3 - Retour au présent

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– Tu te souviens ? Tu ne portais pas de culotte...
– C'était une coïncidence.
– Il n'y a jamais de hasard, Isia.

Je me retiens de crier. Ma cage thoracique se referme sur moi et donne l'impression qu'elle va bientôt se briser.

– Tu ne peux pas t'en aller pendant trois ans, m'ignorer pendant mille quatre-vingt-quinze jours et revenir pour me demander de me souvenir de notre passé. Tu n'as pas le droit de me faire ça, t'as une petite-amie !
– Et toi, tu avais un petit-ami quand nous avons couché ensemble.
– C'était une erreur.
– La plus belle de ma vie.
– Va-t'en, Nacio. Maor et ta copine sont en bas.
– Et alors ?
– Et alors, il n'y aura rien entre nous.
– C'est faux et tu le sais, dit-il avec conviction. Ton corps tremble, tu luttes de toutes tes forces.
– Pourquoi tu me fais ça ? Tu veux me faire du mal, encore une fois ?

Son expression marque l'étonnement.

– Tu m'aimes une fois tous les trois ans et tu t'en vas alors ne joues pas l'innocent.
– Je t'aime tout le temps, Isia. Et je souffre depuis trois ans parce que je ne peux pas être avec toi. Je ne cherche rien, pas un couple ni un plan cul mais quelque chose m'attire vers toi, tu te souviens ? Tu me le dis tous les trois ans.

Il s'approche de moi d'un pas inhabituellement hésitant. Je le sens sincère mais...

– Je vous ai entendus hier soir... Je te manque mais pas tant que ça finalement.
– Pourquoi tu veux tout gâcher ?
– Je rétablis juste la vérité.
– La vérité c'est que je pense à toi quand je suis avec elle et même quand je ne suis pas avec elle. La vérité c'est que je t'ai dans la peau et que je meurs de ton absence. Je meurs de la distance et souffre de la proximité. Je veux t'aimer pour toujours et non une fois tous les trois ans. À vingt-six ans, je veux construire ma famille.

Il tend la main vers mon visage et passe ses doigts craintifs dans mes cheveux mouillés.

– Et si nous arrêtions cette mascarade ?

Son pouce cajole mes lèvres.

– Et si nous acceptions de vivre notre histoire, sans qu'il n'y ait plus aucun figurant ?

Je me détends et me laisse faire. Il a raison. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Nous devons assumer nos sentiments et nos actes. Nous avons perdu trop de temps — six ans — alors que nous aurions pu l'éviter. Il dénoue ma serviette qui tombe subitement au sol. Nos regards ne se quittent pas, son visage n'est plus qu'à quelques centimètres du mien. Je lève la tête pour mieux le contempler et lui souris. Puis, j'effleure ses lèvres des miennes, les éloigne et recommence trois fois avant qu'il ne décide de les scinder complètement. Ma bouche réclamait la sienne, son goût m'avait affreusement manqué. Je me sens revivre. C'est comme si je revivais nos débuts. Il m'attrape la taille, me soulève et me demande :

– Je peux embrasser tes lèvres ?
– Je suis tout à toi.

Il me pose délicatement sur le lit et parcourt mon corps. Je sens que notre relation prend un autre tournant ; un tournant vers des jours plus heureux et plus aimants.



Fin

Idylle confuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant