« Ne pars pas, je t'en supplie » me dit-il. Ce sont ces mots dont je me rappelle et ce sont ces mots qui me hantent.
Les étoiles me calment, je suis allongée dans l'herbe d'une forêt que j'ai découvert en me baladant. Il fait frais, je sens l'humidité de l'air, je vois la noirceur du ciel, il n'y a pas de pollution lumineuse. J'aime être dehors aussi tard à regarder les étoiles et espérer en voir une filante. C'est calme, assez pour entendre le bruit des rails frémissaient à l'arrivée du train. Un grillage me sépare de la voie ferrée. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est, et à vrai dire je ne veux pas le savoir. J'aime bien me perdre. Me perdre dans mes pensées, dans les jours, dans les heures, je ne sais rien, j'oublie juste. Des fois j'aimerais qu'il soit là avec moi, à côté de moi me tenant la main, et me la serrer fort quand il voit une étoile filante, me regarder et me dire en me regardant « fais un vœu, ma chérie ». Mon vœu là maintenant ? être heureuse.
Je sens des vibrations dans ma poche, alors je sors mon téléphone, Thomas m'appelle, je laisse sonner quelques fois avant de répondre. Je prends une grande inspiration, chasse mes pensées, et je peine à trouver ma voix.
« Coucou. Dis-je d'une petite voix
- Ca va, tu vas bien ? On te cherche depuis tout à l'heure, t'es où ? Je crois qu'il a l'air inquiet. A vrai dire je les avais carrément oublié, j'avais le sentiment d'être seule face à tout.
- T'inquiète tout va bien, je me baladais juste. Vous faites quoi, vous ? J'essaie de changer de sujet, je ne veux pas qu'il me demande ce que je faisais, dans ce genre de moment je me sens vulnérable.
- On est au terrain de foot, mais ils veulent partir, tu nous rejoins ? Me demande-t-il, gentiment.
- J'arrive, je suis là dans cinq minutes, à tout à l'heure. »
Je raccroche, je prends appuie sur mes avant-bras difficilement, ils sont engourdis à force d'être restée allongée aussi longtemps, et je me lève. Je traine des pieds, et frappe les feuilles mortes avec mes pointes de pied, je n'ai pas envie de rentrer honnêtement. Je regarde l'heure sur mon écran, mais la luminosité m'éblouie. Il est 3h46. En effet, il serait temps que je rentre. Je regarde d'un coup d'œil s'il m'a envoyé un message. Rien. Rien depuis hier. Je commence à apercevoir la lumière du terrain de foot de loin, alors j'accélère le pas pour ne pas les mettre en retard, j'ai horreur de déranger les gens. Je les entend rigoler ensemble, et j'esquisse un sourire. J'aime voir les gens heureux autour de moi, surtout dans ce genre de moment. Je les vois m'attendre, le ballon dans la main, j'espère qu'ils ne m'en voudront pas.
« Dis-moi t'étais où dehors toute seule ? je me suis inquiété moi ! Tony est toujours inquiet pour moi, il est toujours là à prendre soin de moi quoi qu'il arrive. Tu ne nous as même pas prévenu, t'es pas possible, hein. Rajoute-t-il.
- Maintenant je suis là donc pas de raison de s'inquiéter. Je lui souris pour le rassurer.
- Mmh. Je n'aime pas ça, tu sais.
- Je sais. Mais bon, tu veux que je te ramène ? J'avoue que j'ai envie de passer un peu plus de temps avec lui, je crois que j'ai besoin de parler à quelqu'un.
- Ça marche, tu te souviens de mon adresse ? De toutes façons je te dirais le chemin.
Je dis au revoir au reste du groupe, et Tony monte dans ma voiture. J'évite de toutes mes forces de le croiser du regard parce que je sais que je vais éclater en sanglot.
- Bon, tu vas me dire ce qui ne va pas, maintenant qu'on est que tous les deux ?
Je sais que je dois finir par en parler, je ne peux pas garder ça pour moi, mais le plus dur n'est pas de le dire aux autres, c'est de le reconnaitre à soi-même.
- Je ne sais vraiment pas comment aborder le sujet, mais tu sais depuis que je vis avec Romain, j'ai l'impression que notre relation se dégrade, et j'ai beau lui en parler, il ne réagit pas. Je ne sais pas quoi faire. Les larmes me montent aux yeux, mais il attrape ma joue de sa main chaude et me force à le regarder. Il est à la fois tendre et autoritaire. C'est ce que j'aime chez lui, il a réussi à me cerner et à savoir comment je fonctionne.
- Tu sais Julie, si tu n'es pas heureuse rien ne t'oblige à rester dans cette relation. Quoi qu'il arrive je serais là pour te soutenir, et ne l'oublie jamais, tu n'es pas seule. Ses mots me rassurent et me mettent du baume au cœur, j'ai de la chance d'avoir un ami comme lui.
- Merci Tony... Crois-moi je l'aime sincèrement, mais la situation actuelle me dépasse, des fois il est adorable avec moi, et d'autre il ne m'adresse même pas la parole. J'aimerais tenter de réparer les choses.
J'allume le contact, commence à mettre ma playlist, et au vu de l'ambiance, je choisis la playlist la plus triste que j'ai. Étrangement, entendre ce genre de musique m'apporte un certain réconfort et ce ne sont pas ces musiques qui me font pleurer. Il me jette un regard noir l'air de dire « change moi ça », mais je n'en ai pas l'envie. J'appuie sur l'embrayage et desserre le frein à main, et on roule.
- Je ne sais pas quoi te dire, mon chat. Oui, il m'appelle mon chat, c'est le surnom qu'il me donne et à chaque fois que j'entends ses lèvres le prononcer, mon cœur s'apaise.
- S'il te plait, laisse-moi te ramener chez toi en profitant de cet instant avec toi » Je lui jette un petit regard en quittant des yeux la route qu'une fraction de seconde, et je le vois triste.
*
J'ouvre délicatement ma porte d'entrée sans faire de bruit pour ne pas réveiller Romain qui doit sûrement dormir paisiblement. Mon chat court vers moi comme s'il ne m'avait pas vu depuis des jours. Il commence à miauler, mais j'essaie de le câliner pour le faire taire, je ne veux pas qu'il le réveille. Je fonce directement dans la salle de bain sans même avoir pris la peine d'enlever mon petit gilet avant, et je vais sous la douche. Avant de mettre mon pyjama, je prends cinq minutes et je m'assoie au bord du lit, et je regarde Romain dormir. Je passe ma main délicatement dans ses cheveux pour ne pas le réveiller, je l'entends gémir doucement, comme pour me dire qu'il sait que je suis là.
J'ai mal au cœur, j'ai mal parce que je l'aime, parce que je suis amoureuse de lui et que je ne veux pas le perdre. Je m'en rends encore plus compte dans ce genre de moment, où je le regarde profondément et où je me rappelle tous nos souvenirs.
« Mon cœur, je voulais te dire que je suis rentrée, je me mets en pyjama et je viens à côté de toi dans le lit te faire des câlins. Je lui chuchote tout doucement, je ne vois aucune réaction de sa part, je me doute qu'il ne m'entends pas parce qu'il a l'air beaucoup trop absorbé par son rêve. Il dort paisiblement, alors j'en profite pour lui dire certaines choses que je n'ose pas lui dire en face. Tu sais Romain, je t'aime vraiment du fond du cœur, je n'aurais jamais cru qu'il y a 5 ans on en serait là aujourd'hui. Une simple rencontre me mène jusqu'à cette histoire avec toi. Ça fait 2 ans que chaque jour je suis un peu plus amoureuse de toi, j'aime te voir près de moi, j'aime sentir ta chaleur contre ma peau les soirs d'hiver. Les larmes montent. Je tiens tellement à toi si tu savais, j'aimerais pouvoir avoir le courage de te dire tout ça quand tu es réveillé. J'aurais tellement de choses à te dire... »
Son téléphone vibre, je regarde ce que c'est. Un message de Lina. A cette heure-ci ? Et puis c'est qui cette fille ? Je ne me pose pas plus de questions, je repose son téléphone après l'avoir mis en silencieux pour pas que ça ne le réveille.

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Étoiles Filantes
RomansaJulie, une jeune adulte, rêve d'aventures et de liberté, mais elle se retrouve dans une situation compliquée avec son petit ami. Elle essaie alors le tout pour le tout pour arranger la situation quitte à s'oublier elle-même, mais une nouvelle person...