Ma Black Widow.

47.

Jessie pov :

C'est dimanche, je suis toujours sur le campus. Je prends une douche en attendant que May vienne me chercher.

Disons que depuis que j'ai rompu avec Natasha, rien n'a vraiment changé pour moi. Je pensais que ça me ferait du bien, non pas que je ne l'aime plus... parce que je l'aime toujours et beaucoup. Mais je ne peux pas être avec elle.

Natasha a quitté le campus hier, je ne sais pas où elle est allée... mais je ne pense pas qu'elle reviendra tant que je serai là. Et je comprends ça, je lui ai probablement brisé le cœur, mais si elle savait que j'ai fait ça pour la sauver.

Je déteste peut-être tout le monde depuis la mort de mon père, mais pas Natasha. Je sais qu'elle veut vraiment m'aider, même si je ne pense pas qu'elle puisse le faire.

Mon père me manque à chaque seconde, et je n'arrête pas de penser à la mort depuis qu'il est parti, et personne ne le sait, pas même May.

Je blâme Bucky et tous les autres pour ce qui s'est passé ce jour-là, parce que je pense que cela me permet de me sentir mieux d'une certaine façon... au moins, cela m'a permis d'arrêter de me blâmer moi-même pendant un moment.

Je ne sais pas comment ils font pour passer à autre chose, ça fait un an, mais j'ai l'impression que c'était hier... J'ai fait beaucoup de cauchemars à propos de ce jour-là, mais ils se sont arrêtés, probablement parce qu'un autre cauchemar a pris sa place.

Et entre ces deux cauchemars, je ne sais pas lequel est le pire.

Tout le monde essaie de m'aider mais je continue à les repousser, j'ai l'impression de ne pas vouloir aller de l'avant... probablement parce que j'ai refusé de croire que mon père était vraiment parti.

Mais comment pourrais-je l'accepter ?

Je n'arrête pas de penser à tout le temps que j'ai perdu avec lui, à toutes les choses que nous aurions pu faire mais que nous n'avons pas faites... et pour tous les souvenirs que j'ai avec moi, il me manque encore plus.

Je ne veux pas dire au revoir, pas à lui.

Après presque une heure sous la douche, je reste dans ma chambre. Je descends à peine, car quel est l'intérêt d'y aller ? Je suis toujours en train de me disputer avec ma mère et je parle à peine, et comme Natasha n'est pas là, je n'ai pas envie d'être là non plus.

Je vais dans mon lit, avant d'allumer la télé et de mettre le dernier message que mon père a fait pour nous. Je ne sais pas combien de fois je l'ai regardé depuis un an, mais beaucoup... probablement plus que je ne le devrais... mais c'est la seule façon pour moi de le voir.

Même s'il n'est jamais vraiment là.

Dans son message, il parle du monde, des familles, de sa vision des choses et de ce qu'il voudrait qu'il soit. Il dit aussi que tout se passera comme prévu. Et il a terminé son message en me disant qu'il m'aimait trois fois mille.

Chaque fois que je regarde son message, je ne peux pas m'empêcher de pleurer... ça ne devait pas se passer comme ça, il devait survivre et être ici en ce moment, avec moi, avec nous... et nous aurions été heureux.

Mais ce n'est pas le cas, et j'aimerais pouvoir changer ça... J'aurais aimé pouvoir le ramener à la vie comme je l'ai fait avec Natasha ce jour-là, mais je n'ai pas pu.

Je savais que quelque chose de vraiment mauvais allait arriver, et quand j'ai perdu Natasha, j'ai pensé que c'était ça et qu'elle était revenue, et j'ai pensé que tout était fini.

Mais ce n'était pas à propos de Natasha... c'était à propos de mon père.

Peut-être que l'un des deux devait mourir, mais je ne pouvais pas perdre mon père sans perdre Natasha non plus. Ils sont tous les deux si importants pour moi.

Mais j'ai perdu mon père, et je n'ai pas perdu Natasha...

Nous n'aurions dû perdre personne, ça n'aurait pas dû se passer comme ça, mais c'est arrivé... Et personne ne peut changer ça, alors les gens vont de l'avant.

Tout le monde sauf moi, apparemment.

Et alors que je pensais encore à mon père, à Natasha et à la vie tout court. Quelqu'un est entré dans ma chambre. Et c'est May.

"Coucou, toi." Elle me dit doucement.

"Bonjour". Je réponds doucement.

"On peut parler ?"

J'acquiesce. "Oui, de quoi ?"