La sculpture [ straykids - Lee Know ]

la rentrée

C'est une magnifique matinée de printemps et la rentrée se fait sans encombre. Je retrouve, pour ma plus grande joie, mes amies, mes habitudes, ma salle d'art avec ce parfum envoûtant de terre. J'étudie dans une école d'art à Séoul. Mes meilleures amies s'appellent Tianara, qu'on appelle Nana car elle ne supporte pas son prénom, et Lia, des folles  sur les bords mais aussi à l'intérieur pour être honnête. Elles ne savent plus tenir en place depuis qu'elles ont découvert la K pop.

Tout les midis, elles m'entraînent pour danser dans la salle du gymnase. "C'est pour faire du sport et garder la ligne!"me disent-elles. En réalité, elles adorent juste remuer leur popotin sur le rythme endiablé de leur groupe préféré. Il est vrai que leur son est assez entrainant. Moi qui suis plutôt habituée au calme et à être assise pour façonner mes sculptures adorées, je trouve leurs sons un peu trop bruyant même si certains sont plutôt pas mal.

À peine arrivé, je m'accroche à Nana et claque un bisou très sonore sur sa joue. Elle me lance un regard plein de jugement ce qui fait que je lui tire la langue avec un grand sourire en retour. C'est son nouveau truc de nous jeter des regards bizarres. J'en profite pour lui claquer les fesses quand Lia débarque tout sourire en sautillant.

Nana et Lia ont recruté d'autres filles, qui ont le même engouement qu'elles pour Straykids, afin de faire un groupe de huit comme leurs petits chéris. Elles piaillent comme des pies sur leur «bias ». Je ris beaucoup car elles ont vraiment un comportement marrant et ce même si parfois elles en deviennent gênantes. Elles gigotent comme des sauterelles en plein printemps de gauche à droite et de bas en haut. Je tente désespérément de les suivre mais je n'ai pas vraiment l'instinct d'une danseuse donc je me casse souvent la figure pour leur plus grande joie.

- Bon les girls, je vais en art, je vous dis à midi à la cafétéria ! criant pour me faire entendre au milieu de toute cette cacophonie.

- N'oublie pas après, on va digérer au gymnase, me rappelle Nana toute joviale.

Je pars en secouant la tête tout sourire, elle ne me laissera en paix qu'une fois que je me retrouverais les deux jambes dans le plâtre. J'arrive dans le hangar, savoure le calme enfin revenu et prend mon attirail ainsi qu'un seau de glaise. Je m'installe à ma place attitrée près de la fenêtre.

J'aime plonger mes pensées dans l'horizon au delà des arbres. J'y trouve mon inspiration dans les nuages qui à leur manière façonnent des formes et me racontent des histoires. Il m'arrive régulièrement de m'y perdre pendant un long moment au point que mon professeur se fait un devoir de me ramener sur terre via un pulvérisateur remplit d'eau. Aujourd'hui ne fait pas exception à cette règle.

Je vois deux lapins courant après un lion, un serpent géant ouvrant sa gueule pour gober un champignon, un arbre avec ses branches se balançant vide de feuilles, un squelette qui fait la roue, une araignée entrant dans une bouche... Mes pensées deviennent de plus en plus sombres et je sens enfin l'inspiration s'inviter au creux de mes entrailles .

Machinalement, mes doigts s'enfoncent dans la douce texture de l'argile et se mettent en marche sans que je pose un regard sur ce que je suis en train d'entreprendre. J'ai parfois l'impression que mes mains sont indépendante de mon cerveau. Je fini par baisser les yeux afin de découvrir mon œuvre et réfléchir à la suite. Mon regard se fige sur l'horreur que je viens de pondre.

Cela n'a ni queue ni tête... C'est une espèce d'araignée difforme avec une queue de loup, des pattes de chien et de cochon, un museau de chien qui a un bec à la place de la truffe duquel sort deux dents prédominante comme celle d'un genre de castor,  un regard terrifiant, une oreille de belette et une autre de renard. Je viens de créer une chimère monstrueuse.