CHAPITRE 2

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HOPE

Dans la voiture qui nous amène chez les parents de Joshua, Fire Escape de Fastball passe à la radio. Je pose la tête contre la vitre et m'imprègne de cette musique si inspirante.

'Cause I don't know who's side I'm on

Parce que je ne sais pas de quel côté je suis

I don't know my right from wrong

Je ne connais pas mon bien du mal

I don't know where I'm going to

Je ne sais pas où je vais

La véracité des paroles chantées par le leader du groupe me frappe. C'est exactement ce que je ressens depuis dix ans. Je suis perdue, je ne me connais pas moi-même. Avec Joshua, je me laisse guider, je le laisse prendre les décisions, en profitant de son amour. Est-ce que cela fait de moi une mauvaise personne ? Je le rends heureux, non ? N'est-ce pas cela le plus important ? Ma conscience est-elle sauve si je dis que je l'aime en retour sans savoir réellement si c'est la vérité ?

Toutes ces questions me font mal à la tête, je préfère éteindre mon cerveau, c'est plus simple.

Je jette un œil à mon petit ami qui sifflote la dernière chanson du moment, en tentant de comprendre la raison pour laquelle c'est si essentiel pour lui de me présenter sa famille. J'ai beau essayer de donner le change, je ne suis pas plus enthousiaste qu'il y a une heure de rencontrer les parents et la sœur de mon compagnon.

Je suis injuste.

Et pourtant, c'est ce que je ressens. Je ne me reconnais pas. Là, affublée d'une robe fleurie, en sandales à talon, maquillée et coiffée, ce n'est pas moi. Je préfère les jeans, les tee-shirts simples, parfois à l'effigie de héros de la pop culture.

Je voudrais être au boulot, entourée de la ferveur des fêtards du week-end, mais j'ai promis à Joshua que je prenais un congé ce soir alors je tiens parole.

Je bosse dans un bar inspiré des pubs irlandais, dans le centre de Los Angeles. L'établissement s'offre une belle réputation. Souvent avide de rencontres et de bonne musique, la jeunesse s'y précipite presque à chaque fin de journée. La population est très hétéroclite, vous pouvez tout aussi bien croiser un chef d'entreprise en costume, qu'un étudiant paumé. Je travaille exclusivement derrière le comptoir, et certains soirs, le bar est tellement bondé que je sue sang et eau pour contenter les clients. Je rentre tard dans la nuit à la maison, épuisée. Mais j'aime ce job, car il m'oblige à verrouiller mes pensées, à ne pas réfléchir pendant tout mon service ; ensuite, la fatigue est trop importante pour que mon cerveau s'active. Ce boulot, c'est mon échappatoire. Quand je sers mes clients, que je prépare des cocktails, je ne pense pas à ce qu'il s'est passé dans cette cave. Je suis juste une fille normale de 24 ans.

Avec mon diplôme, j'aurais pu obtenir un job bien mieux payé. Seulement, j'étais effrayée à l'idée de travailler derrière un bureau, assise toute la sainte journée. J'ai besoin de bouger, de me fatiguer physiquement, et mon poste au bar est parfait pour ça. Nous en avons discuté très souvent avec Joshua, mais il me connaît assez pour savoir qu'il ne faut pas me forcer. Peut-être qu'un jour, je changerai d'avis. Je ne suis pas fermée à l'idée d'explorer d'autres opportunités professionnelles dans l'avenir. Pour l'instant, je me contente du bar-pub, et je suis comblée.

Mon petit ami ralentit le véhicule aux abords d'une zone résidentielle, et je constate la taille gigantesque des maisons. J'avais oublié que ses parents étaient dans le milieu du cinéma, et que leurs salaires ne ressemblent sûrement pas au pécule mensuel que Terry, le patron du bar, me verse.

Wild Beauty [sous contrat chez GLAMENCIA EDITIONS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant