Chapitre 3 :

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Déchirer sa chaire.

Arracher ses membres.

Un à un.

Je veux qu'il disparaisse.

Son sang doit noyer cette clairière.

Je veux me noyer dans ce sang.

Pourquoi n'est-elle pas là ?

Pourquoi ? Pourquoi !

Déchiqueter.

Encore.

Encore.

Encore.

Et encore.

Il faut que je la retrouve.

Elle n'a pas pu disparaître.

Tu ne peux pas disparaître.

Tu prend beaucoup trop de place dans ma vie pour pouvoir disparaître ainsi.

- HANJI !

Je hurle. Pourquoi je hurle ? Je sais qu'elle ne me répondra pas. Alors pourquoi ? 

Est-ce que c'est confortable... la mort ? Est-ce qu'on s'y sent bien ? Tu as retrouvé les autres ? Hanji...

Non. Non. Non. Non. Non.

Tu es vivante. Tu es cachée quelque part. Observant ma réaction. Comme la scientifique que tu es.

Tu veux savoir si ce sang a un quelconque effet sur moi. Eh bien il me brûle. Il me dessèche de l'intérieur. C'est comme si c'était moi, qui venait d'être digéré par un monstre...

Non. 

Tu vas bien.

Je vais bien.

Tout va bien.

Ce n'est qu'un de mes innombrables cauchemars.

Je vais me réveiller et je te verrais.

Veillant sur moi, comme à chaque fois que le sommeil l'emporte.

Je vais me réveiller.

Tu vas bien.

Je vais bien.

C'est ce que je croyais...

Je pensais que ce rêve épouvantable aurait une fin, mais quand Erwin m'as retrouvé j'ai compris que tu avais vraiment disparue. Et que, je ne reverrai jamais ton sourire... Que plus jamais je ne pourrais soupirer de tes théories farfelues... Que plus jamais je ne te donnerais de surnoms... Que tout simplement je ne te verrais plus...

Ce cercueil n'a rien de toi. Il est terne, simple et triste. Cet enterrement est lugubre...

Tu m'as confié un jour que tu voudrais que l'on danse et boive en ta mémoire.

Ici le silence et les pleurs remplacent ta personnalité.

Mais tu sais... Erwin fait un beau discours, il y a tes fleurs préférées et je crois bien voir Moblit sourire.

Alors... J'espère que cela te plaît.

La cérémonie se déroule lentement, au gré des discours puis vient le moment d'enterrer la boîte qui te sert de cercueil.

Je reste en retrait. Je n'ai pas envie de recevoir de condoléances ni d'en présenter. Mais au moins je suis là... Ça a été dur... Tu es unique la binoclarde j'espère que tu le sais...

La foule se déplace lentement vers la sortie et bientôt il ne reste plus qu'Erwin et moi. Il me sourit et je lui rends. Cela faisait longtemps... que je n'avais pas souris.
Il s'en va lui aussi, me laissant seul. Seul avec toi.

Je me rapproche de la pierre. Elle est assez claire et arrondie sur le dessus. La stèle écrite en lettres gothiques indique :

Hanji Zoe

Ton nom me rappelle la première fois que tu t'es présentée à moi. Tu es la seule à être venue nous voir, Furlan, Isabel et moi... La seule qui soit restée jusqu'ici...

Je regarde autour de moi puis m'accroupis devant la tombe recouverte de fleurs.

- Attend-moi quatre yeux...

1 an plus tard :

- Salut la bigleuse... Tu m'avais l'air moins crade la dernière fois...

Je souris et commence à désherber les contours de la plaque que je viens ensuite nettoyer délicatement. Je dépose ensuite des fleurs puis je m'assois.

- Tch, tu me donneras du travail encore longtemps ?

La rosée perle sur l'herbe verte et les oiseaux chantent.

- Bon, je pense que je vais y aller... On se revoit l'année prochaine quatre yeux...

Je me relève et prend mon sac. Je commence à partir mais je me stoppe :

- Ah et merci... Hanji...

Car grâce à toi j'irais toujours bien.

Je vais bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant