Insoupçonné (en Cours)

1

- Laetitia Ambers ?

"Oui, c'est moi !" répondis-je en levant timidement ma main.

"Veuillez me suivre," déclara la jeune femme du haut de ses talons noirs assortis à son impeccable tailleur hors de prix.

Je me levais et la suivis sous le regard scrutateur et dédaigneux des autres filles assises dans le hall. Je ne pouvais pas leur en vouloir, j'étais habillée de manière peu appropriée pour un job dans un hôtel aussi luxueux et réputé de la capitale.

J'étais plutôt ordinaire, au dessus de mes 1m70, j'étais plutôt banale, une fille insignifiante aux yeux des autres, une véritable casanière et introvertie, habituée à vivre dans ma bulle, en totale solitude.
Cheveux naturellement bouclé et noirs corbeau. À 23 ans j'étais toute seule, n'ayant ni frere ni sœur et plus de parent, j'étais bien seul et pauvre pour quelqu'un qui vit dans la capitale.

Cette région du pays était considérée comme la plus belle et la plus équipée côté architecture. Normal, on était à la capitale. La ville où la vie est plus chère, là où vivait les élites du pays, et où personne n'avait le temps de prêter attention à son voisin.
Et moi dans tout ce beau décor je n'étais qu'une petite fourmie.
Une petite fourmie qui s'est énormément fais piétiner sans jamais eu d'excuses et qui avait perdue la trace de sa famille.

Et oui, j'étais seule au monde. Il y a pire, n'est-ce pas ? J'avais fini par m'y habituer, même si en même temps, cela me pesait depuis que je me retrouvais vraiment seule.

J'avais passé toute ma matinée à chercher la tenue idéale sans succès. Alors me voilà habillée de mon vieux jean déchiré au genou du côté droit,  ce qui faisait plutot tendance contrairement à ma chemise blanche froissé des années 80 qui était d'un ridicule hilarant le tout assorti à mes vieux baskets blanches tachetés. C'était là la tenue la plus  présentable pour un entretien d'embauche que je possédais, l'image parfaite de ma vie. Horrible et bizarre.
Que voulez-vous, je n'étais pas de ceux qu'on pouvais qualifié de ''nés avec une cuillère en or dans la bouche''.

« Nous vous recontacterons après avoir étudié votre dossier », conclut la demoiselle corps de rêve de la manière la plus polie qu'un recruteur pouvais dire « nous ne sommes pas intéressés ». Je pouvais le lire dans son regard, elle n'était pas convaincue de ses propres paroles. Mais je n'allais pas abandonner, pas avant d'avoir trouvé un travail mieux payé et plus respectable. J'avais décidé de changer de vie, de devenir une meilleure personne pour elle.
Elle m'avait tellement donné, alors pas question de me dégonfler alors que je lui ait fait la promesse d'avoir une meilleure vie.

Les images du passé me revenaient comme si tout cela s'était produit hier. Plus rien n'avait été pareil depuis cette tragédie. Je n'avais pas eu une adolescence normale, et ma vie, je la lui devais à elle. Mamie avait été là à chaque minute depuis cette horrible nuit. Elle ne m'avait jamais jugée pour ce qui était arrivé et avait changé de vie pour que je me sente bien et accepté.
Ça n'avait jamais été le cas, malgré nos nombreux déménagements. J'avais du mal à m'intégrer mais l'avoir avec moi jouait un grand rôle dans ma vie. Aujourd'hui, les choses avaient encore basculé une nouvelle fois. J'étais totalement seul, désormais.
J'avais perdue la seule famille qu'il me restait : ma grand-mère.

L'année dernière, j'avais arrêté mes études en dernière année de licence pour pouvoir m'occuper d'elle. Elle était atteinte d'un cancer, et j'ai dû enchaîné les petits boulots, pour payer sa chimio mais rien n'y faisait. Il fallait toujours plus d'argent. J'étais devenue un disciple parfaite de Dieu priant sans cesse pour qu'elle reste avec moi le plus longtemps possible.  Malheureusement, mes efforts n'avaient pas été suffisant pour poursuivre son traitement. Je voyais son état se dégrader de plus en plus jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus.

Je me sens lamentable d'avoir échoué dans mon rôle. J'avais volé plusieurs années à ma grand-mère et je n'avais pas pu prendre soin d'elle comme je l'aurais dû. Ses derniers jours étaient des plus malheureux, dans de mauvaises conditions.

- hey marmot!

j'entends quelqu'un m'appeler d'une voix lointaine. Une voix que j'avais du mal à reconnaître, puis je sentais mon corps bouger comme si quelqu'un me secouait tout en appelant mon prénom.

"Allez, réveille-toi Laetitia !" Entendis-je plus clairement cette fois

Quand m'étais-je endormie ? Je ne m'en souvenais même pas.

J'émerge lentement de mon sommeil, reconnaissant la voix de Josh, l'ami de Clara qui vivait avec nous dans notre modeste appartement depuis quelques semaines déjà. Josh squattait notre minuscule appart parcequ'il était en désaccord avec sa famille d'après ce que j'avais compris.

Entre nous ce n'était pas vraiment fusionnelle, il était plutôt du genre réservé mais m'agacait autant que je l'agacais. C'était un vrai monsieur parfait, toujours bien habillé, ordonné alors que moi c'était tout le contraire, c'était vraiment tendu entre nous dès le départ. Il ne supportait pas ma présence et moi non plus. D'après ce que j'avais compris, il venait d'une famille assez riche et proche de celle de clara qui en bonne amie, l'hébergeait dans notre petit espace.

"Putain, fous-moi la paix, toi !" Ralais-je d'une voix à peine audible.

"d'ailleurs, que fais-tu dans ma chambre ? Lui demandais-je suprise de sa présence dans ma chambre désordonnée comme à l'habitude.

"Arrête de te plaindre! tu ne sais rien faire d'autre?" m'a t'il répondu agacé.

- Clara n'arrivait pas à te joindre, ajouta-t-il en me montrant l'écran de son téléphone.

"Je n'en reviens pas, Laeti ! Tu es encore au lit," me dit Clara, ma colocataire et collègue depuis six mois apparaissant à l'écran. Elle était mieux habillée que d'habitude et maquiller comme si elle allait à un évènement Spécial.

- j'ai beaucoup trop dormi putain! m'empressai-je de me lever en lisant l'heure sur l'écran.

- dépêche-toi, Harry est d'une humeur massacrante ce soir.

- et toi tu ne bosse pas? Je pris le temps de demander.

- pas ce soir, j'ai un p'tit service à rendre à Harry. Me dit-elle embarrassé.

Elle était beaucoup trop bien habiller ce soir et vu sa gêne je me demande le genre de service qu'elle pouvait bien rendre à ce type.

- par contre toi, tu risque de passé un sale quart d'heure me sourit-elle, en changeant de sujet.

- je n'te le fais pas dit! soupirai-je en me doutant de l'accueil que devait me réserver Harry.

Ma vie était loin d'être facile en ce moment alors je ne poussa pas plus loin la conversation. La perte de ma grand-mère et les tensions constantes au travail et dans notre appartement avec ''Monsieur parfait'' m'avaient plongée dans un profond désarroi. J'avais l'impression de me noyer dans un océan d'incertitude et de solitude.

Josh mis fin à l'appel vidéo l'air ennuyé par notre conversation et sortit de ma chambre sans même me jeter un regard.

Je me précipitai pour me préparer le plus rapidement possible en espérant qu'Harry ne me vire pas cette fois, j'étais la seule employés à enchaîner les retards. Je pris ma douche et m'empressa de rejoindre Harry et les autres au bar.