L'asperge intergalactique

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Je rentrais des courses un peu plus tôt que prévu, trimballant trois sacs remplis à craquer de légumes de saison et autres provisions.
Comme d'habitude, je fis le trajet dans un silence absolu, fidèle à mon habitude de ne pas croiser âme qui vive.

Je partageais cet appartement modeste avec une personne qui ne connaissait ni la discrétion ni la logique : Satoru Gojo, le colocataire ultime... dans le pire sens du terme.

Sans perdre de temps, je me dirigeai vers la cuisine pour ranger les produits périssables. Mais bien sûr, la journée ne pouvait pas se passer sans un drame : le pot de sauce tomate m'échappa des mains et s'écrasa violemment au sol.

Moi : (Merde.)

Grommelant, je décidai de me laver les mains avant de nettoyer ce massacre. Mais évidemment, l'évier de la cuisine était toujours bouché (merci Gojo et ses idées lumineuses d'y rincer des nouilles instantanées sans passoire).

Moi : (Putain mais c'est pas possible aujourd'hui !)

Avec la rage d'un soldat en mission, je partis en direction de la salle de bain. J'ouvris la porte d'un geste sec et tombai sur... l'indescriptible.

Gojo (en pleine incantation dramatique) : "RYŌIKI TENKAI... GROSSISSEMENT DE L'ASPERGE ! ÉVOLUTION INTERGALACTIQUE !"

BOUUUUUM !

Un bruit sourd, un vent étrange, et une vision qui allait hanter mes cauchemars pour toujours.

Moi : QUOI ?! MAIS C'EST...

Le sol vibrait encore quand je réalisai que son truc avait littéralement triplé de taille, transperçant la baignoire, le carrelage, et même le mur voisin. Une moitié de lui était encore coincée dans le placo, et l'autre... eh bien, elle avait clairement fait intrusion chez les voisins.

Gojo : "T/P ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?!"

Moi : "CE QUE JE FAIS ?! Mais c'est toi qu'on devrait interroger ! Depuis quand tu utilises ton matos comme un foutu bélier ?!"

Gojo (rouge de honte, ou peut-être d'effort) : "Attends, je peux tout expliquer..."

Moi : "Oh oui, je t'écoute. Vas-y, explique-moi pourquoi tu es coincé le ZEUB ENTRE DEUX MURS !"

Il tenta un sourire maladroit.

Gojo : "J'étais en train de m'entraîner à maîtriser ma technique."

Moi : "MAIS TU FAIS ÇA AVEC TON... TON ASPERGE ?! On va finir au journal local, c'est sûr. 'Un exorciste détruit l'immeuble à coups de bite'."

Gojo : "Écoute, j'ai besoin d'aide. Je suis coincé, là."

Moi : "Et tu veux que je fasse quoi ? Que je te frotte à l'huile comme une poêle en fonte ?"

Gojo : "Pas une mauvaise idée. T'as de l'huile dans les courses, non ?"

Je soupirai si fort que je crus sentir mes poumons me dire adieu. Quelques minutes plus tard, je revenais avec une bouteille d'huile déjà entamée (hors de question de gâcher une neuve pour ça).

Je versai une bonne dose sur sa... situation, et attrapai l'entièreté de ce... tronc... pour essayer de le dégager.

Gojo : "Aïe ! Doucement !"

Moi : "Doucement ?! Et toi, tu réfléchis doucement avant de transformer ton appart en zone sinistrée ?!"

Après une lutte acharnée et des bruits que je préfère oublier, un "POUUF" retentit, et son engin finit par se libérer. Je tombai sur le sol, l'huile dégoulinant partout.

Mais le pire restait à venir.

De l'autre côté du mur, Régis et Josiane, nos voisins septuagénaires, étaient figés. La moitié de leur salon ressemblait à une zone de guerre. Leur canapé était renversé, leur télévision clignotait comme si elle avait vu le diable, et leur chien, Nonos, aboyait hystériquement tout en restant terré sous la table.

Josiane : "C'EST... C'EST UNE ARME NUCLÉAIRE OU QUOI ?!"

Régis : "JE LE SAVAIS ! Ces jeunes, ils sont bizarres !"

Gojo tenta de s'approcher, la honte visible sur son visage.

Gojo : "Euh... désolé. Je vais payer les réparations."

Régis : "NE VOUS APPROCHEZ PAS !"

Josiane : "Nonos est traumatisé ! Regardez-le ! IL TREMBLE !"

Je n'attendis pas la suite.

Moi : "Je te laisse gérer, monsieur 'Ryōiki Tenkai'. Moi, j'ai une sauce tomate à nettoyer."

Et je repartis dans la cuisine, laissant Gojo essayer d'expliquer à Régis et Josiane pourquoi leur salon avait été attaqué par une asperge géante.

Une journée normale.

Recueil SaugrenuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant