Le destin de Clara

11.

Une dame d'une cinquantaine année entre dans mon bureau. En la voyant, j'ai comme une sensation familière mais je ne sais pas d'où vient cette sensation. Cette femme est d'une beauté impressionnante vu son âge mais sa chevelure dorée et ses yeux noisette lui sont d'un fort atout. Je fais signe à cette femme de prendre place sur le fauteuil destiné aux visiteurs tandis que je prends place dans mon fauteuil. C'est elle qui lance la conversation par un simple "bonjour" très chaleureux auquel je réponds volontier.

- Vous devez être mademoiselle Holt, la nouvelle assistante de Matt.

Tiens, elle l'appelle par son prénom..

- Tout à fait. Excusez-moi madame mais je n'ai pas retenu votre nom.

- Ô quelle sotte je fais, dit-elle en ricanant, je suis madame Richards mais vous pouvez m'appeler Clarissa ma chère.

Madame Richards ! La femme du patron de mon patron, ainsi que la mère de Matt. J'en suis sans voix. Heureusement que je suis déjà assise sinon je pense que je serais tombé. Voyant le sourire affectueux de madame Richards, je reprends possession de mes moyens.

- Pardonnez-moi pour ma réaction mais..

- Ne vous en faite pas j'ai l'habitude, plaisante-t-elle.

- Que puis-je faire pour vous madame Richards ?

- Clarissa je vous en prie. Eh bien, ma chère Clara, puis-je vous appeler par votre prénom ?

- Oui, bien sur.

- Vous m'avez l'air d'être une jeune femme pleine de ressources et très sympathique. Je voudrais que vous m'accordiez un moment dans l'emploi du temps de mon cher enfant. Il n'a jamais le temps de voir sa pauvre mère et si je ne le forçais pas à venir dîner à la maison tous les dimanches, je ne le verrais probablement jamais. Alors, je prends les devants en prenant un rendez-vous avec lui. C'est un peu stupide, non ?

- Non non.. Absolument pas. Vous aimez votre fils et c'est tout à fait normal que vous vouliez le voir régulièrement. Si je le pouvais j'irais voir mes parents aussi souvent que je le voudrais mais hélas ce n'est pas à l'ordre du jour.

Sur cette note de nostalgie, je vois que madame Richards compatis mais n'aimant pas être au centre de l'attention, je décide de revenir à notre sujet de départ : Matt.

- Je m'égare un peu. Quand voulez-vous voir votre fils ?

- Je ne sais pas si vous en avez déjà parler avec lui mais je voudrais qu'il vienne au bal des associés que j'organise au nom du cabinet.

- A vrai dire madame, votre fils ne m'en a pas parlé mais dites-moi quand cela à lieu et je pourrais vous dire s'il est libre.

- C'est dans 2 semaines, le vendredi soir plus précisément. Je sais, je mis prends surement un peu tard mais s'il vous plait Clara, dites-moi qu'il est libre.

- Deux semaines ? C'est un peu court effectivement mais attendez une seconde, je regarde son emploi du temps.

Je pivote vers mon ordinateur et ouvre l'onglet où figure son emploi du temps. Je le fais défiler pour arriver à la date en question. Après vérification, je communique ma réponse à Clarissa.

- Pour être honnête avec vous madame, il a un rendez-vous à 19h avec une certaine madame Clark.

- Oh non.

Son ton contient une telle dose de déception que je ne peux pas dire à cette femme que son fils ne pourra venir à son événement.

- Je n'ai pas dit qu'il ne pourra pas venir madame Richards. Je vais essayer de déplacer son rendez-vous pour qu'il ait sa soirée de libre.

Clarissa se lève soudainement puis fait le tour de mon bureau pour me prendre dans ses bras. Je lui rends bien volontiers son étreinte très chaleureuse.

- Merci. Mille fois merci, ma chère Clara.

- Ce n'est rien je vous assure, dis-je avec un énorme sourire.

Ma porte s'ouvre sur Matt et mon sourire s'accentue un peu plus.

- Maman ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? dit-il très surpris.

- Et bien mon lapin, je suis venu pour te voir mais on m'a dit que tu étais occupé et cette charmante jeune femme m'a tenu compagnie et à combler toutes mes espérances, dit-elle en me faisant un léger clin d'œil qui provoque un léger gloussement de ma part ce qui intrigua Matt.

- De quoi parles-tu ?

Il essaie de trouver des réponses chez sa mère ainsi que chez moi  en effectuant un va-et-vient avec ses yeux.

- Ce n'est que des choses de femme mon chéri. ( elle regarde l'heure sur sa montre ) Zut ! Il faut que je file, je vais être en retard. ( elle  se dirige vers son fils et l'embrasse à la manière d'une mère ) Au revoir Matty et n'oublie pas de venir dimanche. Je compte sur toi. ( puis elle se tourne vers moi ) Ma chère Clara, j'ai été très heureuse de faire voir connaissance et encore merci pour tout.

- Moi de même madame Richards et je vous assure ce n'est rien.

Après un échange de sourire, elle quitte mon bureau et me laisse seul à seul avec Matt, qui ne perd pas une seule seconde.

- Qu'est-ce que tu as manigancé avec ma mère ?

Son ton est plutôt calme voire même ironique, ce qui je l'avoue, me surprend très légèrement.

- Rien de spécial. Ta mère voulait juste un rendez-vous pour pouvoir te voir car elle trouve que tu l'as délaissé un peu, dis-je tout simplement.

- Que je la délaisse ? Tu veux rire ? Malgré tout mon travail, je déjeune tous les dimanches chez elle et quand je n'ai pas de déjeuner d'affaires je l'appelle pour qu'elle vienne déjeuner avec moi et comme tu le sais je n'ai pas énormément de déjeuner de travail.

- Tu lui manques ça peut se comprendre.

- Tu as surement raison, oui

Etant toujours assise dans mon fauteuil, Matt contourne mon bureau et s'assoit sur le rebord et me dit doucement, en fixant ses yeux noisette dans le bleu des miens :

- Apparemment, tu lui as fait une forte impression. Mais je ne peux pas être trop surpris, qui ne pourrait pas t'aimer ?

Ma bouche se fait sèche instantanément et je suis certaine que je rougis. Ne sachant pas quoi dire après cette déclaration, Matt poursuit.

- Vous avez fini par trouver une place alors ?

- Euh.. oui bien sur ( je secoue la tête comme pour effacer les pensées qui commencent à envahir mon esprit afin de reprendre mon sérieux ) il faut juste que je déplace un de tes rendez-vous et tu pourras lui accorder ton vendredi soir.

Matt se raidit.

- Ne me dis pas que tu parles de celui dans deux semaines ?

- Si, pourquoi ça te pose problème ?

Ai-je fait une bourde en accordant cette faveur à sa mère sans lui en parler auparavant ?

- Ne commence pas à t'en vouloir ( il pose l'une de ses mains sur la mienne ) ma mère savait très bien, qu'en te voyant, elle aurait ce qu'elle voudrait : que je vienne à sa soirée.

J'étais sur le point lui dire que s'il ne voulait vraiment pas y aller je pouvais dire à sa mère qu'il m'est impossible de déplacer le rendez-vous de madame Clark, mais il ne m'en laisse pas le temps.

- Depuis que j'ai intégré le cabinet, ma mère s'obstine à m'inviter mais je n'ai jamais trop été mondain... même si c'est idiot et qu'il est stupide de ma part de ne pas y aller, surtout vu ma position en tant que fils du patron du département.

- Je suis sincèrement désolée Matt.

- Cependant, je veux bien y aller mais à une seule condition.

- Très bien, laquelle ?

Matt commence à sourire comme s'il venait de gagner une bataille.

- Que tu m'y accompagnes.