1 ◇ Comme un gentleman

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Malgré le soleil éclatant qui embrasse l'immense édifice qu'est l'université de Durham, la pluie tombe du ciel et s'abbat ainsi sans pitié sur le pauvre parapluie de Saskia Kleyn. Parapluie qui finit par se faire déchiqueter par le vent furieux, comme si le ciel lui même s'acharne contre elle.

Mon Dieu, à ce rythme je vais tomber...

Pour mieux courir afin de rejoindre l'entrée de l'établissement universitaire, elle n'a eu d'autres choix que d'enlever ses chaussures à talon. Certains bourgeois, protégés par leur luxueuses voiture l'observent avec un air mi-amusé mi-interrogateur. Ils s'interrogent sans doute sur la provenance de ce chaton mouillé.

Enfin, soupire t-elle alors même qu'elle pose un pied à l'intérieur du château qui fait office d'université.

- Bonsoir madame, intervient tout de suite une voix masculine aussi sèche que polie.

Saskia se retourne, trempée jusqu'aux os, pieds nues et décoiffées. Elle ressemble à une folle égarée... une bien jolie folle...

- B-Bonsoir, articule t-elle comme une criminelle prise en faute, je suis Saskia Kleyn. J'ai rendez-vous ici avec maître Wheller. Charlotte Wheller.

L'homme qui l'aborde est plutôt bien âpreté, campé droit comme un responsable d'hôtel. Ce qui est bien étrange dans une université, aussi prestigieuse soit-elle.

Sans doute un enseignant, pense Saskia.

- Maître Wheller a encore quelques heures de cours à respecté.

Saskia hoche la tête, mais garde un sourire aimable en essayant désespérément de dompter sa courte chevelure blonde alourdie par la pluie.

- Alors je vais l'attendre ici...

- Je pense que le mieux serait de partir et de revenir plus tard. Vous... vous êtes entrain d'inonder le sol. Le service d'entretien est indisponible pour le moment à cause des intempéries.

- Je... Je suis désolée. Mais... Mais je dois la voir au plus vite.

Elle regarde autour d'elle et commence à se frotter le bras. Son téléphone n'a plus de batterie, aucune voiture n'est à sa disposition. Et ce n'est même pas le plus dure... Elle vient d'endurer quatre heures en train en partant de londre pour fuir son ex-époux.

- Je crains que votre... accoutrement ne respecte pas les normes de l'établissement.

Saskia croise alors les bras autour de sa poitrine généreuse, presque visible à cause de sa robe humide et quasiment transparente. Elle se sent nue et épier.

- Je sais... Mais la pluie...

- Tout le monde vous regarde. Vous feriez mieux de vous arranger un minimum dans les toilettes des dames.

Le courage qui a mené Saskia à faire tout ce chemin menace de la laissé tomber. D'ailleurs, qu'est-ce qu'une pauvre faiblarde anciennement battue par son ex pouvait faire dans ce genre de situation ? Les hommes sévères la terrorisent plus que tout au monde.

- Professeur Carter ? Je vous cherchais.

Le dit professeur Carter n'est autre que l'homme rigide qui s'adresse si odieusement à Saskia. Mais son expression hautaine change tout à coup, lorsqu'il lève la tête en se parant d'un sourire automatique pour acceuillir le jeune homme l'ayant appelé.

- J'ai besoin d'une information pour les examens à venir. Et pardon de vous interrompre, s'inquiète le nouveau venu par politesse.

- Non, non, elle allait s'en aller. Dites moi, O'kelly en quoi puis-je vous être utile cette fois ?

Le jeune homme enfonce ses mains dans ses poches de manière très charismatique, alors qu'il pose un regard presque félin sur Saskia. Elle se sent alors intimidé, au vu de la taille de l'étudiant. Et son costume hors de prix lui procure cet aura de puissance et d'assurance qu'il ne devrait pas avoir à son âge.

- Vous êtes transit de froid, remarque t-il en autant sa veste sur le champs pour la mettre autour des épaules de Saskia.

Cette dernière éternue, alors même qu'elle est sur le point de le remercier pour sa galanterie.

- Une boisson chaude s'impose.

- Je ne penses pas que ce soit nécessaire, marmonne la jeune femme en rangeant sa veste, je suis seulement venu voir maître Wheller.

- Charlotte ? Elle a encore deux heurs de cours.

- Je l'ai déjà dit à cette femme, intervient le professeur Carter sur un ton las, veuillez revenir plus tard, madame.

Saskia baisse les yeux, alors même que le regard sombre et séduisant du bel étudiant ne cesse de l'admirer.

- Je ne penses pas que madame puisse aller bien loin sous cette pluie diluvienne. Suivez moi. Je vous enmène en salle des professeurs. Il y aura sûrement de quoi vous changez là bas.

Saskia hoche la tête et emboîte tout de suite les pas de l'étudiant aux airs de puissant, elle est trop heureuse de s'éloigner du grincheux. Ce dernier reste en retrait, semblant incapable d'aller contre la volonté de son élève.

- Merci beaucoup, débute t-elle, vous ne vous en rendez sûrement pas compte, mais vous venez de me...

- Sauver la vie ? devine le jeune homme sans sourire. Ne le prenez pas personnellement, monsieur Carter est insuporatable avec tout le monde.

Il est calme. Et dans sa démarche les autres universitaires évitent soigneusement de le bousculer.

- Sauf avec vous, on dirait.

Le jeune homme demeure silencieux, semblant tout de même amusé par sa déduction. Après ce qui ressemble à plusieurs minutes de marche, où Saskia a l'occasion d'éternuer trois fois de suite, ils atteignent enfin la salle des professeurs. La pièce est vide, donc le jeune homme conduit Saskia vers une chaise, avant d'enjamber la salle spacieuse pour se rendre vers un placard. De là, il en extrait une chemise blanche et un tailleur gris pour femme.

- Charlotte a tendance à cacher des vêtements un peu partout.

Saskia sourit sans cessé de se triturer les doigts.

- Je sais, elle en avait aussi l'habitude quand nous étions au lycée, renchérit la londonienne, vous la connaissez bien aussi ?

O'kelly tend la nouvelle tenue à la jeune femme, tout en essayant d'éviter de regarder sa poitrine révélatrice.

- Charlotte est l'avocate de ma famille depuis que j'ai quatorze ans.

Il lui verse un café brûlant, pour de suite posé la tasse sur la table en affirmant que ça la rechauffera.

- Vous êtes un jeune homme très bien élevé, commente t-elle avant de boir une première gorgée qui l'a revigore, comment vous appellez vous ?

- Rohan Bradley O'kelly.

Saskia se fige, sa tasse au bord des lèvres. Elle croit d'abord avoir mal entendu, tant elle est clouée sur place. Non, il ne peut s'agir du même Rohan O'kelly, ce jeune héritier destiné à diriger l'empire à plusieurs milliard de sa famille. Selon les rumeurs, il serait même lié à la famille royale. Comme tout humain normalement constitué en présence d'une personne de pouvoir, Saskia se sent fébrile.

Avant qu'elle ne puisse faire étalage de son trouble, la porte de la salle des professeurs s'ouvre soudainement. Une jeunne femme mince à la peau sombre entre dans la pièce. Elle détache précipitamment ses cheveux lisses, tout en posant sa valise et des livres volumineux sur la table.

- Saskia ! s'exclame t-elle en courant dans les bras de la concernée, tu es trempée, darling ! Ça va ?

Saskia ricanne lorsque son amie la prend tout de même contre elle.

- Tu m'as tellement manqué, Charlotte, sanglote Saskia les yeux fermés en resserant l'étreinte.

L'avocate réconforte la brune, alors même que ses yeux se posent sur Rohan sur le point de partir.

- Merci de l'avoir amené jusqu'ici.

Le jeune homme hoche la tête et quitte bientôt la salle des professeurs pour laisser les deux amies dans une mélancolique solitude.

La Désirée du successeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant