Prologue (4) : La fierté comme unique rempart

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« Très bien, maintenant qu'on est coincés sans retour possible. Quelle est la suite des évènements ? »

Merci, Emerens, de citer l'évidence. Le soleil se couche, on a pas d'hélico, on est tous complètement à plat, mon estomac gronde, j'ai absolument aucune idée de l'heure qu'il est parce que comme tout bon kidnappé je n'ai pas mon foutu portable, et en plus de ça on est coincés à six plantés comme des cons depuis cinq bonnes minutes.

Six ?

Pardon, cinq. Sachiko a disparu on ne sait où. Sans doute le soleil couchant qui l'a convaincue qu'on était pas des gens assez intéressants pour dormir avec.

Parce que je crois qu'on a pas d'autre choix, là, faut dormir ici.

Seo-jun se gratte la tête.

« A moins que tu veuilles faire le pied de grue, mon pote, je pense qu'on a pas le choix, il faut bouger. Ça vous dérange si on se joint à vous ? On sera mieux à cinq qu'à deux...

— Oh, pas de problème pour moi, tu finis par le savoir–

— C'était pas à toi que je posais la question, abruti, pouffe Seo-jun, visiblement beaucoup plus détendu maintenant que Sachiko n'est plus là. Plutôt aux deux autres. Thibault et Alannah, c'est ça ? »

Ce disant, il se tourne vers nous, sourire affable aux lèvres. Ouais, décidément, il est beaucoup plus détendu que tout à l'heure. Je ne vais pas m'en plaindre, maintenant que Sachiko n'est plus là pour se disputer avec tout ce qui bouge, moi, je me sens beaucoup mieux, et la présence d'Emerens en est redevenue bien plus agréable.

« Nan, moi j'ai pas de problème avec ça, je dis, haussant les épaules. De toute façon, on sera mieux ensemble que séparés, et si on se trouve un point de chute, ce sera encore mieux. »

Surtout, je pense qu'un soldat et un garde du corps, ce sont des atouts contre qui tente de me tuer dans mon sommeil. Et tant qu'ils ne savent pas la véritable valeur de mon titre, j'ai toujours une chance de m'en faire des amis...

« Autant qu'on bouge, ouais, renchérit Alannah. De toute façon, si la nuit tombe, je vais être beaucoup moins utile. Mes mouches ont des caméras thermiques et infrarouges, mais c'est moins fiable que les images en direct pour pas vous perdre de vue, et quelque chose me dit qu'il vaut mieux pas qu'on se perde de vue. »

On va oublier le fait que Sachiko et Ansgar se sont toutes les deux barrées de leur côté, sinon on va pas s'en sortir. De toute façon, y'a plus important, à commencer par mon estomac qui grogne. Fort. Genre, « baleine échouée » level de puissance sonore.

Emerens ne peut s'empêcher de pouffer.

« Ah, eh bien, je crois qu'il va falloir qu'on monte un camp, oui. J'aimerais vraiment éviter que Thibs meure d'inanition, et je crains que ce grondement de lion affamé ne me laisse pas beaucoup de temps.

— Crevard, je ricane, rictus aux lèvres. Fais genre tu fais pas plus de bruit quand tu ronfles.

— Tu semblais ne pas t'en plaindre il y a huit ans de cela. Allez, on va le monter, ce camp, oui ou non ?

— Je pense que ça vaut mieux, oui, rigole, doucement, Ibrahim. De toute façon, il y a assez de maisons pour qu'on puisse se trouver un endroit confortable... Même si ça serait bien d'en trouver une proche des réserves de nourriture. Tous les supermarchés ne sont pas remplis...

— Ah bah ça c'est facile, intervient Alannah, la bave aux lèvres. Parce que pas besoin de mouches pour traquer cette bonne odeur de viande grillée ! Miam miam le bon steak ! »

Viande grillée ? Déjà ça m'intéresse, ensuite c'est la preuve que quelqu'un d'autre est sur place et fait la cuisine. On en est à sept Ultimes rencontrés et huit confirmés, donc soit on retrouve Ansgar et Sachiko, soit on tombe sur la fameuse fille au sabre, soit il y a d'autres gens, et honnêtement, je penche pour la troisième option. Autant rejoindre un campement déjà installé.

L'Art de Créer l'EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant