Je vais bien

Chapitre 1 :

L'air froid me glace de l'intérieur. Et le noir fatigue mes yeux.

Il n'y a pas d'étoiles ce soir. Contrairement aux dernières années.

Les souvenirs tournent autour de moi tels des mouches agaçantes sauf que je ne peut les chasser d'un revers de poignet.

Ils seront toujours là...

《 Vit 》, 《 Oublie 》,《 Reconstruit 》...

Qu'ils sont drôles...

Sans elle... Sans elle il n'y a plus rien qui vaille la peine...

Sans elle, je ne souris pas.

Sans elle je ne vis pas.

L'oublier ? Impossible.

Me reconstruire ? Elle faisait tenir à elle seule tous les murs...

Trois coups se font entendre à la porte.

Dans un moment de stupidité je me lève et m'apprête à la voir apparaître, décoiffée et souriante.

Mais la personne qui se présente devant moi n'est pas celle que j'espérais et elle ne le sera jamais.

- Caporal... Est-ce que tout va bien ? Vous devriez peut-être fermer la fenêtre... Il neige.

Moblit.

- Pour la dernière fois je ne suis pas comme la binoclarde ! Je n'ai pas besoin d'une nounou.

- En réalité je me demandais...

- Moblit.

- Oui ?

- Je. Ne. Suis. Pas. Hanji.

- Mais...

- Ne m'oblige pas à me répéter gamin...

Devant mon ton menaçant le garçon sort non sans un dernier coup d'œil vers la fenêtre.

Je me laisse alors tomber sur ma chaise.

Je vais bien.

Je vais très bien.

Mon travail est fait. Mes expéditions et mes entraînements portent leurs fruits. Alors pourquoi ?

Pourquoi viennent-ils tous ?

Pourquoi faut-il qu'ils aient ce regard à chaque fois ?

Pourquoi faut-il qu'ils me rappelle cette horrible journée ? Pourquoi ?

Je vais bien.

J'ouvre mon tiroir et en sors de vieilles lunettes. Brisées, tachées et rayées. C'est comme cela que n'importe qui les décriraient. C'est comme cela que je les décrivait...

Qu'est-ce qui a changé ?

Rien.

Je vais bien.

L'herbe est tachée de sang. Mon sang. Ma jambe me fait souffrir mais ce n'est pas ce qui m'inquiète. À peine ai-je le temps de relever les yeux qu'une main de trois mètres se précipite vers moi. Je ne réfléchis même plus : mes lames sortent de leurs étuis et la réduise en charpie. L'herbe sur laquelle je me tient n'est plus qu'une étendue de boue rougeâtre. Je m'élance vers un arbre grâce à mon équipement et je peine à m'y accrocher.

- Tch. Foutue jambe.

Je me déplace laborieusement vers une branche plate et y examine ma blessure.
Bénigne mais douloureuse. Je me retourne alors vers le titan qui lève les bras vers mon abri, prêt à m'avaler au moindre faux pas.

Un déviant.

Ceux que je haie le plus.

Ceux qui ont détruit ma vie et la famille que je m'étais trouvé...

Je saute, esquive ses mains, plante mon équipement dans sa chair et d'un coup de lame lui tranche la tête.
Le monstre s'écrase au sol, fumant de l'air bouillonnant.

Ma jambe cède un court instant mais je parvient à rester debout. Je regarde aux alentours et ne voit personne. C'est alors que je réalise : il y avait trois déviants...
Celui-ci, un autre déjà achevé un peu plus loin et...

- HANJI !

Aucune réponse. Elle aurait dû terminer depuis longtemps. Je passe d'arbres en arbres, rien. Je hurle son nom, mais seul le vent me répond. Puis soudain je m'arrête.

Elle est là.

Dans la gueule d'un de ces foutus monstres.

Il me fixe.

Je sens la rage monter en moi mais je suis paralysé.

Et d'un coup de tête, il la fait disparaître...