors pourquoi ce cauchemar la poursuivait avec insistance ?
Une voyante énergéticienne lui avait demandé un jour si elle avait été violée, car elle ressentait l'énergie des femmes qui l'ont été. Elle quitta la consultation avec une colère au ventre. Un charlatan de plus !
Mais qu'est-ce que tout cela veut dire ? Elle était prête à admettre l'inadmissible, si seulement elle pouvait se souvenir de quoi que ce soit. Une enfance heureuse et paisible. Annabelle était née à la saison de la renaissance, le printemps. Le jour-là les hirondelles orchestrait un ballet magique en plein ciel bleu azur. La méditerranée était aussi calme qu'un lac docile et bienveillant. Aucun danger ne pouvait perturber les premiers cris de ce bébé aux joues roses et joufflues. Armelle sa maman était aux anges. Son troisième enfant lui faisait le cadeau de la vie. Et Thomas son papa était tombé en amour pour cette fleur aussi belle que rayonnante.
Une famille heureuse et sans soucis.
Annabelle avait grandi trop vite pour une petite dernière choyée et adorée.
Un jour son papa quitta le nid familial pour ne plus revenir. Il venait de la quitter, elle, Annabelle, créant un gouffre en mal d'amour que rien ni personne ne pourra jamais remplacer. Elle avait 5 ans.
Armelle, sa maman était bien trop préoccupée par son propre deuil pour voir le voile noir qui entourait sa fille. Elle venait de perdre son amour. Thomas était tombé amoureux d'une autre.
Une histoire d'une banalité sans nom. Un couple trop occupé par leur vie de parents qu'ils ont oublié de s'aimer. Une maman parfaite, un peu trop. Trop bonne cuisinière, trop organisée, trop dédiée à sa famille, tellement qu'elle avait oublié de porter des talons aiguilles après ses longues journées qui frisait le burnout. Une mère qui s'attachait les cheveux par manque de temps chez le coiffeur. Qui se coupait les ongles courts ne laissant pas la place au rouge désir qui aurait pu attirer l'attention d'un Thomas déjà loin.
VOUS LISEZ
Sans les mains
General FictionCe roman est l'histoire d'une relation père-fille ambigüe. Où les limites sont difficiles à évaluer. Entre comportement jugés trop proche ou relation fusionnelle. Les personnages vivent une vie tout ce qu'il y a de plus normal. L'amitié de Léa, so...