LES AMANTS DE SAÏGON 🈴

Chapitre 24 / UNE ÉVIDENCE

Quatre murs blanc, le bruit discret du purificateur d'air et le goutte à goutte de la perfusion plantée dans une veine apparente de son avant bras, Sadeck est encore endormi lorsque le jour se lève sur cette journée d'hiver. Il ressent une douce chaleur cantonnée au creux de sa main et lorsqu'il ouvre enfin les yeux, l'image qui s'offre à lui le rend heureux.

Des mèches de cheveux en bataille, une peau translucide et les paupières ombrées d'un marron aux nuances doré, Lucile qui a passé la nuit à son chevet, s'est endormie tout contre lui et Sadeck jubile de leurs chaleurs réunies.

S'il n'était pas dans cette chambre d'hôpital, il la prendrait dans ses bras, l'embrasserait, dépasserait ses souffrances et oserait enfin lui faire l'amour. Jusqu'à présent il ne s'est rien passé entre eux et pourtant à cet instant précis, il ne sait pas pourquoi ? Mais cette pensée s'empare de son esprit et il se sent perdu.
Que ressent il pour Lucile ? Quels sont réellement la nature de ses sentiments ?
Pourra-t-il oublier les mains de Kuang harceler avec violence son corps et oublier une fois pour toute cette interdite union de l'horreur ?

Il voudrait tant retrouver en Lucile la beauté des gestes de l'amour...

Il rêve de jouer à des jeux amoureux, être tout simplement son amant, comme son ancêtre fut un jour celui de Duras !
Dans la chaleur d'un après midi, au cœur de Cholôn ou en plein hiver sur les sofas d'une boutique où des livres prennent la poussière du temps et nous racontent de passionnelles histoires d'amour.

Il caresserait sa peau laiteuse sous la pulpe de ses doigts, la ferait frissonner par l'humidité de sa bouche, se délectant de l'entièreté de son corps et l'inviterait au septième ciel dans l'abandon de son âme avec la même douceur que le frôlement des ailes d'un ange.

Mais Lucile ouvre les yeux et son rêve érotique s'effondre lorsque la porte de la chambre s'ouvre sur trois jeunes gens qui ne sont autres que Medhi, Thīanne et Evie qui viennent s'enquérir de ses nouvelles.

Il se sent beaucoup mieux, son moment de panique s'est dissipé et cette rapide prise en charge au sein de ce centre hospitalier, lui a apporté un réel soutien. Les prises de sang ainsi que le scanner, n'ont rien décelé d'anormal et le toubib en charge de son dossier, lui a confirmé qu'il s'agissait certainement d'une grosse crise de panique due à l'accumulation de choses si difficiles à gérer que son corps pour se préserver s'est mis en mode off.

Il doit sortir dans l'après midi et le personnel soignant lui a conseillé de se reposer, voire même de prendre quelques jours de vacances.

Soudain Medhi s'exclame et s'adressant à sa sœur, lui propose alors un truc génial !

@Medhi
Pourquoi vous n'iriez pas passer une semaine sur la péniche de grand-maman, sur les bords de la Marne ?
Le cadre y est vraiment idéal et cela vous ferait le plus grand bien à tous les deux.

Sadeck regarde Lucile avec étonnement et s'assoit sur le bord de son lit. Il semble très enthousiaste de quitter enfin cet hôpital un peu trop aseptisé pour lui.

@ Sadeck
Bon ! Quand est-ce qu'on part ? Je suis prêt.

Lucile tente de reprendre la conversation et s'apprête à prononcer le genre de phrase qui pourrait paraître anodine et charmante si ils étaient en couple !

« Mais quand tu veux mon amour ! »

Mais ils ne sont pas en couple et il est sans doute encore bien trop tôt pour s'épancher en sentiments et vu les circonstances cela serait même quelque peu déplacé !