Chapitre 9

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Mes pas ne résonnent pas sur le sol froid de cet hôpital. J'ai enfilé des sneakers, je saisis ma tasse de café cette fois. Je frappe à sa porte, il m'attend assis sur le lit. Il garde ses distances, son regard inexpressif est de retour.

— Tu changes tes habitudes Hailey?
— Quelles habitudes?
Il me montre mes chaussures.

— Et du café? Tu es sur les nerfs Hailey?

J'adore la façon qu' il a de prononcer mon prénom. Je garde mon masque de froideur.

— J'aime les changements.
Il rit.

— Ce n'est pas l'image que tu donnes.
— Quelle image je vous donne?
— Coincée, frigide, trop sérieuse.
— Je vois que vous m'avez analysé.

Il hoche les épaules et se tait.

— Tu  parais plus petite sans tes talons.
— Je le suis.
— Tu camoufles aussi ton apparence?

Il commence à refaire la psychologie inversée.

— Qu'avez-vous ressenti hier en salle commune?

Il se rembrunit. Ce même regard colérique refait surface, mais ça ne dure pas, il se reprend rapidement.

— Rien.
— Rien? Ce n'est pas ce que j'ai vu.
— Tu as vu ce que tu avais envie de voir.
— Qu'avais-je envie de voir?
— Une forme d'empathie.

Il recommence à jouer avec mes nerfs, il veut me faire perdre mon temps, il ne lui reste que huit mois dans l'institut. Je souffle fort, il commence à me faire sortir de mes gonds. Je visualise une autre méthode de travail.

— Allongez-vous.
Il sourit avec cet air plein de dédain.

— J'aime dominer Hailey.

Je hoche la tête d'exaspération, il sourit et s'allonge.

Je pratique une séance d'hypnose émotionnelle.
Il se prête au jeu, au moins un point positif.
Je l'observe, pendant que je lui fais visualiser une bulle pleine de couleurs, chaque couleur correspond à une émotion.

Il est très beau, je fixe ses cheveux, ses pommettes, son nez, ses belles lèvres. Je me reprends. Il décrit les émotions de chaque couleur de manière rationnelle, sans manifester de profondeur émotionnelle.  La séance se finit, il se redresse, il est égal à lui-même, plein de provocation et prétention. Il y a eu des avancées, l'hypnose fonctionne sur lui, ce qui est déjà un miracle.

— Bien, nous nous reverrons demain.
— Bonne journée Hailey.

Sa façon de le prononcer me fait autant d'effet.
Je hoche la tête et quitte la pièce.

Je rejoins Andreane, ses mains ne sont plus entravées. Son physique  a repris une apparence normale, elle est souriante. Son traitement est très efficace, elle pourra d'ici quelques mois reprendre le cours de sa vie. Elle me montre une enveloppe.

— Elle m'a répondu. Elle souhaite me revoir.
— C'est une excellente nouvelle Andreane.
— Oui cette fois-ci je vais m'accrocher.
— Oui tant que vous continuez à être suivie et prenez votre traitement, vous serez stable.

Je continue la séance par de l'hypnose, elle est totalement relaxée. Sa capacité de visualisation est remarquable, elle réussit à visualiser chaque émotion et la trier. Cette patiente revient de loin, trois ans qu'elle est dans cet institut. Les anciens résidents avaient perdu tout espoir. lle n'a pas été prise en charge comme elle aurait dû être. Elle a été assommée avec des anxiolytiques à forte dose, qui ont eu l'effet inverse en lui créant des psychoses.

Je rejoins la salle commune, l'interne me tourne autour, il souhaite apprendre à me connaître.
Je sens un regard soutenu. Je parcours la salle, Sean me regarde avec ce regard empreint de colère, il fixe la main de mon collègue Mike, elle est sur mon bras. Je crois y voir de la jalousie, c'est furtif. Il reprend son masque de sociopathe.
Je vais dans le bureau du chef de service, il me remet l'expertise psychiatrique de Sean, je l'emporte avec moi.

Ce soir, je sors avec Roy au restaurant, il souhaite se faire pardonner pour son comportement excessif. La soirée se passe plus ou moins bien. On discute de notre semaine mais je n'arrive pas à me concentrer sur Roy. J'imagine Sean en face de moi. J'ai l'impression de basculer dans une forme de psychose, j'essaye de faire bonne figure.

Le restaurant se finit, à peine franchi le seuil de la maison, il m'embrasse et me porte jusqu'au canapé. J'imagine Sean, un feu ardent en moi s'allume. Je prends des initiatives, je le pousse contre le canapé. Je lui arrache ses vêtements et on fait l'amour comme jamais. J'ai pris plaisir pour la première fois depuis des années. Une fois la pression redescendue, je me dégoûte.

— Chérie, tu t'es surpassée ce soir. Je devrais t'emmener au restaurant plus souvent.

Je souris machinalement, pes pensées sont tournées vers Sean. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je n'ai jamais pensé à qui que ce soit durant ces moments, encore moins pris plaisir à le faire. Je m'endors perturbée.

PSYCHOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant