Chapitre 2

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Je pense que se retrouver seule n'est pas vraiment imaginable. Seulement une fois qu'on est bien seul on comprend que c'est sans issue et que nous ne pouvons rien faire pour inverser la tendance.

Je pense que être seule c'est certainement ce que je déteste le plus au monde. Je suis tellement habituée à vivre avec du bruit autour de moi que je ne suis quasiment jamais sur mon bureau pour travailler mais toujours dans un café de New York. Mes patrons m'ont déjà fait suivre en pensant que j'allais donner des informations compromettantes à nos ennemis mais ils ont vite été déçus en comprenant que je ne faisais rien de tel et que au contraire j'étais beaucoup plus performante en travaillant comme ça que en travaillant devant un bureau dans une pièce avec pleins de gens... J'ai jamais été très à l'aise avec les lieux dans lesquelles je ne pouvais pas réfléchir à voix haute. C'est une habitude un peu étrange que j'ai gardé et qui avec le temps s'accentue. Je suis souvent gênée quand je croise le regard des gens qui m'entourent et que je réalise après coup qu'ils me jugent parce que je viens de parler tout haut.

Le temps est long quand on est enfermé dans un endroit sans pouvoir en sortir sauf quand les autres le veule. Ceux que j'appelle les autres ce sont ceux qui m'ont capturés et qui pensent pouvoir avoir un impact sur les États Unis. Le plus important dans ma couverture et de ne jamais dire que nous sommes des espions ennemis qui viennent essayer d'avoir des informations contre eux. C'est dangereux comme métier et nous savons que nous risquons notre vie à chaque instant. Un "accident" est si vite arrivé, il suffit que nous ne fassions pas forcément attention en fermant notre porte et le soir quand nous rentrons nous explosons dans notre maison. Ou alors il y a aussi des méthodes plus classiques comme les accidents de voitures avec les freins des voitures qui sont coupés, les vitesses qui ne fonctionnent plus et hop nous finissons dans le décors. Tragique mais aussi affreusement classique.

Ceux qui m'ont capturé me retiennent déjà depuis pas mal de temps et je sais qu'ils savent parfaitement qui je suis, qui sont les gens de ma famille et qui est mon copain mais ce qu'ils n'arrivent pas encore à déterminer c'est pour qui je travailles et quel rôle j'ai dans mon travail. Nous sommes entraînés à résister aux divers tortures physiques et morales mais certains lâchent plus vite que d'autres et c'est ce qui cause leur perte. Je suis dans cette situation depuis déjà pas mal de temps et je sais que je suis dans une très mauvaise position mais alors vraiment très mauvaise. C'est simple, plus nous passons de temps du côté ennemis plus nos coéquipiers vont avoir du mal à nous retrouver et vont devoir abandonné plus vite aussi. Le taux de chance que nous survivions en territoire ennemis et tellement faible que ça ne sert à rien de devoir mettre en jeu des vies humaines pour une qui n'a que très peu de chance de vivre plus de 48 heures seule. Pourtant j'ai dépassé cette statistique. Je suis ici depuis trois mois et je sais qu'il y a très peu de chance pour que je sois encore vivante aux yeux de ma famille. Ils ont dû dire que j'étais morte pour la patrie ou une autre connerie du genre. J'imagine très bien ma mère hurler de douleur qu'on lui ait enlevé son seul enfant biologique, mon père ne plus savoir réagir et mes frères s'inquiéter de l'endroit où je suis vraiment... Je pense surtout que celui qui a dû le plus souffrir doit être Gabriel. Cet homme est mon oxygène quand je n'arrive plus à différencier mon travail de ma vie personnelle et que je craque. Nous nous sommes rencontrés au FBI puisque c'est mon patron. Cliché ? Horriblement. Cependant je crois que c'est lui qui n'a pas compris ce qu'il s'est passé et c'est d'ailleurs ce qui me fait bien rire dans notre relation. Il est brun au yeux bleus. J'avoue que le début de notre relation était assez catastrophique mais en même temps il venait de ruiner mon t-shirt préféré et j'ai pas pu m'en empêcher mais je me suis mise à l'insulter de tous les noms... Excessif ? Oui mais tellement libérateur. De fils en aiguille nous nous sommes rapproché et nous avons commencé à sortir ensemble et nous sommes maintenant fiancés mais j'ai dû partir avant que nous ne nous marions mais la dernière discussion que j'ai eu avec lui s'est terminée en dispute car il trouvait que cette mission était beaucoup trop dangereuse et que comme je suis têtue je refusais d'aller dans son sens et d'annuler ma mission. Si vous saviez à quel point je regrette cette dispute, ça n'aurait certainement rien changé à ma décision finale mais au moins j'aurais pu lui expliquer plus calmement ma position et mes arguments mais non il a fallut que nous nous disputions car nous avons tous les deux un égo énorme qui nous empêche parfois de faire un pas vers l'autre et s'excuser. Pour vous dire, il n'est même pas venu m'embrasser avant que je parte pour cette mission suicide. Deux de mes camarades ont trouvé la mort dans cette mission, Mélissa et Alice. Ceux sœurs et aussi deux personnes très sympas et compréhensives avec le travail que nous faisions ensembles. A ce moment précis, le moment où je les ait vu s'effondrées toutes les deux dans la petite ruelle où nous étions coincées j'ai compris que je ne pouvais plus avoir confiance en personne. Que la mort est toujours présente autour de nous, qu'elle nous menace à chaque instant de nos vie et que finalement nous sommes sans défense face à elle. Je me souviens avoir essayé de fuir mais une balle m'a atteint dans la jambe droite et j'ai été immobilisée au sol avant que trois personnes locales avec des fusils ne s'occupent de moi et me donnent un coup de matraque sur la nuque pour m'assommer.

Je ne peux pas dire que ce soit fantastique d'être prisonnière avec eux mais au moins je n'ai subit aucun viol et même si certains d'entre eux ont voulu essayer la méthode forte pour m'arracher des informations, ils ont comprit que ça servait à rien avec moi puisque après une énième séance quelque peu musclée je me suis évanouie et j'ai reçu une autre balle dans la jambe droite  je n'avais toujours rien dit. Ce qui les énerve plus que tout doit être mon silence et mon sourire moqueur que j'ai en permanence collé sur le visage...

Je te retrouverais même à l'autre bout du monde...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant