Je t'aurai à nouveau dans mes bras

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Me voilà seul dans mes pensées, me voilà à me surprendre à rêver. Et toi, où es-tu ? Que penses-tu ?

Toi qui faisais de moi un homme meilleur, toi qui me rendais plus fort, toi qui étais mon tout. Sans toi, je ne suis plus. Les aliments ont perdu leur saveur, les couleurs ne sont plus aussi vives qu'avant. Le monde est devenu fade, le temps semble arrêté et je ne crois plus en rien. Tu m'as été enlevé du jour au lendemain, comment veux-tu que je te continue ? Je n'ai même pas eu le temps de me préparer. Je n'ai pas pu te dire au revoir non plus. Ton sourire, je n'ai pu le voir une dernière fois.

Seigneur pourquoi ? Pourquoi elle ? Elle était si jeune et si belle... Pourquoi n'ai-je rien vu ? Pourquoi m'a-t-elle tout caché ? Dix ans de vie commune et j'ai été aveuglé. Trop de confiance en moi, je me plaignais trop sans voir que le mal avait pénétré notre foyer.

J'ai eu si mal quand je suis rentré, te voir allongé, pensant bêtement que tu dormais.

C'est quand mes lèvres ont déposé un baiser sur ta peau glacé que j'ai compris. J'ai appelé les secours, mais il était trop tard. Tu avais refusé de te soigner pour ne pas me laisser endetter. Tu avais choisi de vivre tes six derniers mois auprès de ton époux, pour qu'il ne te voie pas amaigri par la chimio. Tu as préféré laisser ce satané cancer t'emporter. Et pourtant, maintenant que j'y repense...

Je me rappelle, il y a longtemps, avoir senti une grosseur sous ton sein. Mais comme à ton habitude, tu m'as dit : « Ne t'en fais pas, ce n'est rien !! »

Comme un con, oui, comme un putain de con, j'ai oublié. Je ne me suis pas posé plus de question, j'ai laissé couler. Comme un abruti, je n'ai pas fait le rapprochement quand je te voyais « juste » fatigué. Je n'ai rien vu ou je n'ai rien voulu voir. J'ai été égoïste et me voilà dans le noir...

Mon âme est vidée, lessivée, plus rien ne l'anime. Tu es parti loin de moi, mais tous les jours, je pense à toi. Et crois-moi ! Je ne lâcherai pas !!

Tu sais mon amour, je ne peux vivre sans toi. Non, ça m'est impossible.

Me voilà, un soir de pleine lune ou l'air est particulièrement froid. Je ne me suis pas assez habillé aujourd'hui. Le mois d'octobre a été doux, je n'ai pas fait attention, mais ce n'est pas grave. Non, ce n'est pas grave...

Heureusement pour moi, nous étions pareils toi et moi. Deux orphelins qui se sont fait tout seul, qui n'ont pas de famille proche et encore moins d'amis. Car la vie nous a appris ô combien l'Homme est mauvais. Nous nous sommes trouvés aimés et maintenant perdus. Mais moi comment je peux faire sans toi ? Tu étais ma seule flamme dans l'obscurité, ma seule lumière au bout du tunnel.

Alors, je vais te ramener, oui, je vais te ramener. Auprès de moi, auprès de nous. Reconstruire un avenir plus sûr, meilleur, je ne te lâcherai pas. Je ferai de toi ma femme jusqu'à la fin des temps, je t'en prie NE ME LAISSES PAS. NE ME LAISSE PAS.

Je t'ai récupéré, bien qu'un peu dessécher, tu es toujours aussi belle. Bien que tes yeux tombent sur ton visage, tu arrives encore à m'envoûter. Les vers creusant ta peau ne te rendent pas moins belle. Ton sourire éteint me rend encore toute chose quand je le regarde, et même si ton corps est inanimé dans mes bras, je sens quand même la chaleur de notre amour au bout de tes lèvres gelées. Relève-toi, allez vient. Vent avec moi !
Tant pis, je te porte sur le dos, toi et ta belle robe blanche qui traîne au sol. Je te ramène à la maison.

J'ai réussi à te faire revenir dans notre vieux canapé qui a un peu trop vécu à mon goût. Et maintenant que tu es à nouveau auprès de moi, je vais te ramener.
Tout le temps où tu dormais dans ta jolie boite en bois. J'ai cherché encore et encore et j'ai fini par trouver comment te ramener. Un vieux rituel ancien existe, j'en ai essayé plein avant celui-ci et c'est mon dernier espoir. J'ai tenté de prier Dieu, je l'ai supplié de te ramener. J'ai procédé à des dizaines de rituels et aucun n'a fonctionné. Celui-ci est mon dernier espoir, je veux y croire !

Alors étape 1 : récupérer le défunt ou la défunte et la positionner à l'endroit exact où la personne est décédée.

Étape 2 : fermer tous les stores et éteindre toutes les lumières puis allumer une seule bougie parfumée à la myrtille.

Étape 3 : placer un bouquet de jonquille dans la main droite du défunt.

Étape 4 : répéter distinctement cette phrase, entraînez-vous si vous avez peur de ne pas réussir :

NONUO TNAULCNOC TSE REHCRAM EL IS ETROPMI UEP NIF AL AUQSUJ TE SIAMROSDENEITRAPPA T EJ XUEV UT EUQ EC ED EGNAHCE NE EMA NOM ERFFO T EJ

Étape 5 : attendez cinq minutes, assis en tailleur juste en face du défunt,veuillez à bien le regarder dans les yeux, c'est important.

Étape 6 : ...

Un écran de fumée apparaît soudainement devant moi, j'ai du mal à ouvrir les yeux et à respirer normalement. Une drôle de silhouette se tient en face de moi. C'est un homme assez grand, plutôt musclé et bien m'apprêter. Il tient une cane dans sa main droite et me salue avec son chapeau haut forme de sa main gauche. Sa révérence est étrange, je ne m'attendais pas à cela.

« Bonjour Monsieur, j'ai tout fait comme il faut, maintenant s'il vous plait, ramenez-la-moi ! Je vous en supplie. »

Il ne me répond pas, ne me regarde même pas. En fait, il se contente de remettre son stupide chapeau sur la tête et avec une démarche très particulière, s'approche de ma femme. Il soulève son visage, la regarde et avec mépris rétorque : « Sale état votre femme ! » Et s'esclaffe de rire.
Une haine irrépressible s'empare de moi, je sers le poing si fort que mes ongles viennent traverser ma peau. Mais je ne dis rien, il faut peut-être en passer par là pour obtenir ce pourquoi on l'a fait venir.

Il s'approche de moi et déclare :

« C'est bien la première fois qu'un idiot utilise ce rituel. Je l'avais créé pour rigoler autour d'un feu avec des amies à moi. Tous avaient parié qu'aucun imbécile ne l'utiliserait un jour. C'est vrai quoi, les humains, vous adorez ressusciter les morts. Mais de là, à suivre ce rituel débile. »

Il marque une pause et rigole à nouveau, clairement, il se fout de moi. Je me sens impuissant et stupide devant cette créature que je ne peux affronter. Alors dans un élan de colère, je lui fonce dessus avec mon poing allant droit sur son foutu sourire. Mais comme prévu, il l'évite en disparaissant. Il s'amuse à faire cela pendant quelques minutes jusqu'à ce que je sois épuisé.
Puis, il me regarde avec mépris et m'explique que ma chère femme va rester là dans notre appartement, que moi, je vais le suivre bien gentiment et devenir son vulgaire bouffon. Enfin le suivre, c'est mon âme qui va partir avec lui. Mon corps va être retrouvé par les voisins, étendus à côté de celui de ma femme. Et voilà comment, même dans les journaux, on me nomme « le marié désespéré, déterrer sa femme et se suicide à côté d'elle »

ALORS QUE MOI, JE VOULAIS JUSTE TE RAMENER!!!





Je t'aurai à nouveau dans mes brasWhere stories live. Discover now