Chapitre 3 : A jamais enfoui.

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(Maison des Massamba ; 19 heures ; Brazzaville.)

Je suis devant le miroir de ma chambre en train de me décider du choix de la robe que je devrais porter à l’occasion de cette fête chez César. En effet, je vais finalement y aller. Trésor, Becca, Samantha et moi avons convenu de nous rendre ensemble ; ainsi, elles viendront me récupérer, une fois que je me serais assurée du champ libre se traduisant par l’entrée dans les chambres de chaque membre de la maison.

Étant désormais une habituée des fêtes nocturnes, je sens que celle-ci ne sera pas comme les autres. Elle demeurera inoubliable dans ma tête avec l’annonce que Brandon va me faire.

J’ai trop hâte d’être à cette fête.

Toc, toc.

Je sursaute à l’entente de ce bruit qui émane de la porte de ma chambre. Quelqu’un vient de frapper, je ne m’attendais pas à un geste aussi soudain.

Précipitamment, je ramasse la multitude des robes que j’ai sorties et qui traînent çà et là, afin de ne pas mettre du temps pour ouvrir la porte sur une chambre bien rangée ; attendu que s’il s’agit de ma mère, elle va automatiquement comprendre qu’il y a anguille sous roche.

Il ne faut pas que j’inspire un seul doute sur ce que je suis en train de faire avec toutes mes robes de sortie, donc, je dois les cacher. C’est dans cette logique que je me retrouve avec un tas de robes entre les mains que je me suis chargée d’enfoncer dans mon placard. Cependant, je ne fus pas très rapide pour réaliser mon intention. À mi-chemin de mon placard, la porte de ma chambre s’ouvre et ce sont les yeux grands ouverts que je découvre :

- Ya (1) Liana ? J’ai besoin de ton aide.

Elianor, ma petite sœur de 13 ans.

- Ne peux-tu pas attendre que je t’invite à entrer au lieu de débarquer ici comme s’il s’agissait de ta chambre ? Je demande à Elianor énervée par son action.

- Mais j’ai frappé ! se défend-elle en marchant dans la direction de mon lit. Qu’est-ce que tu fais ? elle me demande après s’être allongée sur celui-ci.

Elianor est en classe de troisième, elle fêtera ses 14 ans d’ici quatre mois et c’est le troisième enfant de mes parents. Elle fut née quelques années succédant ma naissance.

- Et en plus, tu oses t’allonger sur mon lit, mais où te crois-tu ? je me plains en constatant sa gaillardise.

- Dans la chambre de ma sœur ? interroge Elianor en guise de rappel.

Toujours chargée de mon tas de vêtements, je poursuis ma marche en direction de mon placard et fourre toutes mes robes dedans, puis le ferme aussitôt.

Clac.

- Bon, qu’est-ce que tu cherches ? je demande à Elianor les mains sur les hanches, bien décidée de lui faire sortir de cette chambre pour reprendre mon activité.

La tête à l’envers contre mon lit, elle me regarde au loin, puis annonce :

- J’ai besoin de ton ancienne boîte à lunette pour ma journée de sport de demain, tu sais, celle que j’aimais beaucoup quand tu étais en classe de première et avant que tu me dises non, sache que j’ai déjà essayé de m’en procurer une en ligne, mais elle ne sera pas ici avant la semaine prochaine.

- Et donc ? Où est passée la tienne ?

Elianor fait un geste avec ses mains, puis déclare :

- Boum ! Disparu.

Elle se redresse en ramenant sa tête à l’endroit, puis pose sa tête sur ses mains.

- Franchement, je ne sais pas où elle est passée, je t’assure que j’ai remué ciel et terre pour la retrouver, mais elle est introuvable. J’en ai vraiment besoin pour protéger mes lunettes, il n’y a que des brutes dans ma classe.

Je lui regarde un sourcil levé, puis soupire.

- À coup sûr, tu dois l’avoir oublié à l’école et il a sûrement fini entre les mains d’un autre individu. Bon, je vais te le récupérer, le souci, c’est qu’il doit être engoncé dans mes anciennes affaires.

Je me retourne pour ouvrir mon placard. En l’ouvrant, la foule de vêtements que j’ai entassée, tombe sur moi. Je ressors de cette avalanche d’habits en pouffant sous les rires d’Elianor.

- Ha-ha, très drôle, je m’exprime ironique face aux rires de ma sœur.

- Désolée, je ne voulais pas me moquer, tente de se défendre Elianor qui s’est rallongée sur mon lit.
Puis je me dirige vers l’endroit de mon placard qui regorge le coffret que j’avais caché. Je réussis à l’atteindre en déblayant tous les objets que j’avais utilisés pour le cacher. Enfin, je parviens à extraire mon coffret et à l’avoir entre mes mains.

- Au fait Ya Liana, ça se passe bien au Lycée ? me demande Elianor en se redressant finalement.

- Depuis quand ma scolarité t’intéresse-t-elle ?

- Depuis que je me rapproche du lycée. Bientôt, je vais passer mon examen pour accéder à ce merveilleux endroit et je suis curieuse de savoir comment ça se passe concrètement de l’autre côté.

Elle parlait pendant que je fouillais dans le coffret cette boîte à lunette qui m’avait servi durant toute mon année du collège, maintenant, je porte des lentilles, donc je n’ai plus besoin de lunettes.

- Tiens, tiens, voilà l’objet de tes recherches. Viens le prendre et sors de ma chambre ! j’ordonne A Elianor pour venir récupérer cette boîte à lunette.

Je lui informe et elle se lève aussitôt pour venir le prendre. Le visage boudeur suite au traitement que je lui impose, elle prend l’objet de ses rêves que j’ai dans la main.

- Contente ? je lui demande après qu’elle ait pris ma boîte.

- Tu es exécrable ce soir, on dirait que je te dérange ! Oh, ce sont tes anciens camarades ? C’était en quelle classe ça ? me demande finalement Elianor en touchant l’une de mes photos de classe du collège qui déborde de mon coffret.

- Donne-moi ça ! Petite fouineuse-va. Ça ne te regarde pas ! je lui informe en la débarrassant de la photo qu’elle a prise sans mon autorisation.

Je me charge de ranger tout ce que j’ai sorti du coffret, puis le ferme. Ne souhaitant pas qu’elle ressorte des souvenirs que je tente d’effacer de ma vie, je soulève le coffret sur l’un de mes bras et utilise ma main libre pour extraire Elianor de ma chambre.

- Mais heu ! se plaint cette dernière suite à mon geste.

- Tu as eu ce que tu voulais, maintenant ne me dérange plus, je m’exprime une fois l’avoir mise dans le couloir.

Elle se tenait face à moi et sans la prévenir, je ferme la porte de ma chambre sans attendre qu’elle rajoute quoi que ce soit.

- Je vais le dire à maman quand elle rentrera, me menace Elianor de l’autre côté de la porte.

Je me retrouve finalement seule et j’entends les pas de ma cadette s’éloigner.

- Enfin ! je souffle le dos contre la paroi de ma porte.

Le coffret toujours sur moi, je le regarde en ayant l’impression que si quelqu’un observait simplement un seul objet de son contenu, ce quelqu’un en question, comprendrait immédiatement sa signification ; et ce n’est pas ce que je souhaite. Personne ne doit avoir connaissance du secret qu’il renferme. Même pas les membres de ma famille.

C’est pourquoi, mon passé restera à jamais enfoui dans ce coffret, à l’abri du monde.

Mon God Coach - Dans La Peau D'une Adolescente Brisée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant