Ce n'était pas une dispute trop sévère, mais il n'empêche que Nako nous a bien tapés sur les doigts, lorsqu'elle est arrivée avec le repas.
On a eu droit ensuite à un bon sermon d'une demi-heure sur la nécessité de bien s'entendre et de se comporter en adulte responsable. Bon, je comprends où elle voulait en venir, je pense qu'elle et moi partageons la même peur, celle que ce genre de disputes bénignes ne finisse par dégénérer en quelque chose de bien plus grave. Mais quand même.
Ruben avait l'air de vouloir s'enterrer dans un trou de souris. Flor, pourtant même pas concernée, a marmonné quelques mots d'excuse devant la toute-puissance maternelle. Et je dois bien le dire, Emerens lui-même n'en menait pas large. Et pourtant, je ne le croyais pas du genre à écouter sa mère.
On va éviter toutefois de s'aventurer sur ce terrain-là.
La cuisine de Nako, délicieuse de surcroit, avalée, nous nous sommes posés dans le canapé pour reprendre les jeux de cartes. Dérangés de temps en temps par Flor, qui fait la chasse à toutes les taches qu'on a laissés derrière nous pour les nettoyer à coup de savon, et par-là j'inclus aussi les blagues crasses d'Emerens.
Le nombre de fois où elle lui a pulvérisé de l'eau en pleine figure...
J'ai bien tenté de lui dire que faire le ménage aussi en profondeur n'était pas nécessaire, mais elle s'est contentée de lever les yeux au ciel et de continuer à frotter. Eh bah bordel, je veux pas faire un cliché sur les filles, mais vraiment, Flor, quelle maniaque, on dirait ma...
Ouais non, je vais pas m'aventurer sur ce terrain là non plus. Emerens n'est pas le seul à avoir des problèmes avec les mamans.
Enfin bref. Du coup, Moanaura a pris sa place dans le canapé, et la communication, bien qu'hasardeuse, se fait. Heureusement pour moi, Moanaura connaît la plupart des jeux de cartes d'ado et ne voit aucun inconvénient à ajouter des règles votées dans les groupes. J'ai fait un peu de trad, évidemment, mais au-delà de ça, le jeu est universel.
« On devrait faire un strip poker, pour le prochain tour, » ricane Moanaura après nous avoir tous écrabouillés à la belote. Enfin, presque tous.
Le seul à ne pas avoir joué, Emerens, a un léger rire après ma traduction.
« T'es sûre que tu veux me défier sur ce terrain ?
— Certainement pas, soupire Ibrahim. Je vous rappelle qu'il y a des adolescents, ici. »
L'adolescent en question, Ruben, hoche vigoureusement la tête, rouge tomate, et jette un regard outré à Emerens qui ne se départit pas de son sourire de travers.
« C'est vrai, quel dommage... Je t'en proposerai un plus tard, alors, Ibrahim ?
— C'est toujours non. »
Le Soldat secoue la tête, l'air amusé malgré la sécheresse de sa réponse. Et j'espère bien qu'il dit non. J'ai vraiment aucune envie de me désaper devant mon meilleur ami et des quasi-inconnus, hein, surtout que je ne suis pas très doué au poker. Et que, vu le talent de Moanaura pour nous plumer à la belote, à mon avis, y'en a au moins une qui nous écrase.
Ruben, qui tient depuis tout à l'heure en ayant eu les quatre as au moins trois fois d'un coup, se gratte le crâne, gêné.
« On peut peut-être changer de registre ? Avant que... Eh bien, que certains proposent... D'autres gages salaces.
— Si on ne peut plus rigoler, pouffe Emerens. Mais je me rends à cet argument. On a des jeux de plateau, ici ? »
Alors là, s'il y a quelqu'un en mesure de nous renseigner, c'est bien Flor, vu à quel point elle astique en profondeur depuis tout à l'heure. Je me tourne vers elle pour lui poser la question, et elle hausse les épaules, avant de reposer ses chiffons.
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L'Art de Créer l'Espoir
Mystery / Thriller(Note : Ceci est la version réécrite de The Art of Creating Hope) Seize Ultimes perdus dans les airs, Perdus dans les airs, Dans les airs.... Se réveiller dans une cité inconnue est déjà très étrange. Se réveiller dans une cité inconnue dans un...