Chapitre 4

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Adeline

Environ une heure plus tard, nous patientons devant le restaurant, côte à côte, toujours silencieux, et dans l'attente interminable que Larry daigne se pointer. Lorsque j'aperçois enfin le SUV s'approcher, c'est à la hâte que je prends place sur la banquette arrière, alors qu'il s'arrête devant moi. Enfin. Mon calvaire touche à sa fin. Après dix minutes de trajet, nous arrivons devant un bâtiment, entièrement vitré, et dont le sommet a l'air de côtoyer les nuages. Comme je m'y attendais, le nom de mon père, mon nom, est écrit en lettres capitales tout en haut de ce dernier. Je savais bien qu'il avait réussi sa vie professionnelle, mais, putain, pas à ce point. À défaut d'avoir sacrément merdé ailleurs... Nous rejoignons alors le gigantesque hall d'entrée, au bout duquel je devine les portes de différents ascenseurs. À l'opposé se dressent deux énormes bureaux en métal, derrière lesquels se tiennent trois grandes blondes aux cheveux soyeux, attachés en de parfaits chignons. Ici, tout le monde a l'air d'être sur son 31. Je camoufle un sourire devant leurs regards pleins de jugement sur la tenue que moi, je porte. N'empêche que je préfère être en « pyjama ». Au moins, moi, je suis super à l'aise !

Mon père nous amène directement vers les ascenseurs afin de monter au dernier étage. Le soixante-six. Je rigole doucement, un six en plus, et c'était parfait. Tout à fait de circonstances. Les portes de l'élévateur s'ouvrent après une ascension silencieuse. Seulement deux portes sont présentes dans le couloir. J'emboîte le pas à mon père qui ouvre le battant qui se présente en premier, ce qui nous mène directement dans une pièce spectaculaire. Le bureau en verre en son centre domine le tout. Quelques fauteuils en cuir sont disposés sur le côté... bref, voilà l'antre d'un homme puissant comme James Rey. Mon regard est aussitôt attiré par un portrait noir et blanc, accroché au mur, derrière le bureau. L'image me noue l'estomac. C'est moi, petite, dans ses bras, le tout encadré par de beaux papillons. Ne préférant pas m'y attarder, au risque de craquer, j'observe le reste de la pièce. Globalement, elle est assez sobre. Des étagères en métal sur lesquelles sont entreposés des dossiers de couleur, un petit meuble contenant différentes bouteilles d'alcool, et une télé disposée face aux fauteuils en cuir. On pourrait presque vivre ici. Mon regard finit par se poser sur une porte, au fond de la pièce. Je me dirige vers celle-ci, espérant y découvrir un escalier qui me permettra de m'enfuir de cet endroit, mais soudainement, elle s'ouvre. Je sursaute, recule par instinct. Putain... Adeline, respire ! Sans vraiment m'y attendre, je me retrouve alors face à... lui. Le type de la terrasse. Je constate que ses tatouages ne sont plus perceptibles, recouverts par une chemise et une veste de costume. Mes pupilles remontent vers les siennes. L'inconnu affiche toujours cet air hautain sur le visage, mais, pour autant, ce petit rictus, plein de malice au coin de la bouche.

— Comme on se retrouve... marmonne-t-il alors, avec une pointe de sarcasme.

Je me perds dans ses iris durant quelques secondes. Il est si grand que je suis forcée de lever la tête pour lui faire face. Son maudit sourire ne disparaît pas quand, moqueur, il me jauge de bas en haut. Ma tenue d'ado prépubère doit le faire marrer. Enfin, mon père intervient :

— Oh, Adam, tu tombes bien !

Adam, alors... Ce dernier regarde maintenant papa, puis, l'air de rien, reprend une expression normale :

— Ah oui ?

Hochant la tête, mon père conclut :

— Il s'agit d'Adeline, ma fille, complète-t-il d'un bras tendu vers moi. Adeline, voici Adam, mon, hm... mon associé.

Je hausse les sourcils, ma bouche s'entrouvre. Oh, je vois... J'affiche un sourire hypocrite en disant :

— Génial !

DAMAGED BUTTERFLY (disponible sur Amazon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant