Prologue

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Automne 2084.

France. Normandie.

Délivrande, anciennement Douvres-la-Délivrande

371 habitants.


Quel temps pourri. Heureusement, je ne suis pas obligé de sortir.

À propos, ça fait combien de temps que je n'ai pas vu un rayon de soleil ou senti sa chaleur sur ma joue ? Et combien de temps que la fraîcheur d'une brise maritime ne s'est pas engouffrée dans mes cheveux ?

Si jamais je l'ai vécu un jour, je ne me rappelle pas. Alors, à quoi bon essayer de s'en souvenir ? Ça ne sert à rien.

Et puis, quand je regarde ces gouttes d'eau s'écraser, s'agglomérer pour ruisseler sur la vitre sale et entraîner avec elles ces grains de sable collés entre eux depuis des lustres, franchement, je ne les envie pas.

À l'extérieur, l'air est irrespirable surtout par ce temps ; trop de vent, trop de pluies acides, de brume toxique. Je suis bien tranquille, au chaud, à profiter de ma vie d'ermite.

D'un effleurement de doigt sur un détecteur, le verre s'opacifie sur la vue d'une plage lugubre. C'est mieux comme ça. Ce paysage désolant n'a rien pour plaire, enfin, il n'a plus rien d'agréable à offrir à nos yeux blasés...

Je bâille à m'en décrocher la mâchoire alors que Bumbu vient me saluer et réclamer sa première caresse du jour. Dire qu'il n'a jamais vu un arbre de sa vie. Bien que, si, les nôtres, pas ceux qui survivent dehors. Dommage pour lui, en plus, il n'a pas le droit d'honorer leurs troncs d'une digne patte levée. J'ai dû le dresser à faire ses besoins dans un grand bac.

Et la pauvre Victoria, quant à elle, n'a jamais picoré de sol herbeux en plein air, et ce n'est qu'occasionnellement que je peux lui offrir un petit ver de terre bien dodu à déguster. Mais je m'occupe bien d'eux, ils ont de la nourriture, de l'eau saine, un toit sûr pour dormir en sécurité et ma compagnie. Bon, ce n'est pas tout. Allez hop ! Direction le percolateur. Vite un café.

— Simone, prépare-moi un lungo, avec le robusta cette fois, s'il te plaît.

— C'est le deuxième en une demi-heure, Mercy. Ce n'est pas raisonnable, l'excès de caféine...

— Je sais ! Je sais : « peut provoquer des maux de tête, d'estomac ou de la nervosité et retarder l'endormissement et bla bla bla et blabla... ». Tu ne peux pas juste me préparer ce café dans le silence pour une fois, au lieu de me sortir tes sempiternelles recommandations médicales ? Et puis tu sais très bien que le premier café ne compte pas !

— Je suis programmée pour te conseiller et prendre soin de toi. Tu ne devrais pas me le reprocher.

— De un : tu n'es pas ma mère ; de deux : on n'est pas marié non plus.

— En tout cas, je suis la relation la plus stable que tu n'as jamais eue.

— Ok... super. Merci bien pour la remarque.

— Je t'en prie.

— Bon, il vient mon lungo ?

— Il arrive, de toute façon, il m'est impossible de te le refuser.

— Encore heureux !

Je regarde le mug se remplir peu à peu dans un ronronnement qui ressemble à une complainte rugueuse. Et cette vapeur ! Cette odeur ! Rien ne pourra jamais remplacer ce parfum de grains de café tout juste moulu et pressurisé... ou alors... un bon rhum caribéen, un vrai. Les deux à la fois serait idéal, mais l'alcool est prohibé et il m'est difficile d'en distiller même si je possède des souches de levures stockées dans les armoires de sûreté. La canne à sucre, quant à elle, a quasiment disparu, mais je ne perds pas espoir d'en acquérir quelques pieds, un de ces jours...

Ma dose quotidienne de caféine est loin d'être atteinte et quoiqu'en dise Simone, ça m'est bien égal de ne pas dormir la nuit, de toute façon j'ai souvent d'autres choses à faire au cours de ces heures nocturnes.

Putain, je bâille encore ?! Mais, il est quelle heure à la fin ? Je saisis mon portable, mes yeux s'écarquillent quand je vois les chiffres de l'horloge.

— Quoi ? Déjà ? Il est quatorze heures ?! Mais Simone ! Tu sais bien que tu dois me réveiller bien avant !

— Je ne suis pas un réveil. Ton portable peut s'en charger. Tu t'es couché à cinq heures, il valait mieux que tu dormes. Un nombre suffisant d'heures de sommeil...

— Ha non ! Ça suffit, hein ! Je suis libre de faire ce que je veux !

— Mercy, tu t'es vu ? Tes cernes sont plus vastes que ton avenir... À ce rythme, dans deux jours, une heure et trente-cinq minutes, tu commenceras à développer les symptômes multiples du manque.

— Arrête, j'te dis ! C'est bon, j'ai compris ! Commence à faire chauffer le ballon d'eau chaude, je vais m'entraîner pendant ce temps ensuite, je prendrai ma douche. Ça te va ?

— Enfin une sage décision. C'est un bon début.

— Mouai... Tu parles.

Qu'est-ce qu'elle est fatigante...


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J'espère que le prologue vous plaît, n'hésitez pas à commenter, bisous ♥

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