Chapitre 2 : Un environnement pesant

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18 janvier 1856, Toulouse.
Le lendemain matin, la maison, auparavant si joyeuse et bruyante, était devenue calme, silencieuse, seule une pluie fine avait l'audace de briser ce silence glaçant...
Les trois enfants de la maison venaient de se réveiller, le plus jeune était Louis qui venait de passer les 6 ans, ses deux grandes sœurs se nommaient Agathe et Lucie, âgées de 10 et 12 ans.
Tous trois descendirent les escaliers avec de petits pas timides, soucieux de ne pas réveiller les occupants de la maison.
La femme de ménage nettoyait les meubles à l'aide d'un plumeau, accompagnée de Hélène, la jeune domestique du foyer, qui mettait le couvert pour le petit-déjeuner.
Suzanne se levait alors, avec une mine grise, le visage fatigué, témoignant d'une nuit sans repos.
Nicolas arriva alors, lui aussi avec un air triste, dépourvu d'énergie.
Personne n'osait prononcer un mot, l'annonce de la veille ayant mit les enfants dans un état de choc et de peur de perdre leur père aimé, leur pilier, cet homme au cœur ouvert, qui avait toujours tout fait pour sa famille.
Cet homme qui leur avait tout offert, qui avait toujours été compréhensif, aimant, qui passait la plupart de son temps à lire à ses enfants, à les instruire, les éduquer...
Suzanne ne pouvait compter que sur lui pour pouvoir un jour partir à sa destination de rêve : l'Angleterre, sa mère ne lui permettrait jamais une telle chose.
Mais la jeune fille ne pensait pas encore aux conséquences de ce cruel accident qui allait plonger l'existence de la famille dans une terrible incertitude.
Tous finirent leur petit-déjeuner, qui fut rapidement débarrassé par une domestique, lorsque leur mère arriva dans la pièce, elle avait encore l'air faible, mais avait repris des couleur depuis son malaise de la veille.

Elle demanda à Huguette d'emmener les enfants dans la nurserie de l'étage, et annonça à Suzanne et Nicolas qu'ils allaient rendre visite à leur père à l'hospice.

Les deux jeunes gens prirent un fiacre avec leur mère, et ce simple trajet leur sembla durer une éternité : le bruit des gouttes qui s'écrasaient sur les vitres, le grincement des roues et le glissement des pas des chevaux sur les pavés devenaient un supplice, ce temps morose accordé à leur mélancolie, leur rappelait sans cesse qu'ils avançaient dans un avenir sinueux et désordonné...

Les quelques minutes qui s'étaient écoulées leur paraissaient comme des heures, des jours, ou même des semaines, leur peur était vive, celle de voir leur père au plus bas, presque mourant, l'idée de le perdre les hantaient tant, qu'avant l'arrivée ils ne prononcèrent pas mot.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin devant les portes de l'hospice, le cœur de Suzanne battait à tout rompre, tandis que sa mère se signait, fervente chrétienne qu'elle était.

Le grand mais frêle Nicolas, pourtant le plus téméraire des trois, hésitait vaguement à rentrer, ils restèrent donc là quelques instants, plantés devant une porte de chêne assez imposante, avant de se décider à rentrer.

Ils poussèrent enfin les battants de l'entrée pour arriver dans un hall ou un grand comptoir prenait place, ils avancèrent pour se présenter, la sœur converse appela alors sa supérieure, une femme d'un âge mûr, très digne dans sa longue blouse blanche ornée d'une croix d'argent.

Marceline, la mère, expliqua leur situation et demanda s'ils pouvaient voir M.Durant.

On les conduisit alors dans un long couloir avant de les laisser devant la porte de la chambre 157, cette fois, ils n'hésitaient plus, ils voulaient le voir, lui parler, avoir des renseignements au près des médecins.

Suzanne ouvrit la porte et eut beaucoup de mal à contenir un cri d'horreur...

La famille Durant - Tome 1 : Le rêve anglaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant