Une vengeance suicidaire

24 3 0
                                    

Elle fut réveillée par un brisement de verre. Étant assez paranoïaque, elle s'imagina tout de suite un voleur pénétrant sa demeure. Elle se leva doucement, sans bruit, et attrapa le premier objet qui lui tomba sous la main, même si elle l'avait plus ou moins choisi : une batte de baseball comme seule défense. Elle l'imaginait déjà, grand, trapu, se jetant sur elle avec son couteau pointu.

Elle sortit de sa chambre, sans un seul bruit. Le noir de la nuit avait envahie la maison, mais elle n'osait pas allumer la lumière. Elle arriva dans le salon où elle vit un vase écrasé par terre, entouré de milliers de morceaux. Son chat, Félix, vint ronronner à ses pieds.

- « Alors c'est toi, s'exclama-t-elle, qui a renversé mon vase par terre ? »

Elle posa la batte par terre contre l'armoire du salon et alla chercher un balai. À son retour, la batte flottait, littéralement. Elle volait dans les airs effectuant des gestes désordonnés. En un sursaut d'horreur, elle laissa échapper le balai de ses mains tremblotantes. La batte se mit à donner des coups dans le vide. Elle frappa violemment le pauvre Félix qui partit s'écraser contre le mur d'à côté. Elle était pétrifiée, tétanisée de peur. La batte devint folle de rage, donnant des coups en tous sens et se rapprochant dangereusement d'elle. Elle se mit à crier et ramassa le balai à ses pieds pour se défendre. La batte le brisa en deux et s'écrasa au sol, sans vie. Elle crut que tout était fini, mais elle sentit une pression sur son cou. Comme si on l'étranglait. Incapable de bouger, de crier, de réspirer. Elle tenta de se dégager, mais elle n'y arrivait pas.
Elle sentit un souffle glacé dans le creux de son oreille. Puis une voix inconnue, douce et enfantine, pleines de dégoûts et d'amertume, lui souffla des paroles.

- « Tu sais qui je suis, n'est-ce pas ? »

Oui, elle savait.

Cette petite fille qu'elle avait malencontreusement renverser sur une petite route de campagne. Cette pauvre âme innocente, qui n'avait rien fait, rien demander. Qui avait juste été là, au mauvais endroit. Elle n'avait jamais eu le courage de le dire à la police, ni à personne d'autre au monde, d'ailleurs. Après cette nuit, sa vie avait totalement changer. Sa vie n'était plus que souffrance et remords. Se souvenir macabre la hantait jour et nuit.

Des larmes tièdes coulèrent le long de ses joues pour finir dans le creux de ses lèvres.

Elle sourit.

Elle était heureuse, pour la première fois depuis longtemps. Heureuse d'enfin payer sa dette.

Une vie pour une vie.

Elle rendit son dernier souffle, oublia cette nuit, oublia toute sa vie. Elle cessa de penser, elle cessa d'exister.

_______________________

Dans le poste de police de la ville, un homme pleurait. Il n'avait cesser de pleurer depuis se matin.

- « Je sais que c'est très dur pour vous, mais il faut vraiment que je rédige mon rapport, je peux vous laisser encore un peu de temps et venir vous rechercher un peu plus tard si vous voulez ... »

- « Non, c'est bon, ça va aller, merci. »

Il prit un mouchoir et essuya ses yeux rougis.

- « Vous êtes sûr ? »

- « Oui, allez-y. »

Le policier s'éclaircit la voix.

- « Vous vous êtes réveiller, ce matin vers neuf heure environ. Vous vous êtes tout naturellement diriger vers votre salon. Vous avez decouvert votre femme ... pendue ... Ainsi que votre chat blessé. Et il y avait cette batte de baseball que vous n'avez jamais vu se trouvant également sur les lieux, c'est bien cela ? »

- « Oui. »

- « Et c'est cela qui vous porte a croire que c'est un meurtre ? »

- « Oui. »

Short StoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant