Sur cette page, ma plume parle de l'envie d'écrire, de mon besoin d'arrêter le temps sur des instants à une époque où le sablier s'écoule beaucoup trop vite.
« J'vais t'parler un petit peu de tout De ma vie quotidienne, du passé ou des trucs de fou Faut que j'délivre les chaînes J'ai l'envie d'écrire » — Keyzo
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
À cette époque un peu folle où tout le monde tourne les pages de son existence à un rythme effréné, je suis de ceux qui scrutent l'encre apposée sur le papier avec concentration. Pendant que les autres survolent les paragraphes en ignorant certains passages, je m'arrête sur chaque phrase, sur chaque mot, sur chaque lettre. Tandis qu'eux se pressent pour arriver au chapitre suivant, je me plais à revenir encore et encore sur les citations qui m'ont marquée.
Ils lisent en diagonale, alors que je parcours les lignes de gauche à droite, de peur de sauter par mégarde un caractère.
Et malgré l'attention que je porte à chaque extrait du temps qui m'est accordé, faire défiler le livre de ma vie ne me satisfait pas.
Ce n'est pas suffisant pour moi. Ça ne l'a jamais été.
Je n'ai pas assez d'un corps qui s'use en quelques vaines années.
Je crois que c'est pour ça que, sans prévenir, l'envie d'écrire a cogné à ma fenêtre il y a bientôt neuf mois. J'ai hésité à la laisser entrer, mais j'ai fini par lui ouvrir fébrilement la porte.
C'est ainsi que cette année, sous les flocons annonçant le début de l'hiver, j'ai pris la plume. Pendant la période de l'avent, j'ai laissé les mots fuser sur mon écran, mon ordinateur chauffer et mes doigts taper frénétiquement sur les touches de mon clavier. Mon premier projet, Snow Falling for December, a vu le jour.
Et l'écriture, qui n'était au départ qu'un nouveau passe-temps, est devenue beaucoup plus pour moi...
Maintenant, c'est mon moyen de vivre plus d'une vie. De changer d'apparence pour me transformer, le temps d'un roman, en une personne à qui je voudrais ressembler. D'oublier mes complexes pour jouer le rôle d'une jeune femme un peu plus sûre d'elle. De revêtir une nouvelle personnalité pour m'imaginer ce que ce serait d'être complètement différente. De visiter mille destinations, d'aimer mille amours et d'exister mille fois, simplement en rédigeant quelques scènes.
C'est un appel aux sens qui me pousse à être à l'affût de chaque paysage, de chaque goût, de chaque texture, de chaque son, de chaque odeur. Qui m'incite à capter chaque petit rien de mon environnement, au profit de ma plume et de mes mots. C'est une motivation à demeurer attentive aux gens qui m'entourent et à mes échanges avec eux. À noter comment les liens entre les individus se tissent et les amitiés se nouent, au bénéfice des dialogues que j'écris.
C'est un arrêt dans la course contre la montre de notre génération, une pause qui me permet de ralentir le rythme et de reprendre mon souffle entre deux tours de piste. De me poser ; d'oublier la précipitation qui me hâte constamment ; de noter cinq choses que je vois, quatre choses que j'entends, trois choses que je touche, deux choses que je sens et une chose que je goûte*.
C'est un manège qui me donne tout le loisir d'échapper à une routine parfois beaucoup trop terne. De fuir le cirque du quotidien, empreint d'une monotonie presque chorégraphique. De vivre des sensations fortes. D'embarquer dans une montagne russe d'émotions. De faire monter l'adrénaline d'un cran. Parce qu'il n'y a selon moi rien de pire que de ne rien ressentir. J'ai besoin d'éclat, de hauts et de bas.
C'est un art qui fait vibrer ma fibre créative. J'invente des histoires et des personnages comme je dresse un portrait ou une toile : avec une passion et un souci du détail sans limites. C'est un moyen d'expression comme la peinture, qui me permet de me confier à cœur ouvert, de décrire des sentiments et des événements vécus sous le couvert d'un pseudonyme et de situations inventées de toutes pièces. De brosser un tableau de réalité enveloppé d'une couche de fiction.
C'est une sauvegarde pour plus tard, un enregistrement qui empêchera les gens qui écrivent quelques passages de leur vie à mes côtés de s'effacer de ma mémoire avec les années.
C'est un voyage temporel qui m'autorise à vivre des moments envolés une seconde fois avant de les laisser se dissiper. À retenir les souvenirs qui commencent à s'estomper un peu plus longtemps. À retracer les contours des instants qui m'ont filé entre les doigts. C'est une occasion de revenir en arrière, non pas pour changer un passé désormais hors de ma portée, mais pour ressentir certains frissons à nouveau. De retourner le sablier qui s'écoule à une vitesse un brin vertigineuse, pour l'empêcher de se vider trop rapidement.
Et surtout, l'écriture est pour moi une envie qui s'est transformée en un besoin : celui de retranscrire à ma manière quelques sentiments, à défaut d'avoir un marque-page pour tous les retrouver dans les archives de mes réminiscences.
* Référence à la méthode 5-4-3-2-1 développée par Ellen Hendriksen, psychologue clinicienne travaillant au Centre des troubles de l'anxiété de l'université de Boston ; manière d'exprimer que l'écriture me permet d'évacuer mon anxiété lorsqu'elle prend le dessus.
