Chapitre 7

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Bonne semaine à tous ! Je vous laisse en compagnie de Nils et de ses doutes.


Nils

Je me réveillai brusquement, à la suite d'un mauvais rêve qui s'estompait déjà. Il faisait nuit. La fenêtre entrouverte laissait entrer un filet d'air frais. Je roulai sur le dos. Hum... J'avais mal à la tête, et chacun de mes muscles protestait. Je me redressai et allumai la lumière, en quête d'un peu d'eau. Je trouvai une bouteille pleine à mon chevet. J'étais presque sûr qu'elle n'était pas là la veille. Je m'étais écroulé en sortant de la douche.

Mes souvenirs étaient un peu flous, mais je me rappelais que Louison s'était occupé de moi. Il m'avait materné. Je détestais ça. Je n'étais pas un enfant. Depuis que j'étais infirme, tout le monde croyait que j'avais besoin d'aide. C'était agaçant.

Néanmoins, j'appréciai la bouteille d'eau près de mon lit.

Je me rallongeai et calai le coussin sous ma cuisse, soulageant un peu ma hanche qui tiraillait. Je me repassai le film de l'après-midi dans ma tête. Je me souvenais de m'être étendu sur le banc, au cirque, parce que j'avais mal au dos. J'avais dû m'endormir. Il n'y avait pas de quoi en faire toute une histoire. OK, j'étais peut-être un peu déshydraté, mais rien de grave. Ils allaient tous croire que j'étais fragile, après ça. Je n'étais pas en sucre, merde !

Je me tournai sur le côté. Je ne savais pas comment me mettre, et j'étais bien réveillé à présent. Je consultai mon téléphone. Il était un peu plus de quatre heures du matin. Était-il bien utile que j'essaie de me rendormir, pour me lever dans moins d'une heure ? Je pouvais aussi profiter de la fraîcheur des premières heures du jour.

Je m'extirpai de mon lit, fis quelques étirements, et m'habillai. La troupe dormait encore. Je me préparai un café et, pour me faire pardonner de les avoir inquiétés la veille, je décidai de préparer des crêpes pour le petit déjeuner. Cléo et Louison y trouveraient sûrement à redire, car j'avais tendance à les faire un peu épaisse. Plus, en tout cas, que les véritables crêpes bretonnes. Je disposai tout sur la table, quelques minutes avant que le premier ne descende des chambres à l'étage. Léo fit un grand sourire en voyant le plat, et je poussai vers lui une tasse de café.

— Tu es levé depuis longtemps ? s'enquit-il.

— Une petite heure.

— C'est rare de te voir debout si tôt.

— Je me suis couché particulièrement tôt, admis-je. Merci d'être venu me chercher, hier soir.

— De rien. Ça me rappelle nos jeunes années, quand il fallait te tirer hors du gymnase pour que tu viennes manger. Tu n'as pas changé.

— Je suis vite absorbé par le travail, reconnus-je. D'ailleurs, il faut que je vous parle de quelque chose. Ce sera plus calme ce matin.

Léo acquiesça, et se prépara une crêpe à la confiture. Vania ne tarda pas à nous rejoindre, puis Simon, et Cléo, traînée hors de son lit par Louison. Celui-ci fut surpris de me voir dans la cuisine. Il ne dit rien, et s'installa avec les autres. Je lui tendis une tasse de café, qu'il prit sans m'adresser le moindre regard. Ah. J'avais sûrement fait quelque chose qui avait douché ses élans d'affection. C'était sans doute mieux ainsi.

Nous mangeâmes rapidement, sans reparler de l'incident de la veille. Je débarrassai et fis la vaisselle pendant qu'ils finissaient de se préparer. Je partis en même temps qu'eux pour le cirque, et une fois arrivé, je récupérai mes notes abandonnées sur un banc. Je leur annonçai :

— J'aimerais faire quelques changements. Louison et Cléo, vous clôturerez le spectacle avec un numéro différent. En fait, on inverse votre duo et le solo de Louison sans les tissus. Je sais que cela signifie apprendre un nouvel enchaînement, mais nous avons le temps. Léo, j'ai retiré ton dernier tour de piste à monocycle. Simon, on verra cet après-midi pour l'éclairage de cette partie. J'ai déjà envoyé un mail aux musiciens avec de nouvelles instructions. Aujourd'hui, on trace les grandes lignes de cette nouvelle chorégraphie, et demain, on répète ce qu'on montrera au vidéaste lundi. Est-ce que ça va à tout le monde ?

Tu voleras à nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant