Chapitre 8

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Hi! J'espère que vous allez bien?
Merci du fond du coeur pour vos nombreux commentaires sur le précédent chapitre. Ça me touche plus que tout. J'espère que le long chapitre d'aujourd'hui vous plaira !❤️

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CHAPITRE 8

(Love And War_Fleurie)

Harry.

Je me suis toujours demandé comment l'être humain avait-il pu s'habituer à autant de situations différentes. Lorsque Esha nous parlait d'histoire, à l'orphelinat, elle nous parlait de guerres, de crises, de pandémies, de génocides, et je lui posais toujours la même question en retour. Comment l'être humain a t-il pu accepter certaines situations et s'habituer à celles qu'il n'avait jamais demandé? Surtout lorsqu'ils savaient ce qu'était la liberté et qu'on leur retirait subitement? Comment s'y habituer? Je ne pensais pas un jour trouver la réponse dans mon quotidien. Parce que je suis né dans un monde détruit et dans un système de base qui ne cache rien d'autre qu'une dictature que certains voient et d'autres non. Ou que tout le monde a vu depuis le début mais à laquelle on s'est... habitué.

Je ne pensais pas devoir un jour m'habituer à un autre quotidien que celui que j'avais depuis ma naissance. C'est à dire se lever avec le ventre vide et les lèvres sèches après une nuit à avoir été réconforté par les plus grands avant de grandir et de me retrouver à être celui qui doit réconforter les plus petits. Puis tenter de trouver à manger en se préparant déjà à gérer la crise des gardiennes et des enfants affamés en rentrant les mains vides. Me préparer à me battre pour un fruit pourri parce que mon estomac en vient à me faire oublier toute empathie et politesse. Creuser des trous parce que les malades se multiplient et que des plaies s'infectent trop rapidement. Recevoir des coups d'une gardienne estimant que je ne creuse pas assez vite et que l'odeur des cadavres devient insupportable. Comme si elle pouvait être supportable une seule seconde.

Ouais, je m'étais habitué à tout ça. Parce que je n'avais jamais eu le choix. Et je n'estime toujours pas avoir ce choix, même si mon quotidien a changé radicalement. A changé beaucoup trop rapidement et violemment même si les gens d'ici n'emploieraient pas le mot violent. Pourtant c'est celui qui me vient à l'esprit. Une toute autre forme de violence que celle que je connais pourtant par coeur. Mais j'estime que ça reste violent de nous arracher des habitudes qu'on avait pour nous enfermer dans cette cage dorée pour nous préparer à sauver l'humanité.

Alors, oui, je me suis toujours demandé comment l'Homme réussissait toujours à s'habituer.

Pourtant c'est ce que je suis forcé de faire depuis que je suis arrivé il y a deux semaines.

Même si ça me tue de l'avouer, j'ai dû m'habituer. M'habituer à toujours avoir l'estomac rempli malgré le fait que mon organisme le rejetait les premiers jours en me donnant souvent la nausée. M'habituer à toujours avoir des vêtements propres et à dormir dans un lit chaud et confortable, même si les cauchemars continuent à hanter mes nuits, me réveillant presque toutes les deux heures en sueur et le souffle court. Dans certains je cours en direction de l'orphelinat, dans d'autres je revis le moment où j'ai tué la gardienne, croisant les regards apeurés de Gwendoline et Ismael. Certaines nuits je me réveille après avoir entendu des bébés pleurer, comme ceux à l'orphelinat qui pouvaient pleurer de douleur et de faim toute la nuit. Puis j'ouvre les yeux et c'est terminé.

Et à ça aussi je m'y suis habitué.

A ce que le cauchemars ne continue pas une fois réveillé.

Je m'habitue à ces cours qu'on nous donne tous les jours même si je ne m'habitue toujours pas à leur contenu. L'écart entre les autres et moi est énorme, même si je ne le montre pas et que les mentors font bien attention à ne pas m'interroger. Ce qui me réconforte dans l'idée qu'ils savent. Ils savent très bien d'où je viens et, apparement, eux aussi n'essaient pas de le faire savoir aux huit autres.

NINE || TOME 1 [L.S] ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant