La plus belle ville du monde

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Londres, la nuit, c'est la plus belle ville du monde. Los Angeles ne peut rien contre l'histoire de la capitale anglaise, contre la Tamise qui serpente entre les vieilles briques construisant les bow windows, ou encore contre sa grande roue et ses ponts.
Parfois Harry se demande ce qu'il fait aux Etats-Unis, parfois il a envie de rentrer sur le vieux continent et de se promener dans le Soho, comme maintenant.
Sa mère le lui avait souvent répété : "Tu peux voyager autant que tu veux mais tu voudras toujours rentrer à la maison."
Il comprend, maintenant qu'il a l'occasion de voir le monde, il voit les bienfaits d'avoir un chez-soi. A marcher côte à côte avec Louis, il se dit qu'il pourrait faire ça tous les soirs. Louis lui avait manqué. Il ne le dira pas, il n'a pas le droit de lui imposer ça :

"C'est quoi ta ville préférée ?" demande Harry en levant les yeux vers le ciel.

"C'est bizarre comme question." répond Louis.

Harry rigole et son épaule vient heurter celle de Louis :

"Non, c'est commun comme question ! Moi je dirais que c'est Londres."

"Pourquoi ?"

Harry soupire. Louis est toujours sur ses gardes. Tendu, ou plutôt renfrogné et le jeune homme ne voit pas quoi faire pour inverser la tendance.

"Les souvenirs peut-être ? Et puis l'architecture." répond-il.

Il n'y connaît rien à l'architecture. Harry ne connaît pas grand-chose quand il y pense. Il a une culture musicale, il peut parler film et mode aussi mais il lève les yeux au ciel et ne reconnaît aucune constellation.
Puis il regarde Louis et ne sait pas quoi lui dire. Si une part de lui a grandi trop vite, une autre restera à jamais le Harry de seize ans, celui d'avant X Factor, ce jeune garçon qui ne sait pas grand chose de la vie :

"Enfin non. Pas l'architecture." se reprend-il. "C'est juste beau. Cette ville est la ville qui me correspond le mieux je pense."

"Et Los Angeles dans tout ça ?" demande Louis d'un ton accusateur.

"C'est pratique." admet Harry. "Là-bas tout est plus simple. Mais tout sonne aussi plus faux."

Là-bas, les choses vont vite. Les relations se font et se défont, les projets naissent et sont un succès avant qu'on ait le temps de les savourer. Pour Harry qui aime contempler, réfléchir et prendre de la hauteur, c'est parfois compliqué de s'y retrouver :

"Louis..." murmure-t-il. "Je n'ai pas oublié d'où je viens."

Harry s'arrête au milieu de la rue. Il inspire l'air frais de la nuit, un air chargé de l'odeur de l'été. Un air qui le ramène des années en arrière :

"Je suis sincèrement désolé."

"Tu n'as vraiment pas à l'être." répond Louis d'une petite voix.

"Si. Bien sûr que si."

Il sait tout ce que Louis a enduré. Il a été absent mais il sait. Les chansons de son album ne parlent que de sa souffrance et dans ces moments difficiles, personne n'est vraiment là. Alors il devine les larmes refoulées, les non-dits, les sourires forcés, les colères intériorisés. Tout ce qu'on ne l'a pas laissé vivre, toute la pression qu'on lui a mise, tout ce deuil qu'on lui a fait porter en public sans lui laisser le temps de souffler en privée.
Malgré tout, Louis est plus beau que jamais. Il a l'air à nouveau prêt à se jeter dans le torrent de la vie, à se débattre contre le courant et à ne pas baisser les bras. Cela lui donne du courage, Harry aussi a envie de se battre à ses côtés :

"Arrête. Je n'attendais rien de toi." murmure Louis.

A ces mots, Harry sent monter une boule au niveau de sa gorge. Elle appuie sur ses cordes vocales, si fort que sa voix tremble :

"Je sais que ça fait longtemps qu'on s'est perdu. Et je sais que j'ai rendu les choses étranges depuis la fin de notre groupe..."

"Tu as réussi." le reprend Louis en plongeant ses yeux bleus dans les siens. "Ne t'excuse pas pour ça. S'il te plaît, ne nous prends pas en pitié parce que ta musique marche mieux que la nôtre."

Harry baisse les yeux. Pour la première fois de la soirée, c'est lui qui cherche à fuir le regard de Louis. Il ne voulait pas parler de leur carrière, il voulait parler du reste. Et s'ils s'étaient trop éloignés pour que ça soit encore possible ?
On lui attrape la main. La paume est chaude, un peu moite mais il reconnaît les doigts fins de Louis, Harry lève les yeux vers lui :

"Viens." reprend Louis. "Profitons de cette soirée."

Harry ne sait pas ce que cela signifie. Il ne sait plus vraiment ce que profiter veut dire, et encore moins avec Louis. Pourtant cette main dans la sienne le rassure, pendant un court instant il obtient ce qu'il a toujours voulu. Mais Louis s'échappe déjà, il s'éloigne à grandes enjambées.
Harry reste derrière, la sensation de la main de Louis toujours dans la sienne. Son cœur se serre tandis qu'il observe Louis avancer, droit devant. Sans lui.
Il se dit que ce jogging lui va vraiment bien et ce, même s'il s'engonce dans la veste qu'il a enfilé, comme s'il voulait disparaître. "Ne disparais pas, jamais" souhaite Harry. "Et regarde moi." Son appel muet reste sans réponse : Louis n'adresse pas un regard en arrière. Pourtant ce dos tourné, il le perçoit comme une invitation à le suivre. Alors Harry lui emboîte le pas en essayant de chasser toutes les pensées négatives qui lui viennent.

* * *

3ème chapitre complété !

Le Dernier Festin [Larry Stylinson]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant