Resist

Zoran

(PDV Gilda)

Zoran ? Ça me dit quelque chose...

-Tu n'est pas le garçon qui s'est fait livrer l'année dernière ? C'était bien Zoran, non ? »

-Bien sûr que oui ! Tu ne te souviens pas de moi ? » Je fixe le métisse d'un regard perçant : ses boucles noisettes, ses pommettes, ses cheveux bouclés... La ressemblance est frappante. C'est donc Zoran... Mais pourquoi...

Alors que je m'y attends pas, un étrange souvenir remonte :

-Déjà 9 ans Gilda ! Félicitations ! » Zoran me souri tendrement et cela me fait rougir.

-Oui, mais tu es quand même plus âgé que moi ! »

Il s'esclaffe. Allongée contre le tronc de l'arbre, ma main touchant la sienne, je jurerai me trouver dans un film romantique... mais ce n'est pas le cas, hélas. Je rougis comme une tomate et la chaleur est si forte que je suis obligée de m'écarter. Quelques secondes passent dans un silence gêné, jusqu'à ce que Zoran me pose une étrange question :

-Gilda ? Si un jour on te disait que tout ce que tu prenais comme acquis n'était qu'un mensonge, qu'est ce que tu ferais ? »

-Hein ? » Zoran soupire :

-Non, laisse tomber. » Il se lève brusquement et se dirige vers Ray, me laissant plantée là, incomprise.

Encore aujourd'hui je ne comprends toujours pas ce souvenir... Pourquoi revient-il maintenant ? Alors que je m'apprête à récupérer les clés pendues à côté de la pièce sur un crochet pour le libérer, Norman s'exclame depuis l'arrière de la troupe :

-Il ment ! Ce n'est pas le vrai Zoran ! » son ton baisse brutalement et il continue avec une tristesse amère « Zoran est mort il y a un an... » Tout le monde baisse les yeux. Évidemment, suis bête ! Zoran est mort. Des larmes coulent le long de mes joues, et un deuxième souvenir revient :

Zoran se tient devant la porte de l'orphelinat, un grand sourire sur ses lèvres.

-Je veux pas que tu partes Zoran ! Reste s'il te plais !... » Il affiche une mine désolée :

-Pardon Gilda... »

Zoran jette un regard plein de regret à Ray qui ne le regarde même pas, puis embrasse nos frères et sœurs les uns après les autres. Maman arrive juste après pour l'escorter au portail et le silence revient, mais beaucoup plus pesant.

Je secoue la tête. Ce n'est pas le moment de penser à ça.

Zoran s'écrie :

-Non, ne l'écoutez pas ! Je suis le vrai Zoran ! » Norman clame avec colère :

-Ah ouais ? Alors prouve le ! » Le prétendu Zoran baisse les yeux. Même en sachant que ce n'est pas lui, je ne peux m'empêcher d'avoir pitié pour lui : les grandes cicatrices qui défigurent son corps et les bandages qui le recouvre montre à quel point il est dans un piteux état.

-Laissez-moi faire. » Ray s'avance vers la pièce aux barreaux, et demande à « Zoran » de se retourner. Il s'approche de sa tête, et passe son doigt derrière son oreille.

-C'est lui, c'est bien Zoran. Il ne ment pas. » Nous reculons de choc, mais Ray n'a pas l'air de plaisanter. Il récupère les clés et ouvre la porte de la « prison ». Zoran sort de la pièce regardant Ray d'une expression que je ne parvient pas à décrire, puis nous enlace dans un câlin :

-Merci... je ne sais pas quoi dire... » Zoran essuie ses larmes « Je suis tellement heureux de vous retrouver !... »

Je le serre fort et tous mes sentiments du passé resurgissent. Je rougis et détourne le regard :

-Merci d'être resté vivant pour nous tous, Zoran. Je t'aime très fort. » Il m'offre un merveilleux sourire et murmure juste pour moi :

-Moi aussi Gilda... Je te remercie d'être restée debout malgré toutes les épreuves... » Je le fixe comme une idiote avec une stupide expression flattée.
L'amour rends aveugle, c'est vrai.

(PDV Soeur Sarah)

L'heure fatale est arrivée.
Debout sur le mur, on a un magnifique point de vue sur la totalité de Grace field house. Le centre brille d'une lumière inhabituelle, mais ce n'a aucune importance, c'est la dernière fois que je vais le voir. Lucy, je vais enfin te rejoindre...

Je serre mon poing, et les objets dans ma paume produisent un petit bruit satisfaisant. Ce sont les traceurs des enfants, fraîchement extraits - enfin ceux des aînés, en tout cas. Le plan étant que je divertisse Isabella en faisant le tour de l'enceinte en me faisant passer pour eux, ces breloques me sont indispensables. Mais maintenant que j'ai fini mon tour, il faut enclencher la phase finale.

J'avance doucement vers le bord extérieur mais juste avant la chute, je récupère de ma poche un petit avion de papier froissé et le dépose sur le mur.
Je suis sur qu'elle comprendra.

Puis j'inspire l'air a plein poumons et saute.

(PDV Soeur Martha)

Sauver... un de mes frères et sœurs ? Est-ce vraiment possible ? Où n'est qu'un autre mensonge d'Isabella ?

J'attrape l'appareil et tente d'activer le bouton. Il faut que je parle à mère-grand !
Je bidouille l'objet jusqu'à ce que j'entende une alarme. L'alarme d'évasion.

Ça y est, ils ont détecté le signal de la sortie de la zone autorisée de Sarah, et aussi celui des traceurs. D'ici là, Sarah a déjà reçu une décharge électrique et son cœur est à l'arrêt.

-Une... une évasion ! Sarah avait raison ! Bon sang, je n'ai rien vu venir ! » La voix paniquée de ma supérieure remplie la pièce, et elle se dirige vers la trappe bloquée de l'extérieur.

-Il ont tout prévu, c'est impossible ! » elle frappe sans cesse dessus, mais rien ne marche.

-Isabella ! Que ce passe-t-il ? Une adulte est sortie de la zone restreinte et le signal de 5 enfants à l'extérieur à été intercepté ! Le reste du bétail est non localisable ! VEILLEZ M'EXPLIQUER LA SITUATION TOUT DE SUITE ! »

Je fouille la pièce du regard, et aperçois le transmetteur en marche. Mère-grand. Isabella peine à expliquer la situation à notre cheffe et elle appelle la totalité de la garde démoniaque. Ça ne va pas leur plaire, mais alors pas du tout... Je ferme les yeux et croise les doigts. Dépêchez-vous les enfants, vous n'avez plus beaucoup de temps...

Salut salut !

Ce chapitre vous a un peu plus éclairé ? De toute façons, le prochain sera encore mieux ! 😉 Je vous laisse ruminer les informations que vous venez de recevoir avant de publier la suite... 😁

Zumi42