Chapitre 5 - Joyeux Hunger Games

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CHAPITRE 5

Joyeux Hunger Games

On nous réveille très tôt, Blue me regarde avec les yeux larmoyants. Je ne trouve pas les mots, ou bien ceux que je pourrais dire sonneraient comme un mensonge, alors je lae serre dans mes bras une dernière fois avant qu'on soit séparés.

-Habille toi comme tu veux, ta vraie tenue t'attends là-bas, me dit Vani.

J'enfile un simple t-shirt et jean, des baskets, et j'observe mon reflet dans le miroir. La fille dans le reflet a une peau plus douce et propre qu'elle ne l'a jamais été. Ses cheveux sont bien plus éclatants que quelques jours auparavant, renvoyant un magnifique roux fort saturé. Ses yeux bleus sont pourtant vides. C'est le jour de sa mort. N'est-ce pas ce que je voulais ?

On me fait prendre une navette, le trajet semble trop court. Un homme en blanc me prend le bras et m'injecte un mouchard, c'est ce qu'il me dit. Ça fait mal, mais je ne dis rien. Arrivés à destination, Vani ouvre la porte de ce qu'elle m'indique être la chambre de lancement. Un paquet nous attend. Vani s'empresse de l'ouvrir pendant que je me déshabille. Elle me tend les vêtements fournis. J'enfile le pantalon cargo bleu marine et le haut col roulé noir, sans manches. Quel climat fera-t-il ? Les bottes sont épaisses. Mais le haut est sans manches, bien qu'assez chaud. Vani m'approche avec un manteau en jean gris, rembourré de fourrure à l'intérieur et sur le col.

-Il risque de faire froid, elle constate.

Elle coiffe mes cheveux en simple queue de cheval et je me place docilement sur la plateforme de lancement.

-Bonne chance, Marianna.

J'hoche la tête, murmurant un remerciement. Une capsule de verre se referme autour de moi et peu de temps après, la plateforme s'élève sur l'arène. Je suis aveuglée par une lumière blanche.

-Mesdames et messieurs, que les 72e Hunger Games commencent !

Un décompte commence, et quand ma vision se rétablit, je constate que nous sommes entourés de neige. Je vois des arbres au loin. Puis je tourne la tête et aperçois les autres candidats, prêts à se bondir les uns sur les autres dès que le top retentira. Au milieu, la Corne d'Abondance comporte différentes armes. L'angoisse me submerge, avant d'être balayée par une pensée : C'est la fin. Ça sera une mort facile. Je n'ai plus besoin de prétendre. Je n'ai pas à me battre.

La Moisson est tombée sur la bonne personne. Celle qui a déjà abandonné, celle qui n'a plus rien à perdre.

Le décompte touche à sa fin et je ferme les yeux. J'ouvre les bras, j'invite la mort à m'emporter. Mais mes pensées ne me laissent pas ce répit. "Blue ! Tu dois protéger Blue !"

-Qu'est-ce tu que tu fiches !? crie une voix.

Eden.

Elle m'attrape la main.

-Cours !

Mes jambes la suivent, elle est rapide mais je tiens le rythme. Ses doigts sont enroulés autour des miens, si fort, comme si elle craignait de me perdre à la moindre secousse. Au bout de quelques minutes, on arrive dans une sorte de forêt. Eden regarde partout autour de nous, s'assurant que l'on a pas été suivies.

Je remarque qu'elle a réussi à se procurer un sac à dos et une épée ensanglantée.

Elle croise mon regard et plante l'épée dans le sol, se laissant tomber contre un arbre.

-Joyeux Hunger Games, lance-t-elle sarcastiquement.

Un rire nerveux m'échappe, et je me laisse tomber dans la neige. Des larmes coulent sur mon visage aussi. C'est trop. Trop d'un coup.

Eden prend mon visage entre ses mains et je suis immédiatement captivée par son regard.

-Ça va aller, Mari. On est ensemble. Je ne te laisserai jamais tomber.

Elle me serre contre elle, et je pleure.

Je pleure parce que j'avais abandonné. Je pleure parce que j'ai peur. Parce qu'elle est là, avec moi. Parce que je peux la toucher, la serrer dans mes bras, être à ses côtés. Je pleure parce que ce sentiment de liberté est faux, et qu'on est dans une arène, censées s'entre-tuer. Je laisse mon trop plein couler dans ses bras, jusqu'à ce qu'un sentiment de panique me revienne.

-Je dois trouver Blue, je murmure dans son épaule.

Je la sens frissonner et hocher la tête.

-On va lae trouver.

Mais en écho à notre panique, les premiers canons retentissent dans le ciel; le bain de sang doit s'être terminé.

Eden ferme les yeux et sursaute à chaque coup de canon. Je me demande combien de vies elle a dû prendre pour ce sac et cette épée.

Je compte 10 coups. C'est un sacré bain de sang, cette année. Et si Blue comptait parmi les victimes ?

Eden remarque ma panique :

-Je suis certain qu'iel est en vie. On lae trouvera.

J'acquiesce en silence, mes yeux toujours rivés sur l'épée ensanglantée.

-Le gars du 8 et le gars du 9, m'informe Eden, d'une petite voix.

Elle fixe le sol, ses yeux brillent de larmes mais elle ne laisse rien s'échapper. Je me rapproche d'elle et lui prends la main doucement.

-Tu as fait ce que tu avais à faire pour survivre, je la console.

Elle pose la tête sur mon épaule. Elle tremble, mais alors que je m'apprête à la prendre dans mes bras, elle tire le sac vers elle et regarde à l'intérieur.

-J'espère que ça en valait la peine, dit-elle avant de parcourir le sac.

Un couteau, une gourde, des bandages et un sac de couchage. Elle me tend le couteau.

-C'est mieux que rien.

Je l'accroche à ma ceinture. Elle range tout dans le sac et m'aide à me lever.

-Allons trouver Blue.

Hunger Games - Sound of HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant