La Désirée du successeur

7 ◇ Les devoirs d'un héritier

Rohan boit son thé en silence, tout en observant Saskia par dessus la tasse fumante. Cette dernière croise les jambes alors qu'elle triture un morceau de macaron entre ses doigts fins.

- Pourquoi tenter une carrière d'avocat si vous comptez reprendre l'entreprise de votre famille ?

Voilà qui prend Rohan de court. Il s'attendait aux questions qu'on lui pose à l'accoutumée, telles que : À combien s'élève la fortune de votre famille ? Est-ce qu'un homme aussi jeune est vraiment à même de reprendre la compagnie ? Les journalistes ne s'en lassent pas, car les gens s'évertuent à croire qu'il étudie le droit pour mieux comprendre les affaires. Hors ce n'est pas vraiment le cas.

- J’ai débuté mes études bien avant de travailler pour mon père, se lance-t-il en reposant sa tasse à moitié vide sur le plateau. Je croyais que je devais avoir trente ans avant de prendre mes responsabilités liées à l'entreprise. Mais mon père est tombé malade et le processus de succession a été accélérer.

Il marque une pause en tapotant les touches de l'ordinateur sur ses jambes.

- J'ai beau chercher à m'en convaincre, je ne parviens pas à mettre un terme à mes études.

Saskia hoche la tête et se mord la lèvre inférieure.

- Pourquoi les sciences juridiques vous passionnent tant ?

Rohan plisse les yeux et offre une brève attention à la belle londonienne. Elle a le don de posé les bonne questions, mais aussi les plus difficiles. N’empêche qu’il se sent contraint d'y répondre.

- Ma mère était avocate. Elle m'emmenait à quelques un de ses procès quand j'étais petit. Elle représentait souvent des victimes qui n'avaient pas les moyens de se défendre, par rapport à des gens fortunés. À mes yeux c'était une femme imbattable. Je voulais suivre ses traces.

Saskia relève bien l'air mélancolique qui plane sur le visage de Rohan. Il est prit entre deux étaux et sans moyen de s'en extirpé. Ses rêves ou son devoir ? Mais alors que la blonde s'apprête à poser une autre question pour apaiser l'atmosphère, le téléphone de Rohan se met à sonner. Il décroche et son expression change dans la seconde, pour adopter une mine sérieuse. De celle qu’il utilise quand il travail. Le jeune homme finit même par froncer les sourcils,  lorsque la voix de son interlocuteur s'élève en une combinaison de son inaudible.

- Que se passe t-il ? murmure Saskia.

Il prend soin d'éloigner le téléphone pour honoré sa curiosité.

- C'est un important marchant de café au Brésil. Le bureau m'a transféré sont appel par erreur mais je ne comprend pas un mot de ce qu'il raconte.

Rohan repose le combiné contre son oreille en tapant rapidement quelques mots sur un site de traduction, afin de faire comprendre au Brésilien qu'il doit rappeller la compagnie. Mais l'étranger semble perdre patience.

- Fale... Mais baxo... por favor, marmonne Rohan en prenant son autre téléphone pour appeler sa secrétaire.

Mais celle-ci ne décroche pas. Prise dans l'action, Saskia se lève rapidement de son siège pour saisir le téléphone, afin de parler elle même au Brésilien. Rohan est trop abasourdi pour s’y opposé, mais il constate que la jeune femme converse en portugais avec une aisance exceptionnelle. Elle attrape même un petit bloc note et un stylo sur la table basse, afin d'écrire les informations fournis par le marchant.

- Gostaria muito, senhor Oliveira, conclut-elle.

Elle raccroche pour de suite tendre à Rohan le téléphone ainsi que les notes qu'elle a écrite.