I
Mikael soupire et regarde sa fille avec des yeux profondément tristes. Il se force à esquisser un sourire.
— Tu vas nous manquer.
***
Gabrielle ouvrit doucement les yeux. La voix de son père résonnait dans sa tête comme un écho lancinant et douloureux. C'était trop tard. Elle était déjà dans le vaisseau qui l'emmenait dans cet autre monde. Gabrielle attendait ce jour depuis tellement longtemps qu'il lui semblait être une éternité hors d'atteinte, un rêve insaisissable mélangeant espoir et impatience.
Les radiateurs venaient d'être mis en route. Un air ambiant se propageait du vaisseau pour accueillir au mieux les passagers. Cet endroit clos paraissait être un lieu rassurant. Un endroit où, pour une fois, il n'y avait pas besoin de se soucier du monde extérieur. Les agents réveillèrent les voyageurs un par un. Gabrielle, qui avait déjà été libérée de la capsule en verre de son lit de stase, prit connaissance de son environnement. Ici, il n'y avait plus de terre mais un sol incroyablement lisse et blanc. Jamais elle n'avait vu ça avant. Elle considéra ses camarades de voyage, encore inconnus à son égard. Elle en reconnut tout de même quelques-uns, aperçus avant l'hibernation spatiale. Les voyageurs avaient passé une année entière à dormir. Presque un an, et leurs corps étaient encore intacts. Malgré le creux dans le ventre de Gabrielle qui la pousserait à engloutir n'importe quoi, Gabrielle ne s'est jamais sentie aussi bien, aussi sereine. Cependant, même en l'espace d'un an, ses écorchures n'avaient pas disparu.
À peine éveillée, elle se perdait déjà dans ses pensées, impressionnée par cette création humaine. Voyager à travers l'immensité de l'espace. Créer une autre forme de vie que sur Terre. Gabrielle trouvait cela fantastique. Autour d'elle s'animait cents Terriens, s'apprêtant à changer de vie. Gabrielle mentirait si elle disait que ce voyage ne l'effraie pas, que l'idée de partir aussi loin de sa famille et de la vie mouvementée qu'elle a connu la rassure. Ce voyage, il lui faisait peur. Toutefois, une flamme brûlait en elle et lui répétait d'y aller, sans relâche.
Naître dans un monde en ruines, avec si peu de survivants, était-ce réellement sa place ? Les guerres, les machines, et ces histoires qui lui étaient souvent étrangères. Ses parents lui ont longtemps raconté leurs souvenirs et le monde semblait se trouver à l'apogée de son évolution. Pourtant, il fallait regarder les choses en face : maintenant, plus rien n'était comme avant.
Un message dans les haut-parleurs interrompit les pensées abondantes de Gabrielle.
— En vue de notre prochain atterrissage, nous recommandons à tous nos passagers de se regrouper dans la grande salle, de s'asseoir et d'attacher leurs ceintures. Les bagages seront à récupérer après l'atterrissage.
Sans réfléchir, Gabrielle suivit l'ordre et marcha en direction de la fameuse salle. Une chose la rassurait, elle n'avait pas perdu l'usage de ses jambes durant ces huit mois de voyage dans l'espace. Il y avait des agents en uniforme noir qui lui jetaient des regards hostiles. Ils étaient armés de pistolets. Qu'est ce qu'ils me veulent ?
Parmi les voyageurs, Gabrielle était sans doute une des plus jeunes. Les premiers volontaires étaient les personnes âgées – quoiqu'il n'en restait que très peu – et les adultes. Eux qui avaient, dans la plupart des cas, fait face à l'écroulement de la vie humaine. Pressés, ils se précipitèrent dans la salle centrale et Gabrielle fut bousculée à deux reprises. Elle s'assit hasardeusement sur un siège, aux côtés d'une femme qui devait avoir la vingtaine tout au plus. Elle lui adressa directement la parole, comme si elle avait besoin d'un contact social pour se rassurer.
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Astralis : La révolte
Science-Fiction🌌🌌 Les Hommes ? Encore quelques uns, quelques millions peut-être. Les ressources ? Presque introuvables. La planète Terre, en l'an 2088, est dévastée. Mais l'espoir possède encore une chance. En effet, il reste une conviction humaine : bâtir une n...