Chapitre 16

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Je n'avais pas encore passé de véritable soirée avec mon meilleur ami depuis la rentrée. Je n'ai donc pas eu besoin de réfléchir lorsqu'il m'a invité à manger chez lui.

Nous sommes assis autour de la table rectangulaire de leur salle à manger, remplie de nourritures, parfaitement préparées par Emily, la mère de Scott.

Je suis assise à ma place habituelle, à la gauche de mon ami. En face de moi se trouve sa mère et comme toujours Andrew, le père de Scott se trouve en face de ce dernier.

Nous entamons le plat principal, des macaronis au fromage. Je joue avec mon assiette, avalant de temps en temps quelques pates.

- Ça me fait super plaisir que tu passes nous voir. Comment vont tes parents ? me demande Emily

- Ils vont bien, ma mère est à la maison et mon père est en déplacement, je pense qu'il devrait bientôt rentrer.

- Oh tu aurais dû me dire que ta mère était seule chez toi, je l'aurai conviée au repas. C'est que Scott m'a suggéré l'idée seulement il y a quelques heures.

- Il n'y a aucun problème ne vous en faites pas.

J'en profite pour manger un petit peu ne sachant pas quoi dire de plus, avant que la mère de mon ami reprenne la parole.

- Je vous revois encore le jour de votre entrée au collège, le temps passe si vite.

Emily passe le reste du repas à raconter des anecdotes de Scott et moi. Andrew savoure son verre de vin rouge et rajoute parfois quelques détails aux anecdotes de sa femme.

Il faut croire qu'avoir recouvert le mur de pâtes à tartiner à huit ans ou encore avoir donner un bain dans l'évier au poisson rouge de Scott à six ans à marquer les esprits. Heureusement pour bubulle, nous avions pensé à fermer l'évier. Je tiens aussi à souligner qu'on a eu de la chance qu'Andrew passe à ce moment-là et a pu sauver ce pauvre bubulle qui nous a malheureusement quitté il y a cinq ans déjà mais franchement je trouve qu'il a bien résister pour un poisson rouge.

Emily parvient à me faire rigoler. Les pauvres, il faut avouer qu'on ne tenait pas en place enfants.

Emily rassemble nos assiettes pour les débarrassées, elle remarque bien que j'ai laissé la moitié du plat alors que j'adore ce repas mais elle s'abstient de prononcer quoique ce soit et je lui en suis reconnaissante.

Elle ramène un gâteau à la fraise et commence à le découper pour nous servir une part chacun.

- Merci mais je n'ai plus faim. Déclare Scott à côté de moi avant de poursuivre :

- Si tu veux on peut monter dans ma chambre. Me propose-t-il.

- Attends peut-être que Kayla a envie d'une part de gâteau.

- Si ça ne vous dérange pas je vais monter avec Scott, je n'ai plus faim pour l'instant.

- Je te garde une part pour toi et ta mère, tu les emmèneras chez toi.

- Merci beaucoup, je vous en dirais des nouvelles.

Je remercie Scott intérieurement d'avoir refusé sa part pendant que je le suis à l'étage. Les maisons à Mansfield sont donc bien quasiment toutes construites pareil.

Il referme la porte et son regard se pose sur moi.

- Quoi ?

- Je ne suis pas dupe Kayla, tu n'arrives plus à manger ?

- Je suis venue passer une soirée chill. Je n'avais simplement plus faim.

- Je te connais par cœur, répond moi et promis on ne parlera pas de choses déprimantes pour le reste de la soirée.

- Certains se plonge dans la nourriture quand ils sont tristes et bien moi c'est le contraire, j'ai plus de mal à manger mais ne t'inquiète pas je mange assez ou du moins j'essaie.

- Tu sais que tu peux passer chez-moi si tu as un problème.

- Toi aussi.

- Je le sais Kayla mais là on parle de toi. Tu passes ton temps à vouloir aider les autres mais ne t'oublie pas. Je ne te dis pas de changer qui tu es, je veux simplement que tu prennes soin de toi.

- Je sais, tu ne cesses de le répéter. Je vais tenter de faire des efforts mais on sait toi comme moi que notre vie reprendra un sens quand la vérité éclatera.

Il s'étale sur son lit.

- J'allais d'abord te proposer de jouer à cache-cache et ne t'avises surtout pas de juger ma première idée.

- Moi ? Jamais. Dit-il ironiquement.

- Je te propose qu'on reproduise des moments de notre enfance, les anecdotes de ta mère m'ont inspirée.

- Tu veux commencer par quoi ?

Cette même phrase prononcée par Mike lors de notre séance de révision, une simple phrase et pourtant je pense à lui. Pourquoi je pense à lui alors que j'ai dit ne pas vouloir penser au drame ce soir ?

- Et si on commençait par reproduire le bain de notre cher bubulle.

Nous voilà dans la même salle de bain qu'il y a dix ans, après avoir fait couler de l'eau, je laisse Scott déposé le poisson qu'il a magnifiquement dessiner et hop je capture le moment.

Scott part ensuite chercher du papier toilette pour représenter notre plâtre, moi au bras droit et lui gauche. Lors de notre année de cm1 un élève m'a poussé dans la cour et j'ai mal atterrie, Scott n'a pas trouvé meilleure idée que de se casser lui aussi le bras.

Nous n'avons pas réussi à reproduire nos beaux dessins présents sur nos plâtres à l'époque mais cette sorte de bandage fera l'affaire.

Je recouvre ma dent de crayon noir, merci Scott d'avoir aidé ma dent à tomber en me lançant un ballon de football en pleine tête lorsque j'avais sept ans.

Nous finissons par reproduire notre photo lors de notre dernier jour au collège avant que notre monde change.

Mine de rien cette séance photo nous a épuisés.

- Il faut que je rentre chez moi. Je ne vais pas trop te manquer d'ici demain matin ?

- Si terriblement.

On redescend, ses parents sont à présent en train de visionner la télévision.

- Merci pour le repas, ça m'a fait plaisir de venir. Je vais rentrer chez moi.

- Au revoir Kayla. Me répond Andrew du canapé sur lequel il est en train de regarder une émission de divertissement.

- N'oublie pas tes parts de gâteau, je tes les aient mis dans une boite sur la table à manger.

- Ne vous en faites pas, merci.

Je pars donc chercher cette fameuse boite, je sais pertinemment que ça fera plaisir à ma mère et je compte bien goûter ce fraisier moi aussi.

Scott attrape ses clés de voiture.

- Je te raccompagne.

Pour une fois, j'ai réussi à mettre de côté ce qui me tracasse et franchement ça fait du bien de souffler un peu.

PainfulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant