Une nuit remplie d'étoiles | Tonikawa

Une nuit remplie d'étoiles

La pièce s'emplit de l'odeur enivrante de son shampoing. Elle vient de prendre sa douche. Il faut dire que c'était prévisible après avoir fait une randonnée de quatres heures, elle qui n'aime pas que l'on sente sa transpiration. On se retrouve dans ce glamping, avec un lit king size parsemé de pétales de roses pour ajouter au romantisme ambiant. Sans oublier la touche finale qui vient parfaire ce tableau déjà bien trop idyllique : un plafond entièrement transparent, laissant paraître une toile d'étoiles, s'étirant à l'infini.

Seuls. Tous les deux. Dans cet espace clos par uniquement un tissu en guise de porte.

Heureusement que, comme par hasard, on nous a attribué celle qui se trouve être la plus grande, mais également la plus éloignée de toute la zone. Je soupçonne Kaname d'en être l'instigatrice, à moins que ce ne soit Tokiko elle-même...

Je sens que l'on est tous les deux tendus, personne ne dit un mot, ayant peur d'aborder la suite. Comme si une épée de damoclès allait nous tomber dessus pour nous séparer à cause du péché qui commence à me faire tourner la tête. Assis l'un à côté de l'autre sur un petit canapé au pied du lit, sans même se regarder.

Que dois-je faire ? J'ai terriblement envie de la prendre dans mes bras, mais mon corps est comme glacé que le moindre de mes gestes ne la gêne.

Après tout, elle est incroyablement chou quand elle est gênée, non ?*¹

La voix de mon petit démon intérieur vient de refaire surface. Celui qui me fait tomber dans la tentation. Tentation que je ne fais que commencer à explorer et goûter.

Et puis, on est bien marié, qu'y a-t-il de mal à se prendre dans les bras et à se cajoler ?

Galvanisé par ces paroles intérieurs, je me redresse un peu de ce canapé bien trop moelleux, comme pour m'échapper de la luxure et de la paresse à laquelle il m'appelle.

– Tsu... Tsuka-chou...

Ma voix se brise en sortant de ma bouche et vient s'écraser dans un fracas inaudible contre la toile de tente. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle se raidisse, déjà rouge comme une tomate. Elle m'a entendu.

Il faut que je trouve autre chose à dire, pour ne pas laisser le malaise s'installer.

Vite, autre chose....

– Est-ce que... Tu veux boire un peu des bouteilles qui sont là ?

Tout en désignant le petit meuble sur lequel était placé différents soda ainsi que deux grosses bouteilles de champagne. Sans attendre de réponse, je prends un soda, sachant pertinemment qu'elle était bien trop gênée pour vouloir regarder dans ma direction.

Je sers deux verres afin d'en tendre un à Tsukasa. Sans même se tourner entièrement vers moi, elle saisit maladroitement la coupe. Nos doigts se touchent tandis que le nectar orangé s'agite par nos légers mouvements de surprise.

– Oh attention, il ne faudrait pas que ça tombe sur ta jolie robe.

– Ce n'est pas très grave, j'ai de quoi me changer dans mes affaires... Dit-elle, la voix tremblante, toujours le regard fuyant. Avant de réaliser qu'il n'y avait pas d'autre pièce que celle dans laquelle on est.

La coupe se tient toujours, là, entre nos deux mains, personne n'a envie de la lâcher. Pour la faire me regarder complètement, je tends mon autre main afin de lui toucher la joue, la forçant à tourner la tête dans ma direction, ne s'attendant pas à mon geste.

Heureusement que je tenais fermement le verre, sinon son sursaut aurait tout renversé.

On se fait enfin face, le feu aux joues en cette nuit d'été fraîche, au clair de lune. Je me décide enfin à lâcher ce précieux contenant, lui permettant de boire une gorgée de ce liquide frais.