Mon étrange bad boy - Tome 1

Chapitre 2

Louna

Les doigts tachés de plomb, je regarde mon crayon noircir les pages de mon cahier de chimie. Le dessin abstrait que j'ai formé sur le papier sans même m'en rendre compte m'arrache un sourire.

Distraite, je lève les yeux vers la fenêtre. Une pluie fine et chaude lèche les rebords de la vitre et glisse jusqu'au sol. J'aperçois un corbeau qui croasse et ajoute un aspect glauque à l'ambiance sombre qui règne à l'extérieur. Je n'arrive pas à en dévier mon regard et entends à peine la cloche qui prévient la fin du cours.

C'est Rick, un ami à moi, qui me secoue et me rappelle que le reste du groupe va nous rejoindre à la cafétéria. Je déteste qu'il pleuve... Nous avons l'habitude de déjeuner au soleil, mais aujourd'hui, on va tous devoir s'entasser avec les autres étudiants dans un espace restreint et dégueulasse.

Arrivés là-bas, je remarque que Debrah, Julia, Rayne et Miles, un petit gars mince aux cheveux noirs, sont déjà assis.

— Devine qui c'est ! m'exclamé-je, en posant mes mains fraichement lavées sur les yeux de Debrah.

Cette dernière soupire.

— Louna, il ne manque que toi à table !

J'éclate de rire et retire mes mains de son visage. En m'asseyant près d'elle, je remarque ma connerie et hoche la tête, résignée.

— Ah, c'est vrai...

Ça fait rire les autres. J'ouvre mon sac pour prendre mon sandwich quand Julia se penche sur la table et prend la parole, excitée.

— Bon, il faut se mettre d'accord sur ce qu'on fait pour le bal du printemps !

Rayne fronce les sourcils.

— Comment ça ?

— On doit bien prévoir avec qui on doit y aller, non ?

Elle agite sa pomme dans sa direction, l'air de dire « T'es con ou quoi ? ».

— Tu sais, moi j'ai... commencé-je, avant d'être interrompue.

— Louna, tout le monde sait que dans moins d'une semaine, peut-être deux au maximum, ce pauvre Tyler ne sera plus qu'un lointain souvenir pour toi.

Je ne prends pas la peine de lui répondre. Je sais qu'elle a raison. Tyler est beau, gentil, charmant... C'est un vrai bon samaritain, et j'avoue que ça me fait un peu chier. Son corps d'Apollon est littéralement la seule chose qui me retient de le larguer sur le champ.

Je finis par rouler les yeux en l'air sous le regard irrité de tous mes amis. Julia s'empresse de terminer son repas et file à la salle de bain.

Alors que je m'apprête à me lever, je jurerais que mon crâne se heurte contre le plafond. Rapidement, j'analyse la situation et comprends qu'il s'agissait en fait du plateau d'un autre étudiant, qui passait derrière moi. Sa soupe s'est entièrement déversée sur son chandail blanc, qui moule désormais les muscles saillants de son torse. Des morceaux de gâteaux restent collés dessus. Sonnée de m'être prise un plateau sur la tête, je reste interdite devant le silence béant qui grandit autour de nous.

— Merde ! Oups, finis-je par articuler, en essayant de nettoyer les particules de crémage qui s'agrippe encore à son t-shirt.

Je sens ses muscles se crisper sous mes doigts. Quand je relève les yeux, son regard froid et offensif se braque au mien. La peau de sa mâchoire carrée se tend en même temps qu'il serre violemment les dents. Dès l'instant où il ferme les yeux, dangereux, son plateau éclate sous la force virulente de ses mains.