Celui qui Rit Jusqu'à ce que la Mort les Sépare

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Debout à côté du tas de chair déchiquetée et de miettes d'os trempées dans du sang frais. Il pleura. Il cria. Il se tordit de douleur. Trop tard. Il s'écroula au sol. Pendant tout ce temps, il voulait lui dire, lui dire ce souhait égoïste: "Tue moi. Je t'en supplie, tue moi. Avant que tu ne le regrettes." Mais il avait déjà perdu le peu de contrôle qu'il avait, et les mots ne franchirent jamais ses lèvres. Il se sentait si impuissant. C'était lui qui le regrettait le plus. Pourquoi? Pourquoi n'a-t-elle pas fui lorsque qu'elle le pouvait?

Au lieu de lui dire qu'il l'aimait, au lieu de la protéger, il l'avait amenée de force dans une grotte. Et il l'avait tuée. C'était lui l'infâme meurtrier. Un faible, un lâche et un infâme meurtrier. Sa bouche lui avait craché des horreurs qu'il ne pourrait jamais effacer. En plongeant ses griffes dans sa chair, perçant sa peau parfaite, encore et encore, laissant les gouttelettes de sang couler et colorer le sol, il lui avait dit qu'il avait fait semblant. Que tout était faux. Il l'avait fusillée du regard et grondé encore et encore qu'il ne l'avait jamais vraiment aimée. Il avait dénigré celle qu'il admirait le plus, appuyé là où ça faisait mal. Il grognait qu'il voulait la détruire et lui arracher son âme... La peur dans ses yeux. Elle frissonnait. Mais elle ne montrait aucun signe de résistance. Elle lui faisait confiance, toujours. Et elle est morte, pensant qu'il était un monstre. Oui, il était un monstre après tout. Pourquoi est-ce que cela leur était arrivé? Quelle était cette puissance surnaturelle qui l'envahissait, faisant ressortir en lui toute cette haine et cette violence dont il ne se pensait pas capable?

Il s'appuya contre le mur, puis se cogna la tête tout en donnant des coups de poings au mur de pierre. Désespéré, il regarda autour de lui dans la grotte. Par terre, il y avait un petit sabre. Trop bouleversé pour se demander comment il était arrivé là, il le prit et le sortit lentement de son fourreau, regardant la lame aiguisée briller d'un air hébété. Il plaça la pointe du sabre devant son front, tenant fermement la poignée contre le mur, maintenant l'arme bien perpendiculaire. Et il plongea la lame étincelante dans son crâne, bien au milieu, traversant son corps calleux et séparant parfaitement les deux hémisphères de son cerveau. Il jura. Il n'était pas encore mort. Il aurait du commencer par le coeur. Alors il retira l'épée et l'enfonça dans sa poitrine. Il s'allongea à côté des restes de sa bien-aimée, les caressant tendrement. Il n'y avait que l'odeur du sang. Bientôt, lui-même mourrait d'une hémorrhagie. Mais c'était elle qui avait du tant souffrir après ce qu'il lui avait fait... Il ferma les yeux et retira l'épée avant de la jeter plus loin. La flaque de sang s'agrandit encore, leur sang, leurs corps seraient mélangés à jamais. Bercée par le bruit du sang qui tombait goutte à goutte, sa conscience s'évanouit.

***
Regardant au loin, une petite fille arborait un sourire angélique et de doux yeux mi-clos. Les petites ailes blanches de part et d'autre de sa chevelure blonde flottèrent. Ses pieds nus se frottèrent l'un contre l'autre. C'était comme si elle admirait le chef-d'oeuvre auquel elle avait donné naissance.

"Je dois avouer que c'était plutôt impressionnant." résonna la voix claire d'un homme adulte.

Elle ferma les yeux et sans se retourner, elle dit calmement: "C'était les meilleurs jouets que j'aie eus jusqu'à présent. Ils sont beaux n'est-ce pas? Tragiques, comme je les aime. Les regarder évoluer et s'écrouler, ah je crois que je ne m'en lasserai jamais... Les humains sont si divertissants, si faciles à tromper..."

Il ajusta ses lunettes sur son nez et répondit avec une voix stoïque:

"Votre idée a plutôt bien fonctionné finalement...Utiliser cette montre et cette cloche..."

Elle se retourna enfin pour lui faire face et gloussa de manière enfantine:

"Pas vrai? C'était si facile et pourtant si drôle à regarder! Ils s'aimaient tellement qu'ils ne se séparaient jamais de leurs cadeaux respectifs. Tout ce que j'avais à faire, c'était de les fabriquer à ma sauce et de leur vendre... Ils ont mordu à l'hameçon eux-mêmes! Leur destin était scellé avec ces petites bombes à retardement. Je ne veux pas me vanter, mais je pense que je les ai plutôt bien réussis cette fois-ci!

-Alors ces objets inutiles que vous fabriquiez étaient en réalité des armes aussi efficaces... Je devrais faire un rapport détaillé au Seigneur.

-Bien sûr. Je veux que tout le monde dans les Enfers se rappelle mon nom ..."

Malgré son rire innocent, ses yeux étaient froids et sans pitié. Après un long silence, elle approcha de la grotte sinistre en sautillant avec grâce. Elle s'accroupit à côté des cadavres et tandis qu'elle les observait attentivement, elle suçait son pouce droit nonchalamment.

"Oh! Les voilà! Je vais reprendre ce qui m'appartient si ça ne vous dérange pas...Mais euh, vous êtes tous les deux morts alors ça ne vous dérange pas de toute façon! Haha! " s'exclama-t-elle joyeusement. Puis elle prit l'ancienne montre à gousset et trouva le bracelet parmi les restes avant de retirer délicatement la petite cloche accrochée au bracelet ainsi que la machinerie de la montre. Après avoir essuyé les objets avec ses fins petits doigts, elle les amena près de ses lèvres et souffla doucement. La brillante poussière de fée s'envola mystiquement dans les airs. Au contact de l'air, elle devenait noire, émettait un son de grelot puis s'évanouissait dans les ténèbres. Elle lécha lentement ses doigts et chuchota avec un soudain sourire narquois: "Les âmes des amants tragiques sont les plus appétissantes..."

Elle se leva. "Eh oui. Je suis The Evil Fairy. La seule et unique." Sa voix était rauque et avait perdu toute trace enfantine.

"Shall we go back, milady?" [Note de l'auteur: Oui ils sont British, et non je veux pas traduire ça!]

Elle commença à chanter une étrange chanson alors qu'elle s'éloignait en flottant : "The clock ticks midnight. The chime sounds the end. This is fate, and there's... Nothing. You. Can. Do. About. It!"

Ils disparurent, fusionnant avec la lune. Son rire enfantin fit écho dans la nuit silencieuse [ou silente , introduction d'un nouveau mot franglais].

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[ORGANES DES SENS LOVE <3 <3 <3]

Néant. Le. Retour.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant