LES AMANTS DE SAÏGON 🈴

Chapitre 5 / de GUERNESEY à SAÏGON

Il est 20h et mon interphone carillonne les notes d'un Big Ben un peu essoufflé lorsque je me précipite à la porte me prenant au passage les pieds dans le tapis de l'entrée !

Mais pourquoi aujourd'hui serait différent des autres jours ? J'ai toujours été extrêmement maladroite aussi bien dans les petites choses du quotidien que dans mes relations.

Je suis une de ces filles trop spontanée que vous croisez si souvent et sur laquelle vous ne vous attardez pas . Celle qui se laisse emporter par ses sentiments et fait toujours des gaffes...

Sans le moindre dégât je me relève aussi vite qu'un chat apeuré et me saisis du combiné de l'interphone.

La voix de Medhi me hurle des onomatopées presque incompréhensibles.

Medhi - Mais qu'est-ce tu fabriques ? Magnes toi d'ouvrir, il pleut des cordes en bas.

Après mûre réflexion et je l'avoue une petite hésitation, je me décide d'ouvrir la porte encodée au mec dégoulinant que j'adore le plus au monde et qui attend en bas. Je souris avec ironie, imaginant assez bien la tête qu'il doit faire sous sa tignasse ruisselante.

Medhi se défoule sur ma porte d'entrée et je me vois dans l'obligation de lui ouvrir avant que mes voisins appellent les flics pour tapage nocturne. Effectivement sa tignasse ressemble à une serpillère à essorer et son blouson de motard est complètement trempé.

Je file à la salle de bain et reviens vers lui une serviette à la main. Il me balance le carton détrempé de pizza, dépose la bouteille de vin rouge sur la table et s'enroule les cheveux du tissus éponge après s'être essuyer le visage.

Enfin sec, il enlace ses bras autour de moi et me fait un énorme câlin. Mon frère n'est pas du genre rancunier et avec moi il est toujours dans de l'affectif très démonstratif.

La pizza réchauffée et un verre à la main, nous trinquons à notre soirée. Vautrés dans mon canapé en mode flemmards nous commençons à nous raconter nos petits secrets ainsi que nos folles nuits de fiestas. Enfin pour lui !

Medhi me raconte toujours tout et ce depuis qu'on est enfant. Bientôt les rires illuminent nos visages et le fond sonore de mon salon s'amplifie. Apparemment ils ont vraiment fait les dingues à l'anniversaire d'Evie et surtout vidé pas mal de bouteilles.

Je ne sais pas si ils ont partagé les frais, mais l'addition a dû être salée.

L'Underground est un lieu sympa réservé aux fêtards un peu chère à mon goût, mais l'important c'est qu'Evie se soit bien amusée... Elle a été comblée de cadeaux et se souviendra sans aucun doute de ses 25 ans, comme l'une de ses meilleurs soirées d'anniversaire.

Medhi m'a malgré tout confié que son cadeau n'avait pas eut le succès escompté mais qu'elle lui avait promis de lire cette trilogie fantastique un de ces quatre. Ne t'en fait pas Moebius, même si Elie n'est pas pressée de découvrir ton univers, j'en connais un qui se fera un plaisir de s'aventurer dans les bulles du royaume d'Edena.

Sur ma Tv Sony, Claire et Jamie de la saison sept de Outlander nous tiennent compagnie et petit à petit la fatigue prend le dessus sur la bataille de Saratoga. Mes yeux s'égarent nonchalamment sur la boîte de pizza abandonnée sur le coin de la table basse lorsqu'une main dans sa précipitation me ramène à la vie en s'emparant de la part restante.

Lucile - t'as encore faim ? Tu veux que je te prépare des ramens ?

Medhi - Oh ! Oui... Saveur curry s'il te plaît.

L'eau de la casserole entre en ébullition alors que je plonge les nouilles coréennes dont le parfum saveur curry titille délicieusement les papilles mon frère qui a encore et toujours faim ! Les odeurs, la forme ondulée de ces nouilles et les baguettes avec lesquelles je les remue, m'entraînent dans un tourbillon de pensées.