DAMAGED BUTTERFLY (disponible sur Amazon)

Chapitre 8

Adeline

Je passe le reste de la journée à incarner la parfaite petite secrétaire pour Adam. J'applique à la lettre tout ce qu'il m'enseigne sans faire de remarque. Lorsque son téléphone sonne, il relève la tête de son ordinateur et me fixe, comme s'il voulait que je me charge de répondre. Il ne croit quand même pas que je vais jouer la standardiste !

— Oublie, dis-je d'un geste de la main.

Soupirant, il saisit rapidement le combiné. Je l'entends marmonner de petits « mh » approbateurs. Il raccroche, puis se lève.

— Je reviens d'ici une petite heure, m'annonce-t-il en prenant sa veste de costume sur le dossier du fauteuil. Termine tout ça avant, entendu ?

Je n'ai pas le temps d'approuver qu'il a déjà franchi la porte. Je souffle en regardant la pile de papiers qu'il me reste à traiter avant de pouvoir quitter la maison. Malgré tout, je m'y colle. Trente minutes passent, le téléphone sonne. Je le fixe, sans oser bouger. Ma bouche se tord avec réflexion. Et si c'était lui ? Après tout, il n'a pas mon numéro de portable. Agacée, je me résous finalement à répondre :

— REY & ASSO...

— Hey, Adeline ! m'interpelle une voix féminine. C'est Sacha.

Je prends un air étonné.

— Oh, salut, mh...

— T'as fini ? m'interroge-t-elle. On part pour le bar avec Thomas, dans, disons... cinq minutes !

Même si un peu surprise d'apprendre qu'ils projetaient de s'y rendre immédiatement après le boulot, je valide :

— Je range mes affaires et je vous retrouve à votre étage, l'informé-je en m'exécutant.

Je remballe rapidement tous les documents devant moi. Une fois fait, j'attrape un post-it et un crayon sur le bureau afin d'avertir Adam de mon départ. Mon poignet se bloque, avant même que la mine du stylo ne touche le papier. Non, je n'ai aucun compte à lui rendre. Je laisse finalement tout tel quel et saisis mon sac pour rejoindre Thomas et Sacha.

Cinq minutes plus tard, nous sortons tous ensemble de l'ascenseur pour rejoindre le parking souterrain. Je me dirige automatiquement vers ma voiture, mais remarque rapidement que la caisse d'Adam est garée à l'arrière, me bloquant totalement l'accès. J'hallucine ! Furieuse, j'accélère le pas. Tu veux jouer, on va jouer ! Jamais je ne laisserai un abruti pareil avoir le dernier mot. Je sors mon rouge à lèvres de mon sac. J'ai un pincement au cœur en l'attrapant. Moi qui pouvais enfin le porter, sans m'entendre dire que je fais allumeuse... Mais, rien à foutre. Ce connard mérite la sentence. Je prends un plaisir vicieux à écrire "enfoiré", en gros sur le parebrise, finalement, la satisfaction vaut le sacrifice. C'est en remballant la preuve de mon crime que je remarque un morceau de papier coincé sur mon essuie-glace arrière. Rapidement, je le déplie et découvre la petite note laissée à mon intention :

« Navré, p'tit papillon, il va falloir me supplier pour rentrer chez toi, parce que je compte bien camper ici s'il le faut. »

Je grimace. Quel connard ! Je froisse le papier en boule et le balance sur le capot de sa voiture. Sans perdre plus de temps, je tente de rattraper Sacha et Thomas qui s'éloignent. Hors de question que j'implore Adam. Entendant mes pas derrière lui, Thomas se retourne d'un mouvement vif, ce qui me surprend et me fait reculer. Son regard m'interroge, je préfère ne pas soulever le fait que mon corps réagit avant mon cerveau.

— Adam a bloqué ma voiture avec la sienne, ris-je nerveusement, tout en la lui indiquant d'un pouce par-dessus mon épaule. Je peux monter avec vous ?