Chapitre 1

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Johanna

La première fois que je m'étais réveillée dans "le monde enchanté", j'étais allongée sur une grande prairie d'herbe d'un vert luxuriant, clairsemée de fleurs aux couleurs apaisantes. J'étais à l'ombre d'un magnifique saule pleureur, bercée par le froissement discret des feuilles et par le doux murmure du vent. Je me rappelle avoir profité encore quelques minutes de cette atmosphère et de ce calme revigorant ; cela faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti une telle sensation de bien-être.

Doucement, quelques minutes plus tard, je m'étais relevée avec précaution : depuis quelque temps, d'atroces migraines survenaient au moindre mouvement brusque de ma part. Cette fois-ci, je n'eu pas à me plaindre de quelques maux de tête. Un autre effet salutaire de mon propre "pays des merveilles".

En regardant autour de moi, j'avais aperçu un magnifique château de cristal, qui m'avait paru à la fois fragile et puissant. J'avais immédiatement été intriguée, et bien décidée à en savoir plus sur ce nouveau monde qui s'offrait à moi, je m'étais aventurée vers cette demeure de cristal qui ne semblait attendre que moi. Il ne m'avait fallu que quelques minutes pour me retrouver devant ce palais miroitant. J'étais face à une grande porte en bois, couverte de fioritures dorées et de longues plantes grimpantes. J'avais poussé cette porte d'entrée, qui n'avait offert aucune résistance ; alors j'avais compris : j'étais attendue, depuis toujours.

Je me rappelle être restée pantoise devant la vue qui s'offrait à moi ; je me trouvai dans une magnifique bibliothèque avec de grandes étagères en bois doré, qui occupait presque tous les murs de la pièce, remplie de livres tous plus attirants les uns que les autres. De confortables fauteuils ne semblaient qu'attendre que je vienne m'installer, un ouvrage à la main. Devant moi se tenait un arbre gigantesque aux fleurs roses et dorées, et juste à côté, une baie vitrée permettait d'illuminer la pièce, et laissait place à une vue époustouflante sur un océan limpide et turquoise. J'avais humé pendant quelques secondes le délicat air marin qui rafraîchissait entièrement ce séjour paradisiaque. Immédiatement amoureuse de cette salle à la beauté presque irréelle, je m'étais précipitée de choisir un livre et de prendre place dans un des sofas pour savourer ces quelques instants hors du temps que l'on m'accordait dans ce petit paradis. J'y avais perdu la notion du temps il me semble, j'avais bien dû rester trois à quatre heures à lire. Difficile à dire, le soleil ne semblait jamais se coucher, si bien que l'on oubliait le concept même du temps au bout de quelques jours. Je pense que j'avais dû m'endormir dans le fauteuil, sous la douce clarté solaire et bercée par le clapotis de l'eau. C'est en tout cas ainsi que je trouvai le sommeil les jours suivants.

En effet, j'eu le privilège de rester autant de temps que je le voulais dans mon "monde enchanté". C'est ainsi que je le renommai après y avoir passé sûrement deux semaines. J'eu le temps d'explorer tout le château, et j'y découvris un sublime jardin intérieur, avec de la mousse sur le sol et les murs, une fontaine dorée d'où jaillissait une eau étincelante, de longues branches fleuris montant sur les murs, des oiseaux exotiques qui allaient et venaient dans ce petit coin secret, et encore une fois de moelleux fauteuils qui m'incitaient à venir passer quelques heures à me relaxer et à admirer la beauté de ce monde.

Bien sûr, d'autres pièces tout aussi divines les unes que les autres étaient à ma portée, mais la bibliothèque et le jardin restaient mes refuges préférés.

J'aurais aimé finir ma vie dans le "monde enchanté" tel qu'il était, sans changer une seule chose à cet endroit qui faisait mon bonheur.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, n'est ce pas ?

Le rêve enchanté ou l'hôpital psychiatriqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant