Chapitre 1 : Un rêve anglais

41 3 3
                                    

Chapitre 1 : Un rêve anglais

17 janvier 1856, Toulouse.

Cette journée était l'une des plus froides de l'année, le vent sifflait contre les fenêtres, tandis qu'une pluie battante inondait les rues d'eau et de grêlons.

Dans l'une des plus grandes demeures de la ville, une jeune fille de quinze ans révolus aux longs cheveux bruns lisait un roman, assise sur un divan couleur corail, installé près d'une cheminée où quelques maigres flammes subsistaient.

Suzanne - car c'était son nom, était admirée de tous grâce à sa beauté, son intelligence, sa gentillesse ainsi que sa gaieté encore enfantine.

Sa mère, Marceline, voulait la voir bien éduquée, puis mariée à un jeune homme de la haute société, mais au fond d'elle, tout ce qu'elle souhaitait, c'était de s'envoler en direction de l'Angleterre, y faire ses études puis y vivre, son père le savait et respectait ce choix, cependant, elle n'en avait rien dit à sa mère, de peur de l'inquiéter ou même l'énerver.

Depuis son plus jeune âge, elle avait toujours prouvé un grand intérêt pour l'Anglais et le parlait à présent presque parfaitement, se perfectionnant toujours dans l'espoir de réaliser son rêve un jour prochain.

Mais en ce moment même, sa seule préoccupation était de terminer le livre de romance qui lui avait été offert par sa mère, une femme de quarante-sept ans assez stricte qui voulait le meilleur dans l'éducation de sa fille, sans réellement se soucier de son bonheur.

Suzanne leva les yeux, et elle vu la foudre s'abattre sur un arbre situé à proximité de la maison, elle décida alors de migrer vers le rez-de-chaussée, ou les trois domestiques du foyer s'affairaient au fourneaux, soucieuses de préparer un repas digne de ce nom en l'honneur du retour du père de la famille, Bernard, car il rentrait d'une semaine à Paris, capitale où il avait séjourné pour, comme il l'avait si bien dit : "affaires économiques".

C'est en entendant les grognements fougueux de l'orage que les trois enfants du foyer descendirent les marches d'un pas pressant, le visage effrayé, suivis de près par Nicolas, leur grand-frère âgé de dix-neuf ans, ce dernier, très agacé de se voir servi par les domestiques, commença à mettre le couvert, sous les yeux indignés de leur femme de ménage Huguette, une vaillante sexagénaire qui travaillait pour cette famille depuis des années.

Nicolas était passionné de droit et comptait devenir avocat, très soucieux de la liberté et l'égalité de chacun, il était sans cesse en train de citer des passages ses livres de droit, et disait se relier au mouvement socialiste.

Sa sœur était très proche de lui, et il était, comme leur père, très fier de la voir si bien instruite et vive d'esprit.

 Elle lui avait parlé de son potentiel projet de s'envoler vers l'Angleterre et il s'en voyait ravi.

Malheureusement, dans toute cette joie, un évènement terrible arriva : un fiacre arriva à toute allure, son passager frappa des coups violents sur la porte de chêne, Nicolas ouvrit à l'inconnu, qui s'avérait être le meilleur ami de leur père, c'était un homme très sympathique et souriant, mais, cette fois, il n'abordait pas son sourire habituel, mais bien une mine pesante...

Il demanda à voir la mère des enfants, qui était installée dans le petit salon de la maison, il se dirigeât vers elle, puis lui annonça avec un air sincèrement désolé que son mari était tombé de son cheval et se trouvait à présent à l'hospice, entre la vie et la mort...

C'en fût bien trop pour la femme, qui peina à rester debout, avant de tomber au sol, sous le choc après une telle nouvelle...

Lorsqu'elle se réveilla, son fils et Jeanne, la plus jeune des domestiques était à son chevet, un mouchoir et un saut d'eau à la main, soudain rassurée de la voir réveillée, tandis que son fils lui sauta dans les bras, heureux de pouvoir la voir...

Le tonnerre grondait, le froid et la pluie régnaient : c'était la fin du rêve... et le début d'un cauchemar...

La famille Durant - Tome 1 : Le rêve anglaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant