Chapitre 4

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— Elle saignait beaucoup, constata Emiliano, le corps endolori.

Ce dernier et Esmeralda, ressentant aussi des douleurs physiques due aux coups injustifiés de leur géniteur, étaient allongés côte à côte sur le lit du plus jeune. Dans l'obscurité qui enveloppait leur pièce, Esmeralda essayait tant bien que mal de canaliser ses pleurs, ne désirant pas exploser devant son frère.

— Je m'occuperais d'elle plus tard, ne t'inquiète pas.

Emiliano secoua la tête pour exprimer son désaccord. Puis, il se tourna dans son lit pour faire face à Esmeralda.

— Cette fois, je veux m'en charger, ajouta-t-il.

— Non, exprima Esmeralda d'une voix dénuée de vivacité, il faut que tu repose ton bras. Papa n'a pas été clément avec les coups aujourd'hui.

— Tu as aussi reçu des coups, tu devrais aussi te reposer.

— Moi je... Je vais bien.

Suite à ces paroles, Esmeralda se mordit la lèvre inférieure et entama discrètement une session de respiration pour apaiser le chaos qui régnait dans son esprit. Elle devait mettre ses émotions en ordre.

Il fallait qu'Emiliano s'endorme, et vite.

— Esmeralda, je veux aller voir maman, se plaignit-il.

— Tu pourras le faire demain, essaie de t'endormir maintenant, s'il te plaît...

Un court silence s'installa entre les deux frères, durant lesquels il se perdirent chacun dans leurs pensées. Ils avaient tous deux du mal à dissimuler ce qui venait de se dérouler devant leurs yeux, surtout Emiliano, qui avait malheureusement assisté pour la première fois à une scène aussi violente.

Il avait été témoin de la violence que son géniteur avait infligée à sa mère, des coups qu'elle avait impitoyablement reçus sur son corps et des insultes que son père lui avait hurlées alors qu'elle était allongée sur le sol en bois. Cela avait été horrible à voir, non seulement pour lui, mais aussi pour Esmeralda.

Habituellement, lorsqu'Esmeralda sentait une tension explosive planer sur le toit de leur chez eux, elle ramenait Emiliano à Velatida, où quelqu'un pourrait bien s'occuper de lui jusqu'à son retour. Mais aujourd'hui les événements s'étaient déroulés différemment, car c'était Emiliano le premier à avoir été physiquement blessé et non leur mère.

Pour ce qui était de l'adolescente, ces moments étaient plus que difficiles à gérer et à supporter. Une fois qu'elle était certaine qu'elle avait laissé le jeune garçon dans de bonnes mains, elle se précipitait jusqu'à son domicile, en panique et en détresse totale. Devant le seuil de la porte, elle se tenait toujours là, figée, alors que les cris de Gerardo se faisaient entendre.

Esmeralda n'intervenait jamais.

La peur avait toujours été plus forte qu'elle, ce qui faisait qu'elle ne prenait point la défense de sa mère, dans de telles situations.

C'était aussi dans ces circonstances qu'Esmeralda se méprisait le plus, où elle ressentait une envie indescriptible de se faire du mal pour être si lâche, impuissante, et pour ne pas avoir la force physique et morale nécessaire afin défendre sa mère. Alors que, depuis sa naissance, Jacinta avait tout fait pour qu'elle et Emiliano ne manquent de rien et qu'ils se sentent en sécurité dans ce monde empli d'injustice et de violence.

EsmeraldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant